Qui dit temps froid, dit boisson chaude. Et quel meilleur breuvage en ces grises journées qu’un bon chocolat chaud? Hop, un peu de Caotina dans du lait réchauffé aux micro-ondes et le tour est joué. Vraiment? Trop sucré, pas assez chocolaté, c’est la garantie d’un arrière-goût d’insatisfaction! Je vais vous donner quelques astuces pour vous éviter les erreurs les plus communes et vous permettre de devenir ceinture noire de chocolat chaud.
Ceinture jaune: l’histoire
Le chocolat chaud mérite toute votre attention, car c’est historiquement un produit de luxe. Pour le comprendre, petit retour dans le passé. Le chocolat chaud n’a pas toujours été préparé avec du lait, et il n’était pas forcément… chaud.
Ses origines remonteraient au plus tard à 500 av. J.-C. en Mésoamérique (une zone culturelle qui s’étendait du Mexique au Costa Rica). Les Aztèques et les Mayas, notamment, consommaient une boisson à base de fèves de cacao concassées et d’eau appelée xocōlātl (on n’est pas très loin de l’actuel «chocolat»). Les populations autochtones y ajoutaient souvent du piment, de la farine de maïs, de la vanille, du miel ou/et de l’achiote (un colorant végétal rouge). Les fèves de cacao étaient très prisées et servaient de monnaies. Si bien que la boisson était bue par l’élite et les militaires, et parfois par le reste de la population lors d’occasions spéciales.
Les populations de la région prêtaient au xocōlātl des propriétés revigorantes et aphrodisiaques. Le conquistador Hernan Cortes – probablement le premier Européen à y goûter au début du XVIe siècle – prétend dans un courrier qu’«une tasse de ce précieux breuvage permet à un homme de marcher pendant un jour entier sans nourriture». On aimerait y croire. Plusieurs sources attribuent au chef d’expédition l’introduction des fèves de cacao à la cour espagnole.
Avec l’ajout du sucre, la boisson chocolatée remporte beaucoup de succès et est progressivement adoptée par les élites européennes. Des établissements spécialisés voient le jour. Mais il faut encore attendre le XVIIIe siècle pour l’arrivée du dernier ingrédient que l’on associe avec le chocolat chaud: le lait. Ce sont vraisemblablement les Britanniques qui l’ont ajouté pour adoucir l’amertume du cacao. En Europe aussi, le chocolat chaud reste un breuvage réservé aux plus fortunés jusqu’au milieu du XIXe siècle, lorsque le prix des matières premières chuta.
Depuis, chaque pays s’est approprié cette boisson. On trouve aujourd’hui de nombreuses variantes culturelles autour du globe. La version traditionnelle mexicaine, le champurrado, est très proche de la boisson préparée par les Aztèques et les Mayas. Souvent faite à l’eau – ou avec un peu de lait, des épices lui sont ajoutées. Du côté de l’Espagne et de l’Italie, on l’aime très épais pour pouvoir y plonger des churros notamment. Celles et ceux qui le concoctent l’améliorent donc avec de la maïzena ou de la fécule de pomme de terre. A Vienne, on aime garnir son chocolat chaud avec de la crème fouettée. Parfois, il est même - encore - épaissi avec un jaune d’œuf…
Maintenant que vous savez tout sur l’histoire du chocolat chaud, il est temps de vous révéler mes secrets pour préparer un chocolat chaud de-la-mort-qui-tue. Pour moi, il doit être bien chocolaté, mais pas amer ; onctueux, mais pas épais ; sucré, mais pas trop. Surtout, ces conseils vous permettront de réaliser un chocolat chaud qui vous réchauffera le cœur alors que la grisaille et le froid s’installent.
Ceinture orange: un peu de crème
D’abord le liquide: il est tout à fait possible de préparer un chocolat chaud avec de l’eau, comme cela se faisait à l’époque. Le résultat est certes un peu moins crémeux, mais bien plus facile à digérer. Le choix se porte généralement sur du lait de vache ou sur des laits végétaux (soja, avoine, riz…).
La première astuce pour obtenir un résultat super onctueux: optez pour un mélange de crème et de lait. Selon vos préférences, et votre décadence, vous pouvez en mettre un splash, ou jusqu’à parts égales avec le lait. Quand vous préparez votre boisson, attention à ne pas surchauffer votre lait! Non seulement, il pourrait déborder de la casserole, mais vous pourriez aussi le brûler, en plus de votre chocolat.
Ceinture verte: du bon chocolat
Place à l’autre ingrédient essentiel, le chocolat, en plaque ou sous forme de cacao. Dans une recette qui comporte si peu d’ingrédients, il ne faut surtout pas lésiner sur la qualité du chocolat. On remballe donc son Nesquik, son Caotina, voire ce vieux bout de lapin de Pâques qui traîne dans votre placard depuis des mois.
Prenez le meilleur chocolat que vous trouvez. Vous pouvez expérimenter avec différentes plaques et différentes teneurs en cacao. Et si vous voulez vous simplifier la vie, une plaque de crémant fait l’affaire. Pour aller encore plus loin, on peut choisir des mélanges spécialement conçus pour le chocolat chaud que proposent de nombreux confiseurs.
Ceinture bleue: du cacao, mais sans grumeau
Pour prendre encore un niveau, essayez de combiner le chocolat avec à peu près autant de poudre de cacao. Le premier donnera de l'onctuosité, le second une saveur plus intense.
Pour éviter les horribles grumeaux de cacao, dont il est presque impossible de se débarrasser, j’ai une autre astuce. Plutôt que de verser la poudre de cacao dans le lait, je prépare une pâte dans un bol à part en mélangeant vigoureusement un peu de lait ou de crème avec le cacao. Et je l’incorpore ensuite à mon lait chaud: adieu les grumeaux, dilution parfaite.
Ceinture marron: une pincée de sel
Ajoutez une petite pincée de sel de cuisine à votre chocolat chaud. Je vous l'assure, cela fait toute la différence. Le sel joue son rôle d’exhausteur de goût. Il ne s’agit pas de donner un goût salé à votre boisson, mais d’accentuer les différentes saveurs tout en diminuant l’amertume.
Ceinture noire: le chocolat chaud parfait
La dernière astuce pour éblouir tous vos amis avec votre chocolat chaud de-la-mort-qui-tue: une pointe de cuillère de café instantané. A nouveau, le but n’est pas de donner à votre chocolat chaud un goût moka. Le café a un profil de saveurs similaire à celui du chocolat et intensifie ce dernier. Et c’est prouvé scientifiquement.
Et pour passer ninja du chocolat chaud, à vous de jouer! Laissez votre imagination vous guider: ajoutez des épices, de l’alcool, de la crème fouettée, des marshmallows, du caramel salé… Le tout est de se faire plaisir.
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