Dans le Val d’Anniviers, on est très attaché à la grande tradition du vin du Glacier. Dans les étroites ruelles de ce village authentique, les murs sont chargés d’histoire. Pour se rendre à la bourgeoisie, il faut longer les maisons en bois typiques. C’est ici que les familles établies de longue date dans la localité se réunissent et tiennent conseil sur leurs biens, notamment sur les vignes communales et le vin qui en est issu.
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Dans les caves de ce vénérable bâtiment reposent 4200 litres de vin du Glacier dans quatre imposants fûts en mélèze. Au total, 144 fûts supplémentaires sont en possession de la famille et des bourgeoisies environnantes.
Le «Xérès du Valais»
La particularité du vin du Glacier est la suivante: les fûts utilisés ne sont jamais ni vidés ni remplis entièrement. Ainsi, le vin vieillit volontairement au contact de l’oxygène. Au fil du temps se dessine un profil aromatique complexe qui rappelle les fruits secs et les noix. Le vin prend également une couleur foncée. Chaque année, le produit des nouvelles vendanges est ajouté, le fût le plus ancien étant mélangé en partie avec le vin du fût immédiatement moins ancien. La quantité est limitée de sorte que le caractère original du vin soit préservé et que les arômes du jeune vin ne prennent pas le dessus. Ce processus est similaire à celui utilisé pour le xérès en Andalousie. Il se caractérise également par le fait que différents millésimes sont assemblés et subissent un vieillissement en fût.
Les origines
Les origines du vin du Glacier ne sont pas bien connues. Il est probable que la tradition en remonte au XIIIe siècle. De mémoire d’homme, on a toujours cultivé la vigne dans le fond de la vallée pour en faire du vin. Le vin était ensuite transporté en montagne et entreposé à proximité des glaciers, d’où son nom. Autrefois, les fûts étaient rares, c’est pourquoi on a décidé de mélanger les millésimes pour les stocker dans un même tonneau. Les fûts utilisés pour le vin du Glacier sont fabriqués traditionnellement en mélèze. Très répandu en Valais, le mélèze confère au vin une saveur particulière. Aujourd’hui, on utilise des fûts de chêne, plus faciles à trouver.
Cépages autochtones
Plusieurs décennies durant, le seul cépage utilisé était le resi, une variété neutre et marquée par l’acidité. D’autres cépages blancs locaux se sont ajoutés au fil du temps, comme le chasselas, l’ermitage, le malvoisie et la petite arvine. Après la destruction d’une grande partie des vignes par le phylloxéra au début du siècle dernier, le resi a presque entièrement disparu. Des initiatives sont prises çà et là pour faire revivre cette ancienne variété et on l’utilise de nouveau pour le vin du Glacier depuis 2006.
Dégustation exclusive
Heureux sont ceux qui peuvent prétendre avoir goûté le vin du Glacier. Il faut savoir qu’il n’est pas disponible dans le commerce et qu’on ne le boit qu’à des occasions particulières: mariages, enterrements ou en présence d’une personnalité. On ne peut pas dire pour autant qu’il soit réservé à quelques initiés. Il vous est possible de visiter la bourgeoisie de Grimentz dans le cadre d’une visite guidée, laquelle est suivie d’un verre de vin du Glacier. La cave baigne dans une atmosphère presque religieuse et vous êtes garantis de vivre une expérience unique. En regardant les fûts de plus près, on remarque les millésimes 1969, 1934, 1888 ou encore 1886, qui donnent un sentiment d’humilité face à l’Histoire.
Une gorgée d’histoire
Le vin est tiré, il faut maintenant le boire. Le premier Glacier dégusté est originaire de 1969 et produit à partir du cépage ermitage. Il est corsé, encore étonnamment fruité pour son âge, mais révèle des nuances mûres de noisette et de champignon. En bouche, il se révèle beaucoup plus facile d’accès que l’ermitage du fût de 1934. Ce dernier présente une agréable amertume et des arômes herbacés. Le millésime le plus intriguant est celui qui date de 1888, le plus ancien de la sélection. En plus de l’ermitage, il contient du vin issu du cépage resi. Du haut de ses 134 années, ce vénérable fût affiche pourtant une fraîcheur surprenante en raison de son acidité. Les notes de livèche et de résine s’imposent au palais et la fin de bouche est exceptionnellement longue.
Le tonneau de l’évêque
Il reste encore un 1886, qui vieillit dans le «tonneau de l’évêque». Il n’est proposé qu’à des invités de marque, à des occasions spéciales. Par exemple aux membres du Conseil fédéral ou… à l’évêque.