Bien connue dans les grandes villes, notamment en Chine, la pollution de l'air est un problème de société important. Mais ce dont beaucoup de gens ne se doutent pas, c'est que l'air intérieur peut être plus pollué que l'air extérieur. En milieu urbain notamment, les gaz d'échappement et les poussières fines pénètrent dans les foyers via la ventilation. Ils se mélangent alors à d'autres substances nocives, notamment celles produites lors de la cuisson.
La cuisson provoque en effet une mauvaise qualité de l'air, ce qui peut avoir un impact négatif sur notre bien-être et notre santé. Une étude de l'Université du Colorado montre l'impact des tâches ménagères sur la qualité de l'air. Les scientifiques ont constaté que l'atmosphère ambiante en intérieur après les tâches ménagères quotidiennes, et notamment la cuisine, est à peu près aussi polluée que celle d'une grande ville.
Le pire: la cuisine au gaz
La cuisson libère des particules fines qui se répandent dans toute la maison et polluent l'air ambiant. La cuisson par casserole et la friture, en particulier, sont concernées. De même, les plats de viande produisent une chimie de l'air différente de celle des plats végétariens. La cuisine à l'huile d'olive est également particulièrement nocive et libère une plus forte concentration de particules. Même le simple fait de faire bouillir de l'eau aurait un effet néfaste sur l'air intérieur, selon les chercheurs.
Selon l'enquête, la cuisson peut libérer dans l'air de minuscules substances nocives. Il peut s'agir par exemple d'écoulements de graisse provenant d'une poêle à frire ou de monoxyde de carbone produit par une cuisinière à gaz. la cuisson prolongée à haute température, la friture sans hotte aspirante ou les cuisinières à gaz peuvent en aggraver l'effet. Mais c'est surtout dans les pays en développement que les ménages cuisinent dans des conditions nocives.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Agence américaine de protection de l'environnement attirent l'attention sur ce problème. L'OMS écrit qu'environ trois milliards de personnes cuisinent encore avec des combustibles solides, comme le bois et le charbon, et du kérosène sur des fourneaux ouverts ou des cuisinières en mauvais état. La plupart de ces ménages sont pauvres et vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. De plus, environ quatre millions de personnes meurent prématurément chaque année en raison de maladies causées par un l'air pollué provoqué par une cuisson nocive. Ces maladies impliquent des pneumonies, des accidents vasculaires cérébraux, des maladies cardiaques et le cancer du poumon.
Les pays en développement sont durement touchés
Jing Wang, professeur à l'Institut d'ingénierie environnementale de l'EPFZ, est également conscient de l'impact négatif de la cuisson sur l'air intérieur, mais ne voit pas de problème majeur en Suisse. Il explique à Blick: «Les émissions causées par la cuisson sont certainement responsables de la pollution atmosphérique nocive, y compris les particules fines. Mais ici, la cuisson n'est pas un problème aussi important que, par exemple, le fait de brûler du bois ou des déchets de bois pour se chauffer en hiver.»
Pour Wang, le problème se situe principalement dans les pays en développement qui utilisent encore des combustibles solides pour cuisiner. «Des cuisinières modernes et des ustensiles de cuisine en bon état sont efficaces pour prévenir la pollution de l'air.» Dans les pays occidentaux, M. Wang estime que les émissions dues à la cuisson des aliments ne devraient généralement pas constituer de problème majeur.
La friture en cause
Des cuisinières à gaz sont pourtant encore utilisées en Suisse. Les particules fines et la pollution atmosphérique y sont plus fréquentes. «Il est donc important de savoir quelles sont les sources de pollution à la maison et comment nous pouvons en réduire les impacts, notamment en hiver, lorsque les gens restent beaucoup à l'intérieur», explique Mark Heard, ingénieur chez Dyson. Les appareils de cuisine, les méthodes de cuisson et le type d'aliments utilisés peuvent tous avoir des retombées sur la qualité de l'air, indique l'ingénieur.
Une étude réalisée à Sydney sur la qualité de l'air a révélé que l'exposition aux concentrations de dioxyde d'azote et de certaines particules fines (PM2,5) augmente lorsque les aliments sont grillés. Ce qui pourrait être amélioré par de simples modifications: la cuisson à l'eau ou la réduction de certains modes de cuisson riches en polluants.