Il est Genevois, a 28 ans et il a une passion: les livres. De cette passion, Martin Boujol en a fait un métier. Aujourd’hui, son compte La Nuit sera mots réunit plus de 250’000 abonnés sur Instagram faisant du jeune homme à la tignasse noire l’influenceur littéraire le plus suivi du monde francophone. Sur les réseaux sociaux, il parle avec entrain de ses coups de cœur, qu’ils soient classiques ou contemporains. Et parce qu’il est sympa, Martin a concocté pour Blick une liste de bouquins à prendre dans ses valises.
La Fortune de Catherine Safonoff
C’est Annie Ernaux, en mieux! À 80 ans, l’autrice est mise à la porte. La maison dans laquelle son ancien mari la laissait vivre est vendue. Une autofiction dans laquelle Catherine Safonoff raconte comment elle se retrouve à la rue, dépendante de ses enfants. Pas du tout la douce retraite qu’elle avait imaginée… Ce récit est aussi une réflexion sur son mariage passé, avec un mari qui était assez abusif, qui ne comprenait son besoin d’avoir un univers à elle, qu’elle écrive, qu’elle réfléchisse. J’ai beaucoup aimé cette histoire si personnelle.
Développement personnel d’Olivier Bourdeaut
Clairement un livre qui m’a fait rire. Ce qui est assez rare en littérature! Le narrateur, un peu l’alter ego d’Olivier Boudeaut, raconte comment il galère dans ses études, dans ses petits jobs. C'est un raté. Il dit à tout le monde qu’il est écrivain alors qu’il n’écrit pas une ligne, prenant par exemple cinq jours pour placer «idéalement» son bureau dans la pièce. Jusqu’à ce que son frère ne le mette au pied du mur et qu'il s'attelle enfin à la tâche. Bref, c’est un gros flemmard qui procrastine à fond. C’est très drôle avec beaucoup d’autodérision.
Le colonel Chabert d’Honoré de Balzac
On pense souvent à tort que Balzac, c’est long et c’est difficile, mais ce classique est assez court et assez cool. Alors qu’on le pensait mort à la guerre, ce colonel de l’armée napoléonienne revient sur ses terres. Sauf que dix ans ont passé. Napoléon est tombé, et la femme de Chabert s’est entre-temps remariée après avoir hérité de sa fortune. Ce pauvre diable est parti faire la guerre, il s'est sacrifié pour son pays et quand il revient, il n’a plus rien. Ni argent, ni statut. Une histoire assez tragique et injuste, mais je ne veux pas spoiler davantage.
Mémoire d’Hadrien de Marguerite Yourcenar
Un livre incroyable, très bien écrit et plein de sagesse. L’empereur romain Hadrien, connu pour son humanisme et sa volonté de pacifier l’histoire tumultueuse de l’empire — adresse, peu de temps avant sa mort — une longue lettre à son fils Marc-Aurèle. En imaginant les mémoires de cet empereur à partir de sources qu’elle a recueillies, Marguerite Yourcenar livre des réflexions sur l’homme, la nature, la condition humaine et sur l’origine somme toute assez aléatoire du pouvoir.
Le Pont sur la Drina d’Ivo Andrić
Au fil des pages, on se rend compte que le personnage principal n’est pas un être humain, mais un pont. Ça paraît étrange comme concept, mais cela permet de retracer 400 ans d’histoire à travers les guerres, les empires, mais aussi les petites histoires des familles qui partent et reviennent sur ces terres aux confins de la Bosnie, du Sandjak et de la Serbie. C’est assez long, mais je le recommande vivement. Ce livre n’est pas assez connu, pourtant son auteur a reçu le prix Nobel de littérature en 1961.
Confiteor de Jaume Cabré
Avant qu’il ne perde la mémoire, le narrateur va raconter son histoire et celle de sa famille à travers… un violon. De bûche de bois, il va se transformer grâce au luthier Stradivarius, qui en fera un violon de fou! Puis, il se retrouvera dans les mains d’un juif qui sera déporté dans un camp de concentration, pour atterrir dans celles d’un nazi. La ligne narratrice est complexe, mais géniale. Une lecture à vous clouer au sol.