«C'est la première fois qu'une telle fonction, fut-elle d'auxiliaire, est occupée par une femme, qui perpétue ainsi une tradition tout en la faisant évoluer», écrit la Municipalité dans un communiqué, se félicitant d'être «pionnière en matière d'égalité».
Il a sonné l'heure d'engager une guette
Lors de la grève des femmes du 14 juin 2019, les autorités lausannoises avaient promis de féminiser le poste de guet dès que l'occasion se présenterait. Deux ans plus tard, à la suite du départ d'un guet auxiliaire, un processus de recrutement a été mis en place et a permis de tenir cet engagement initial.
Guette auxiliaire, Cassandre Berdoz a pris ses fonctions il y a dix jours aux côtés du guet titulaire et des cinq autres auxiliaires. Elle officiera dans le beffroi de la cathédrale, en haut des 153 marches d'escaliers, entre trois et cinq fois par mois.
«Aussi loin que je me souvienne, cette tradition me fascine et j'ai toujours voulu être guette. Depuis mon enfance, j'ai le rêve secret d'en faire partie, c'est donc un rêve qui se réalise et beaucoup d'émotions», dit-elle.
Dynamique, très intéressée par l'histoire de Lausanne et ayant tout l'entregent nécessaire à l'accueil des nombreux visiteurs du beffroi, elle possède aussi un organe vocal puissant, façonné par des années de chant au Conservatoire, souligne la Ville.
«Le guet de Lausanne a toujours incarné une part de l'histoire de Lausanne. Mais il incarne aussi sa modernité, et désormais, sa volonté de parité», affirme pour sa part David Payot, municipal lausannois en charge de la direction Enfance, jeunesse et quartiers (EJQ).
De mémoire de guet, jamais cette fonction n'avait été incarnée officiellement par une femme. «Les archives relatent bien l'histoire de Blanche Bovard, une femme qui en 1922 remplaça au pied levé son père subitement décédé, mais sans reconnaissance des autorités lausannoises qui lui ont rapidement désigné un successeur à la moustache épaisse», écrit la Ville de Lausanne.
Aujourd'hui, les guets sont actifs dans 63 villes européennes situées dans neuf pays, dont la Suisse où ils évoluent à Schaffhouse, Bischofszell, Stein am Rhein et Lausanne. Selon la guilde européenne des veilleurs et gardiens de nuit, cette fonction n'a jamais été officiellement ouverte à une femme en Europe, mis à part quelques remplacements épisodiques.
La première mention écrite du guet de la cathédrale de Lausanne a été établie vers 1405. A l'époque, sa mission était non seulement de crier les heures comme aujourd'hui de 22h00 à 02h00, mais également d'avertir en cas d'attaques ou d'incendies, rôle de prévention disparu entre-temps. Lausanne est l'un des derniers lieux au monde abritant un guet historique, soit dont l'activité quotidienne n'a jamais été interrompue depuis son instauration au Moyen Age.
(ATS)