Cela commence avec des picotements dans la gorge, puis aux yeux, bientôt des éternuements incontrôlables et, parfois, tout cela à la fois. Pas de doute, la saison des allergies a déjà commencé. Selon le Centre d’allergie Suisse, les niveaux de pollinisation sont déjà moyens à élevés sur certaines plantes, notamment le frêne, tandis que le bouleau pointe le bout de son nez.
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Et si vous avez l’impression que cela commence de plus en plus tôt chaque année, sachez que ce n’est pas qu’une impression. Même chose d’ailleurs avec le sentiment que de plus en plus de personnes sont concernées. Là aussi, vous ne rêvez pas: selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), près d’un tiers des adultes sont touchés dans le monde et cela devrait atteindre la moitié d’ici à 2050.
Le réchauffement climatique dérègle les plantes
Pour expliquer cette tendance, il faut d’abord comprendre à quoi sont liées ces rhinites ou conjonctivites allergiques, parfois même cet asthme, qui empoisonnent la vie de tant de gens avant même la fin de l’hiver. Le pollen permet aux végétaux de se reproduire. Il est libéré par les fleurs mâles et emporté par le vent ou des insectes vers le pistil des fleurs femelles.
Mais cette parade romantique pour les plantes, qui se déclenche dès que les températures augmentent, l’est nettement moins pour l’Homme puisque ce pollen déclenche donc des allergies. Les gens y sont plus ou moins sensibles selon leur genre (les femmes sont plus touchées que les hommes) et le type de pollen.
Si les allergies se déclenchent de plus en plus tôt, c’est parce que le moment de la pollinisation est aussi plus précoce, en raison de températures trop clémentes. Autrement dit, le réchauffement climatique dérègle l’agenda des plantes, qui s’y prennent de plus en plus tôt, trompées cette année par exemple par un mois de février très doux. Mais ce n’est pas le seul élément d’explication.
Trop de CO2 dans l’air
Le réchauffement climatique est provoqué par l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Ce même CO2 est absorbé par les plantes qui s’en «nourrissent» lors de la photosynthèse. Plus il y a de CO2, plus les plantes sont donc bien nourries et… plus, elles libèrent de pollen. Si on prend l’exemple de l’ambroisie, une plante particulièrement allergène, une étude menée en 2000 a montré qu’elle dégageait 132% de pollen en plus par rapport au XIXe siècle. Même chose du côté du chêne: une étude coréenne de 2018 a montré que la production de pollen est indexée sur le niveau de CO2.
Et cela risque de ne pas s’arranger! Des projections ont été faites en 2022 dans la revue «Nature». D’ici à la fin du siècle, la quantité d’émission de pollen pourrait augmenter jusqu’à 40%, principalement en raison de l’augmentation de quantité de CO2.
Une pollution qui n’aide pas
Cerise sur le gâteau, le dérèglement climatique modifie les zones de présence des plantes. Pour reprendre l’exemple de l’ambroisie, cette mauvaise herbe qui ne manquera pas de vous faire éternuer, elle était auparavant peu présente en Suisse. Mais cela a changé. «Depuis quelques années, le nombre des régions colonisées par l’ambroisie augmente», note le site Pollen Und Allergie. «Dans le canton de Genève et dans la partie occidentale du canton de Vaud, l’ambroisie a pu s’installer non seulement sur plusieurs terrains agricoles, mais aussi dans des gravières et des compostières. Au Tessin, elle est présente surtout le long des voies de communication.»
Et ce n’est pas terminé. La pollution aussi joue un rôle prépondérant. D’abord parce qu’elle fragilise nos muqueuses, nous rendant plus sensibles au pollen et renforçant les symptômes allergiques. Ensuite parce que les grains de pollen, qui renferment les protéines allergisantes, sont protégés par une paroi. Or, cette paroi est endommagée par la pollution. Abîmés, les grains de pollen atteignent plus facilement les organismes, par exemple les voies respiratoires. C’est pour cela que, contrairement à ce qu’on pourrait penser, il y a énormément de symptômes allergiques en zones urbaines, parfois plus qu’à la campagne.
Pour survivre à la période des allergies à court terme, il y a quelques astuces à suivre, que l’on vous détaille ici. Mais éviter de contribuer au dérèglement climatique et à la pollution de l’air est aussi une piste à envisager.