Votre argent est-il en sécurité à la banque? La plupart des gens répondraient oui sans hésiter. Walter H.* et Dominique S.* ont appris, à leurs dépens, que ce n'est pas toujours le cas. Il y a deux ans, ce couple de la région de Delémont dans le Jura s'est fait voler environ 200'000 francs. Les sexagénaires en sont convaincus: «Si notre banque avait fait son travail, rien de tout cela ne serait arrivé!»
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Walter et Dominique reconnaissent que c'est leur bonne foi qui a permis l'escroquerie. Lorsque le couple tombe pour la première fois sur «Bitcoin Fast Profit» en septembre 2022, il lit des dizaines d'avis positifs. Ceux-ci décrivent «Bitcoin Fast Profit» comme un site de trading de cryptomonnaies qui génère rapidement des bénéfices importants grâce à l'intelligence artificielle (IA). Aujourd'hui, ils savent qu'il n'en est rien!
Codes d'accès et logiciel malveillant
Au début, le couple n'investit que de petites sommes. Pendant des semaines, ils téléphonent presque tous les jours aux conseillers germanophones de «Bitcoin Fast Profit». Lorsqu'ils veulent réaliser un investissement en bitcoins de 20'000 francs, ils demandent d'abord le remboursement de l'argent investi, bénéfice compris – environ 15'000 francs. Les escrocs acceptent et demandent en échange les données du compte et l'accès à l'ordinateur du couple jurassien.
Sans se faire remarquer, les escrocs installent un logiciel malveillant sur le téléphone portable de Walter. Ils contournent l'authentification à deux facteurs et réalisent deux virements de 90'000 et 95'000 francs. La police parvient à retracer l'argent vers divers comptes étrangers, mais la piste s'arrête aux Seychelles.
«Je me sens tellement stupide»
Aujourd'hui encore, le couple a honte: «Nous nous sommes laissés piéger. Je me sens tellement stupide», confie Dominique. En même temps, le couple est convaincu que leur cas n'est pas unique. Même les imposteurs abondent dans ce sens. Walter raconte que lors de la dernière conversation téléphonique avec «Bitcoin Fast Profit», son interlocuteur a souligé à quel point la banque lui avait facilité la tâche. «Même l'escroc nous a conseillé de changer de banque de toute urgence!»
Walter est client de la banque Raiffeisen du Seeland depuis plus de 30 ans. Pendant cette période, il n'a envoyé qu'une seule fois des sommes importantes à l'étranger, lorsqu'il a acheté un bus VW en Allemagne il y a huit ans. «À l'époque, mon conseiller m'a appelé pour vérifier que le virement n'était pas frauduleux.» Or, quand fraude il y avait, à l'automne 2022, aucune vérification n'a eu lieu.
Ils en veulent à Raiffeisen
La loi n'oblige pas les banques à effectuer des vérifications supplémentaires en cas de transactions suspectes. Cela n'a pas empêché Walter et Dominique de réclamer les 95'000 francs du deuxième virement à Raiffeisen, à titre de dommages et intérêts. Selon le couple, la banque n'a pas seulement exécuté les ordres sans poser de questions, mais elle a même détourné le second virement lorsqu'il a été bloqué par la banque de transmission.
De plus, le comportement de Raiffeisen après l'annonce de la fraude n'a pas rassuré les traders amateurs. «Lorsque j'ai appelé le vendredi matin, on a d'abord voulu clarifier la procédure», raconte Walter. Quelques heures plus tard, on lui a dit qu'avant de tenter de récupérer l'argent, Walter devait déposer une plainte auprès de la police et confirmer par écrit qu'il prendrait en charge les frais de la demande de remboursement. Pour cette raison, la demande de remboursement n'a été lancée que lundi.
La banque se défend
Contactée, la Banque Raiffeisen du Seeland écrit que, pour des raisons de sécurité, elle ne commente pas les cas de fraude. Elle se contente de déclarer: «De manière générale, l'e-banking Raiffeisen répond aux exigences actuelles en matière de sécurité.»
L'Ombudsman des banques s'est également penché sur le cas de fraude, mais n'a pas pu trouver de solution. L'offre la plus généreuse de la Banque Raiffeisen du Seeland était une remise de six mois d'intérêts hypothécaires. Walter et Dominique ont refusé cette offre «insolente»: «Cela représente à peine 3000 francs.»
Dans sa lettre de clôture, l'Ombudsman Andreas Barfuss mentionne clairement un comportement fautif du couple. Mais le médiateur écrit aussi qu'il ne comprend pas l'attentisme de la banque: «La demande de remboursement aurait dû être engagée immédiatement.» Le résultat aurait toutefois probablement été le même.
Les retraités ont dû retourner bosser
Walter et Dominique n'ont découvert la fraude que trois à quatre jours après les virements. Même une réaction plus rapide de la banque aurait eu du mal à sauver l'argent. Il n'empêche, la société Cybera, mandatée par la suite par la police, a pu récupérer un troisième virement de 3000 francs, même cinq jours après son exécution.
Aujourd'hui, une grande partie de l'argent du 2ᵉ pilier du couple a disparu. Walter et Dominique, qui avaient économisé toute leur vie pour leur retraite, sont désormais confrontés à un avenir financier sombre. Tous deux ont trouvé des petits boulots pour arrondir leurs fins de mois. «Mais dans quelques années, nous devrons, bon gré mal gré, nous inscrire pour toucher des prestations complémentaires.»
*Noms connus de la rédaction