Destruction et frustration
Les vignerons français en ont ras-le-bol

Les viticulteurs français veulent attirer l’attention par des mouvements de grève et de protestation. Ils luttent contre l’envahissement du marché européen par les vins espagnols et sud-américains.
Publié: 08:40 heures
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Des Français en colère bloquent une autoroute et détruisent du cava espagnol.
Photo: AFP
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Nicolas Greinacher

La colère gronde au pays du vin. Régulièrement, des viticulteurs français en colère causent des perturbations à la frontière avec l’Espagne. Comme le rapportait «Wine Spectator» en octobre 2023, des autoroutes ont été bloquées et des camions, arrêtés. Deux camions-citernes de vin rouge ont été vidés sur la route, un camion rempli de bouteilles de cava a été forcé et les caisses ont été brisées.

Les manifestants déplorent l’importation massive de vin espagnol alors qu’ils sont confrontés à de mauvaises récoltes, à la hausse des coûts et à la baisse des prix. Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l’Aude, a parlé d’un cocktail explosif de pression économique et de concurrence de vins espagnols moins chers.

Les protestataires ne décolèrent pas

Un an plus tard, les manifestants étaient de nouveau dans la rue avec des mouvements de protestation massifs en novembre 2024. Cette fois, la colère était dirigée contre l’accord de libre-échange UE-Mercosur. Bien que l’accord entre l’Union européenne et les pays d’Amérique du Sud ne soit pas encore entré en vigueur, les négociateurs se sont mis d’accord sur une solution politique début décembre 2024.

Selon France 24, les protestataires redoutent qu’après cet accord, le marché européen soit envahi par des produits sud-américains à bas prix. Environ 900 agriculteurs et vignerons sont descendus dans la rue dans tout le pays, faisant même brûler des pieds de vigne à Bordeaux. Des camions transportant des produits agricoles ont également été arrêtés et les manifestants menaçaient de bloquer les dépôts de carburant et les centres commerciaux.

Un sentiment d’abandon

Nombreux sont les viticulteurs confrontés à de faibles revenus, aux lourdeurs de la bureaucratie et aux mauvaises récoltes, tandis que les aides publiques promises tardent à venir. Le président Emmanuel Macron a eu beau souligner l’opposition de la France à l’accord du Mercosur, l’insatisfaction ne faiblit pas. Au fil du temps, le secteur français du vin se sent de plus en plus abandonné par la politique. 

Au-delà de la pression économique, les mouvements de protestation reflètent un bouleversement structurel: la consommation des vins français recule, notamment dans le segment d’entrée de gamme, tandis que les vins d’Espagne et d’Amérique du Sud grignotent des parts de marché avec des prix plus bas.

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