Les bubble tea sont-ils trop bons pour être sains? Ces thés aux multiples parfums, servis chauds ou froids et goulument aspirés à la paille géante jusqu'à arriver aux billes de tapioca tombées au fond du gobelet, se donnent l'air de boissons saines: du thé, du sucre, du tapioca…quoi de plus naturel? Sauf que la composition est bien moins reluisante qu'elle n'y paraît, révèle une enquête de la Fédération romande des consommateurs (FRC).
L'association a fait analyser en laboratoire la composition de dix bubble teas brown sugar (à la cassonade), achetés dans toute la Suisse romande. En principe, la boisson doit contenir de la théine du thé, du sucre ajouté (saccharose) ainsi que le sucre du lait (lactose). Première surprise: un des bubble tea achetés à Genève ne contenait même pas de théine, ce qui suggère qu'il n'y avait pas de thé rentrant dans sa composition. Un autre en contenait au contraire des quantités ridiculement élevées (voir plus bas). Un troisième ne contenait pas de lactose, suggérant qu'il n'a pas été préparé avec du lait, mais avec un mélange inconnu ou bien avec un lait végétal, sans que les clients en soient informés.
Deux additifs controversés, mais en faibles doses
Les choses se corsent avec l'analyse des colorants et autres additifs. Sur les 16 molécules recherchées par le laboratoire mandaté par la FRC, deux ont été trouvées, l’acide benzoïque E210, utilisé comme conservateur des billes de tapioca, et l’acide azoïque E110, un colorant jaune.
Ces deux substances sont controversées. Le E210 «est réputé occasionner des réactions allergiques, respiratoires et cutanées, de l’asthme, de l’eczéma. Il est par ailleurs soupçonné de perturber la croissance et de favoriser l’hyperactivité. Il peut également réagir avec d’autres substances présentes dans les denrées, comme la vitamine C, et former un cocktail à l’origine de troubles neurologiques», rappelle le rapport de la FRC. Quatre bubble tea analyés en contenaient, mais à de faibles concentrations, «à hauteur d’un dixième de la dose journalière autorisée dans le pire des cas». Mais ces breuvages étant particulièrement appréciés par les jeunes, ils ne devraient pas être «une source d’exposition à cet ingrédient indésirable», plaide l'association.
Quant à l’acide azoïque E110, un colorant jaune, il est suspecté d'entraver la croissance et de potentiellement provoquer de l’hyperactivité chez les enfants. «Il n’a pas davantage sa place dans ces préparations, alors qu’il a été trouvé dans l’une d’entre elles», souligne la FRC. Même si les concentrations étaient jugées légalement conformes, plusieurs boissons ne contenaient aucun de ces deux additifs préoccupants, preuve qu'il est possible de s'en passer.
Le double de sucre d'un Coca
La FRC a par la suite observé d'autres problèmes. Les bubble tea embarquent souvent des quantités astronomiques de sucre: jusqu'à deux fois plus que dans un Coca! Alors que l'Organisation mondiale de la santé recommande de ne pas dépasser 25 grammes de sucre ajouté par jour, certains bubble tea en contiennent jusqu'à 90 grammes pour un gobelet d'un demi-litre, relève «24 Heures». Même chose pour la théine, molécule excitante parfois présente en quantité équivalent à deux canettes de Red Bull, une boisson pourtant déjà fort énergisante.
Enfin, la FRC épingle les quantités imposées: souvent vendus par demi-litre, les bubble tea sont d'autant plus chargés en sucres, en théine, et en additifs. L'enquête pourrait faire prendre conscience de l'enjeu à mettre au point de meilleures recettes. Pour une boisson vendue 15 francs le litre, ce serait la moindre des choses.