Alors que de son côté, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande de limiter sa consommation de sucres à une quantité de 50g au maximum pour 2000 kcal ingérées en une journée, la population suisse en consommerait environ le double (100g de sucres ajoutés par jour), selon l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (SAV).
Interrogé sur les dangers des excès de sucre, le docteur Karim Gariani, médecin responsable de l’Unité de diabétologie des Hôpitaux Universitaires Genevois (HUG) tient à faire quelques rappels concrets sur le sujet: «Avant tout, il faut distinguer les différents types de sucres. Tous ne sont pas à diaboliser. Les sucres complexes (que l’on appelait avant «sucres lents»), ou les aliments qui contiennent naturellement du sucre, tels que les produits laitiers ou les fruits par exemple, apportent des vitamines, des fibres, des minéraux indispensables à notre quotidien.»
Le spécialiste précise: «Il convient cependant d’en réguler la consommation — et ce même sans maladie connue — dans un objectif préventif indispensable pour éviter de développer des maladies cardiovasculaires et métaboliques telles que le diabète, le surpoids et l'obésité. Cette prévention est à mon sens un problème de santé publique qu’il ne faut surtout pas sous-estimer.»
Réduire le sucre sans réduire le plaisir
Le médecin tient aussi à souligner un autre point essentiel: «L’alimentation est l’un des plaisirs de la vie, il ne faut surtout pas le supprimer, mais trouver un équilibre. Toutes les notions de régulation alimentaire, pour des raisons médicales ou cosmétiques, doivent adopter une approche pluridisciplinaire, progressive et modérée, en agissant sur plusieurs tableaux: l’alimentation (avec la régulation de la consommation de sucre, mais aussi du gras), le comportement alimentaire, en modifiant durablement ses habitudes, l'activité physique et parfois même le fait d'opter pour les traitements médicaux, voire chirurgicaux nécessaires. C’est un tout.»
Le Dr. Gariani nous donne trois habitudes à adopter pour réduire les excès de sucre au quotidien:
Réduire la consommation d'aliments transformés
De nombreux aliments dits transformés ou même ultra-transformés sont à éviter, notamment en raison d’un contenu élevé en sucre. Parmi ceux-ci figurent les pâtisseries, les biscuits, les céréales industrielles du petit déjeuner ou les bonbons. Notre expert conseille ainsi de privilégier les fruits (environ 2 par jour), sans tomber pour autant dans l'excès. En effet, l’adage «5 fruits et légumes par jour», n’est valable qu’avec une consommation jointe de fruits et de légumes, avec une très nette préférence pour les légumes, car les fruits contiennent beaucoup de sucre.
Boire moins de sodas sucrés
Si certains sodas dits «light» peuvent constituer une étape dans la suppression progressive des sodas sucrés, le médecin rappelle que la reproduction du goût sucré par l'aspartame ou la stevia crée le même effet «plaisir» que le sucre du côté de nos neurotransmetteurs, en provoquant des pics de dopamine. Ainsi, même sans incidence glycémique réelle, cette sensation de plaisir et de satisfaction tend à favoriser et cultiver la recherche du sucre. Le mieux reste donc toujours de privilégier la consommation d'eau, ou de thé et de café sans sucre.
Éviter les plats déjà cuisinés
Les plats préparés sont majoritairement plus sucrés qu’un repas fait maison, dans la mesure où ils contiennent souvent des sucres permettant la conservation et agissant comme exhausteurs de goût. Et c’est toujours la même chose: ce goût sucré qui provoque du plaisir entraîne à y revenir. Cependant, même si c’est toujours mieux, le côté artisanal ou fait maison ne garantit pas des aliments pauvres en sucre ou gras. Quand on cuisine, il est aussi important d’être vigilant sur les aliments choisis et de privilégier des sucres complexes (farines complètes par exemple).
Enfin, le Dr. Gariani insiste sur l’aspect individuel et la nécessité d'être conseillé par des professionnels de la santé sur les problématiques médicales de contrôle alimentaires et/ou de perte de poids: «Il n’y a pas de solutions généralisées et cela dépend aussi toujours d'où vous partez», conclut-il.