Un beignet rond, avec un trou au milieu. N'en jetez plus, c'est l'heure des donuts, l'une des meilleures gourmandises dans ce bas monde, adorée des petits, des grands, et bien sûr des policiers. Historiquement fortement associés aux États-Unis, les donuts gagnent en popularité en Europe, y compris chez nous, comme en témoignent la récente ouverture de Dunkin' Donuts, ou celle, d'ici à cet été, de Krispy Kreme en France.
Comfort food par excellence, «instagrammables» à souhait, normal que les donuts cartonnent. Pourtant, le branding original était mal barré: on disait auparavant «gâteaux à l'huile» (olykoeks en néerlandais). Ces ancêtres des donuts — alors sans trou — ont été ramenés à New York par les Hollandais au XVIIe siècle, lorsque la ville s'appelait encore Nouvelle-Amsterdam. Ce n'est qu'au XXe siècle, avec l'invention de machines automatisant leur fabrication, que les donuts purent conquérir l'Amérique, et le cœur de Homer Simpson.
Voilà pour l'aparté historique. Quant à nous, nous avons acheté et dégusté quelques donuts dans des enseignes lausannoises, des artisanaux à ceux vendus dans la grande distribution. Nous avons opté pour des versions basiques, de simples glaçages sans fourrage lorsque cela était possible.
Un constat s'est vite imposé: l'immense majorité des donuts vendus sont de toute évidence industriels et congelés, donc pas frais du jour, et souvent pas faits maison. Ceci handicape sérieusement un des principaux critères d'un bon donut: sa fraîcheur. Oui, un donut, c'est comme un croissant, ça se mange frais. Dommage, mais on ne pouvait pas en attendre davantage de la part de grosses chaînes industrielles. Voici donc notre impitoyable verdict, teinté de gourmandise et de mauvaise foi.
Dunkin' Donuts
On ne présente plus cette chaîne connue de nombreux voyageurs, car implantée dans de nombreux pays, et depuis peu en Suisse (Blick était d'ailleurs présent lors de l'ouverture de la boutique lausannoise).
On repart avec un «strawberry frosted sprinkles» pour 3,80 francs: ça nous semble un peu cher, quand même. Le donut est assez joli, limite trop parfait visuellement. La pâte n'est pas très grasse, elle manque d'humidité et de gourmandise, mais elle reste bonne, avec un sucre bien dosé qui donne un petit goût de reviens-y. Dunkin' est un peu radin avec le glaçage, qui est cependant agréable, légèrement acidulé.
Globalement, ces donuts vendus en boutique officielle sont plutôt bons, surtout si vous les comparez à ceux de cette même marque vendus par Coop, qui sont généralement bien moins frais et qu'on vous conseille de fuir comme la peste.
Note: 3,80 francs/5
Place Saint-François
Donut's Coffee
Ouverte lors de l'été 2022, Donut's Coffee est une petite enseigne proche de la gare et spécialisée dans quelques douceurs américaines: bagels, milkshakes, et donuts donc, dont le vendeur nous assure qu'ils sont frais du jour et faits maison.
Notre «donut rose» est très joli, bien levé, on distingue sans peine la petite ligne claire, équateur de la planète donut, qui témoigne de la ligne de flottaison lors de la friture. Le glaçage à la pâte à sucre arôme fraise est net et appétissant, mais les vermicelles de sucre ne sont pas uniformément répartis.
La pâte de ce gros beignet est bien fluffy. On reconnaît immédiatement un bon goût de pâte à beignet, sans goût d'huile. C'est sucré, mais pas trop.
Petit bémol au niveau du glaçage, dur et cassant, alors qu'on s'attend à un topping moelleux. Du coup, des morceaux tombent quand on croque dedans, c'est dommage, surtout qu'à 4 francs, c'était le plus cher de notre panel.
Note: crac/5
Avenue Louis-Ruchonnet 8
Aldi
Ce donut n'est pas avare en glaçage: il est recouvert d'une belle couche de chocolat. Le discounter allemand ne s'est pas foutu de nous sur ce point. Ni sur le prix: vendu 90 centimes, c'est quatre à cinq fois moins cher que ses concurrents. Évidemment, on se dit qu'on va le regretter en croquant dedans.
Eh bien, pas du tout. Bon, certes, il faut vraiment chercher le goût du chocolat dans le glaçage, tout comme dans le fourrage, qui ne sert à rien. Mais la pâte se laisse manger, avec un sucre assez bien équilibré. Ça passe, du moins si l'on pardonne le fait qu'elle ne fait pas vraiment penser à de la pâte à beignet. Elle est plus dense, moins fluffy que celle des autres donuts testés. On se demande si l'on n'est finalement pas en face d'une brioche. Enfin, la forme plus plate de ce donut n'est pas un problème, elle est même assez pratique pour croquer dedans ou le tremper dans sa tasse de café.
Au final, ce donut n'a pas de défaut rédhibitoire. On osera même dire que si vous n'avez qu'un franc en poche et faute de mieux, il constitue une option convenable pour satisfaire une envie foudroyante de beignet.
Note: ka-ching/5
Starbucks
Elle nous fait quoi, la sirène? C'est la déception. Le donut à la vanille Starbucks est tout raplapla, il a un trou minuscule, il dégouline, bref, il hurle au monde qu'il s'agit d'un produit réchauffé qui poireaute dans sa vitrine en attendant qu'un idiot vienne le chercher. Challenge accepté.
La pâte est toute blanche, très dense, et globalement décevante. On dirait du pain de mie, en tout cas pas de la bonne pâte à beignet. Elle contient beaucoup trop d'une désagréable crème vanille qui emporte tout le goût du donut (enfin, sauf celui d'huile).
On salue quand même le côté yolo en mode «rien à foutre d'être gras», mais franchement, c'est dur de lui trouver des qualités, surtout après avoir payé 3,90 francs.
Note: écrivez à la rédaction
Donutime
Il nous fallait un donut respectable pour mettre tout le monde d'accord, et c'est chose faite. Nous sommes ici face à l'un des rares fabricants de donuts artisanaux de la région lausannoise. C'est Fabrice Reymond qui se charge de la confection de ces jolis beignets, avec des horaires de boulanger, tous les jours dès 1h du matin. Il met en avant la simplicité de sa recette: 5 ingrédients pour la pâte, et basta. Pour les toppings, c'est place aux produits locaux.
Bref, on est sur du quali, mais qu'est-ce que ça donne à la dégustation? On a pris le Doh! donut, un donut bien fluffy qu'on a envie de prendre en oreiller pour faire une petite sieste. Il a une petite odeur de beignet engageante, ce qu'on n'a pas vraiment remarqué chez les autres. Le glaçage est bien fondant, très gourmand, mais on aurait aimé en avoir un peu plus. Il y a en revanche la dose de vermicelles de sucre. Quand on soulève ce bibendum, il laisse une trace de gras, et ça, on adore.
La pâte a un bon goût de beignet. On ne sent pas l'huile, mais elle reste légère et gourmande, avec quelques discrètes notes de levure qui témoignent d'un travail artisanal.
Pour 3,50 francs, c'est selon nous carrément honnête. Le seul problème, c'est pour se les procurer: il faut les commander sur internet, ou aller les acheter dans certains points de vente partenaires qui sont livrés tous les jours pour une fraîcheur garantie. Celui dans lequel nous nous sommes rendus n'ouvrant qu'à 11h, c'est raté pour une dégustation en même temps que le café le matin: frustrant. Heureusement, il reste le goûter pour se rattraper.
Note: Homer (ou Dexter)/5