Quatre petites heures de train permettent de rallier Genève à la Cité phocéenne: l’occasion de goûter à la douceur méridionale et de se remplir les yeux de bleu Méditerranée avant l’hiver.
Pour profiter d’une escapade hors saison, nous avons sélectionné 4 adresses qui sortent des sentiers battus… et des circuits touristiques. Des restos ou cafés plutôt confidentiels, où vous partagerez le quotidien des Marseillais. Un dernier conseil: n’oubliez pas de réserver!
Moutchou, l'épicerie toute chou
On entre par le magasin, mais ne vous y trompez pas, cette épicerie du quartier d’Endoume cache une adorable courette et une petite salle cosy où il fait bon se poser pour boire un verre ou un café (et quel café!).
À midi, la cheffe Myriam, alias Zarmamarseille, concocte des petits plats à la fois inventifs et gourmands (également à emporter) qu’elle imagine en fonction des arrivages de l’épicerie. L’ardoise, réduite, propose un choix de deux entrées, deux plats et deux desserts, qui changent tous les deux jours.
Ce jour-là, nous nous sommes régalés de «célerotte rémoulade» à la rouille (la sauce qui accompagne traditionnellement la bouillabaisse), suivies de nouilles soba accompagnées de shiitakés frais marinés et sautés, kale croustillant, œuf au soja et aubergines fondantes. En dessert, le labneh (maison bien sûr!) au miel et sa compotée de poire et granola, avaient la douceur du velours.
L’épicerie Moutchou est également le lieu idéal pour faire quelques emplettes de produits locaux sourcés avec soin: grenades fraîches de Provence, figues confites en bocaux, huile d’olives maturées des Baux-de-Provence, sans parler de la sympathique sélection de vins nature.
378, rue d’Endoume
Limmat, mais pas celle de Zurich
Un resto marseillais qui porte le nom d’une rivière zurichoise ? Rassurez-vous, ce n’est pas pour autant que vous y mangerez des röstis! Pour les Marseillais, Limmat ne désigne pas un cours d’eau, mais un restaurant niché dans les escaliers du cours Julien.
La cheffe Lili Gadola, effectivement zurichoise d’origine, a notamment fait ses gammes à l’épicerie L’Idéal, adresse mythique créée par Julia Sammut à Marseille. Aujourd’hui, dans son restaurant, Lili Gadola a développé sa propre patte, en proposant une cuisine très fraîche, essentiellement pesco-végétarienne: poissons issus de la pêche locale, légumes de la région, le tout accompagné de vins nature.
La façade graffée et taguée de l’établissement évoque peut-être l’ambiance alternative de certains quartiers zurichois, mais la cuisine est résolument d’inspiration provençale et méditerranéenne.
Comme souvent à Marseille, la carte se réduit à une dizaine de plats, qui changent souvent: trois entrées, deux plats, trois desserts. En entrée, entre les aubergines grillées à la crème d’amande et la purée de haricots blancs relevée de haricots verts à l’ail et au citron, le cœur balance. En plat, le maquereau snacké, sur son lit de légumes confits, rappelle à quel point ce poisson «modeste» peut être délicieux et n’a rien à envier aux poissons dits nobles. Bref, un vrai festin, qui plus est à des prix très doux.
41, rue Estelle
Hako+, la ligne Marseille - Tokyo
Dans son mini-local lumineux situé à quelques encablures de Notre-Dame de la Garde, Hako+ est un restaurant japonais qui propose une cuisine d’une rare finesse. Ici pas de sushis, ni de makis (sauf sur commande) et c’est tant mieux: nos habitudes occidentales ont trop tendance à réduire la cuisine japonaise à ces deux spécialités.
Mais il faut reconnaître que pour goûter à la richesse de la gastronomie japonaise, on n’a souvent pas d’autre choix que de s’offrir des restaurants ultra-chics… et donc ultra-chers. Or chez Hako+, les prix restent très abordables au regard de la qualité des mets.
Les plats, plus alléchants les uns que les autres, se commandent au comptoir. Comme il est d’usage en Asie, ils sont servis en petites portions qu’on peut se partager – ce qui permet d’en goûter plusieurs. Les ingrédients d’origine locale sont d’une exceptionnelle fraîcheur. Les fritures sont croustillantes à souhait, les marinades rivalisent de délicatesse.
Ceux qui ont la chance d’être allés au Japon connaîtront ici de belles réminiscences gustatives. Comme le nombre de places est très limité, il faut penser à réserver. Autre possibilité, emporter les plats pour les déguster au pied de la Bonne Mère, dans le jardin du Bois sacré, situé juste à quelques pas.
218, chemin du Roucas Blanc
La Baleine, enfin son ventre
La Baleine est un lieu atypique, qui combine cinéma et resto. L’adresse est bien connue des cinéphiles marseillais puisqu’elle offre une programmation pointue de films d’auteur et propose de nombreux événements, comme des avant-premières, des rencontres avec des cinéastes ou des soirées thématiques. Mais si, côté cinéma, la Baleine nous en met plein les mirettes, elle ne néglige pas non plus nos papilles dans son bistrot attenant, le bien nommé Ventre de la Baleine.
Une terrasse sympa permet de profiter de l’atmosphère très animée du cours Julien, le «courju» comme le nomment familièrement les Marseillais. Mais l’ambiance chaleureuse à l’intérieur du bistrot ne manque pas non plus de charme. Que ce soit dehors ou dedans, on peut se contenter d’un chouette apéro, en piochant dans la sélection de vins nature, accompagnés d’une assiette de charcuterie ou des fameuses panisses marseillaises (ces préparations à la farine de pois chiches). Néanmoins, il serait dommage de ne pas profiter de la jolie carte bistronomique – avec une mention spéciale pour les plats de poissons, particulièrement bien mis en valeur.
59, cours Julien