Parents, réjouissez-vous!
Voici comment la science compte faire manger des légumes aux enfants

Des chercheurs ont montré qu'on pouvait faire aimer les légumes aux enfants en les récompensant lorsqu'ils veulent bien y goûter.
Publié: 20.05.2022 à 11:55 heures
|
Dernière mise à jour: 23.05.2022 à 10:30 heures
Photo: Shutterstock
Blick_Fabien_Goubet.png
Fabien GoubetJournaliste Blick

Vos enfants refusent de manger des légumes? Je compatis, c'est pareil chez moi. C'est un comportement normal: le goût est aussi une affaire d'apprentissage et de normes sociales, que nos adorables petites têtes de mule acquièrent avec plus ou moins de facilité.

Pour les convaincre, rangez le bâton et préférez la carotte: une étude scientifique dont les résultats ont tout juste été présentés au Congrès européen de l'obésité à Maastricht aux Pays-Bas début mai révèle qu'offrir de petites récompenses aide les enfants à développer leur appétit pour les légumes.

Des travaux antérieurs ont déjà montré qu'il faut qu'un enfant goûte un nouveau légume de 8 à 10 fois en moyenne avant de commencer à l'apprécier. «Nous avons donc examiné si le fait d'associer les légumes à une récompense ferait une différence», a déclaré dans un communiqué l'autrice de cette nouvelle étude Britt van Belkom, de l'université de Maastricht.

Autocollants et couronnes

La scientifique et son équipe ont mis sur pied le protocole suivant. Durant trois mois, 598 enfants âgés de 1 à 4 ans et répartis dans plusieurs crèches de Limbourg aux Pays-Bas ont joué les cobayes. La chercheuse a divisé les enfants en trois groupes. Dans le premier, on leur proposait chaque jour un assortiment de légumes puis une récompense à la clé à chaque fois qu'ils en goûtaient un. Britt van Belkom précise qu'il s'agissait de petits cadeaux non alimentaires (pas de bonbon ou de chocolat donc) tels que des autocollants ou des petites couronnes.

Dans le second groupe, les enfants se sont vus proposer les mêmes légumes, mais sans cadeau derrière. Enfin dans le troisième groupe, un groupe de contrôle, on ne proposait ni plateau ni récompense aux enfants.

Les scientifiques ont examiné la consommation de légumes des enfants avant et à la fin de l'expérience en notant combien de portions ils prenaient face à un plateau contenant six légumes, dont des tomates ou des concombres, némésis des petits. Leur connaissance générale des légumes a également été évaluée en estimant leur capacité à reconnaître et nommer des légumes de manière générale, pas forcément ceux présents sur le plateau.

Renforcement positif

La conclusion de l'expérience est intéressante. À la fin de l'expérience, les enfants qui ont été récompensés pour leur bravoure mangeaient en moyenne deux légumes de plus que ceux qui n'étaient pas récompensés.

Ceux des groupes 1 à 2 (à qui on proposait des légumes, récompense ou non) pouvaient en reconnaître davantage en fin d'expérience, et en tout cas plus que ceux du groupe de contrôle.

«Proposer régulièrement des légumes aux petits enfants dans les crèches augmente de manière significative leur capacité à reconnaître divers légumes, et les récompenser pour avoir goûté semble aussi augmenter leur désir d'en essayer d'autres», conclut Britt van Belkom.

Ce genre d'apprentissage, dit par renforcement positif, vise à renforcer les comportements souhaitables par un stimulus agréable pour encourager leur répétition dans le futur. C'est un classique de la psychologie qui remonte aux chiens de Pavlov, et on le retrouve de manière plus récente en informatique, où il sert à entraîner des agents d'intelligence artificielle à des tâches données.

Pour la gloire de la science, j'ai moi-même mis en place un protocole expérimental similaire à la maison. Sur un tableau, chaque légume est associé à une sorte de barre de téléchargement qui se remplit de 10% à chaque fois que le dit légume est goûté, avec comme récompense un petit autocollant. À la clé, la promesse pour ma fille d'une récompense épique lorsque les 100% sont atteints (et pour moi, l'espoir qu'elle aimera définitivement ces légumes après les avoir goûtés dix fois).

Jusqu'ici, c'est un succès: habituellement têtue face à son assiette, elle goûte ses légumes et se réjouit de collectionner les stickers. J'espère que l'essai sera transformé, et pour ma part je publierai probablement les résultats définitifs dans une grande revue scientifique.


Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la