Rencontre Cassis-Sefcovic
Rejeter la Suisse serait une erreur pour la nouvelle Commission européenne

Approuvée mercredi 27 novembre à Strasbourg par le Parlement européen, la nouvelle Commission européenne, de nouveau dirigée par Ursula von der Leyen, a tout intérêt à boucler les négociations avec la Suisse. Et, si possible, avant l'investiture de Donald Trump.
Publié: 13:42 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Arrêtons de tergiverser. Et arrêtons, surtout, de consacrer autant de temps et d’énergie diplomatique à un dossier qui, par définition, devrait être mutuellement avantageux pour la Suisse et pour l’Union européenne.

C’est ce discours que la présidente de la Commission, reconduite pour un second mandat à la tête de son collège de 27 commissaires ce mercredi au Parlement européen (370 voix pour, 282 contre et 36 abstentions), doit tenir publiquement au Conseil fédéral. Et c’est cette ligne que le nouvel exécutif communautaire doit défendre à partir de son entrée en fonction, ce 1er décembre.

Oui, arrêtons de tergiverser. Et cessons, surtout, de s’abriter derrière les formules diplomatiques de rigueur comme celle employée par le chef du Département fédéral des Affaires étrangères Ignacio Cassis, à l’issue de sa rencontre, ce jeudi, avec le Commissaire (reconduit) chargé du dossier helvétique Maros Sefcovic. A quoi sert de redire que «les négociations avancent bien» avec pour objectif de «conclure avant la fin de l’année», alors que, dans les faits, le temps presse pour les deux parties? Et que ni l’une, ni l’autre, n’ont vraiment le choix.

Le risque protectionniste

La Suisse, toujours désireuse d’une dérogation en matière de libre circulation des personnes, n’a rien à gagner à une nouvelle rupture avec Bruxelles, alors que le protectionnisme à tous les étages va devenir la règle avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Et que l’accès au marché européen est crucial pour son économie.

La Commission européenne, de son côté, a bien d’autres sujets diplomatiques plus stratégiques à affronter. Répudier la Confédération, partenaire démocratique, prospère, fiable et utile, à l’heure où la cohésion du Vieux Continent doit être la priorité absolue, ne ferait que nourrir le ressentiment national populiste déjà omniprésent dans les urnes.

Derrière ses principes

Bruxelles peut toujours se retrancher derrière ses principes. Mais au baromètre de la popularité, l’acharnement helvétique à défendre coûte que coûte ses intérêts nationaux – pour rendre les futurs accords bilatéraux acceptables par le peuple lors d’un inévitable référendum – passe bien mieux dans l’opinion européenne de 2024 que les sermons technocratiques communautaires.

Alors stop! Merci aux diplomates des deux parties d’arrêter le compteur, après près de deux cents rounds de négociations. Et merci à la Commission européenne – qui n’a pas la démocratie directe en embuscade – d’envoyer à travers la Suisse un message à la fois positif et porteur. Oui, des arrangements sont possibles lorsqu’il s’agit de renforcer l’Europe comme ensemble géopolitique cohérent. Oui, les pays partenaires non-membres de l’UE doivent accepter de payer le juste prix de leur ticket d’entrée partiel. Et oui, la Confédération, vu sa position géographique, son histoire et ses traditions politiques, justifie une exception compensée par une contribution financière accrue ou par des facilités accordées aux étudiants européens.

Feuilleton bilatéral

Ce feuilleton bilatéral, microscopique à l’échelle internationale, n’a que trop duré. En faire un drame national en Suisse est injustifié. Le présenter comme un cas d’école pour l’UE n’a aucun sens. Forte de sa légitimité renouvelée par le vote à Strasbourg, la Commission doit donc mettre fin à cette chorégraphie dramatisée à l’excès. Si elle le fait, sa présidente reconduite Ursula von der Leyen démontrera que le projet européen est bien vivant, et qu’il sait s’adapter pour avancer ensemble. Deux qualités indispensables avant l’ouragan que Donald Trump compte bien faire déferler sur le Vieux Continent.

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