La politique de Trump fait trembler l'économie
Les cinq faits sur la domination du dollar

Avec sa politique, Donald Trump détruit la confiance dans la monnaie de référence mondiale. Mais qu'est-ce qui rend le dollar si important? Cinq faits sur son rôle dans l'économie mondiale.
Publié: 24.04.2025 à 15:16 heures
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Les tergiversations de Donald Trump sur les droits de douane sapent la position du dollar en tant que monnaie de référence mondiale.
Photo: IMAGO/Gage Skidmore
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Gabriel Knupfer

Le dollar américain poursuit sa chute. Les tergiversations de Donald Trump sur les droits de douane érodent la confiance dans la monnaie de référence mondiale. Face au franc suisse, il atteint son plus bas niveau depuis 2011. Même la barre des 75 centimes semble désormais en vue. Une évolution qui mérite un éclairage. Voici l’essentiel à savoir sur le dollar.

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Le dollar, un moyen de paiement mondial

Les États-Unis sont les seuls à émettre leur monnaie, mais le dollar est utilisé officiellement dans de nombreux pays: l’Équateur, le Salvador, le Cambodge, le Liberia, les îles Marshall, la Micronésie, le Timor oriental, Palau, Panama et le Zimbabwe. Certains conservent parallèlement une monnaie nationale. Par ailleurs, dans des États frappés par l’hyperinflation, le dollar s’impose souvent de manière informelle comme valeur refuge.

À noter: le nom «dollar» ne garantit aucun lien avec les États-Unis. L’Empire britannique utilisait lui aussi des dollars dans ses colonies, un héritage visible aujourd’hui dans le dollar australien ou canadien.

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Des monnaies arrimées au dollar

Plusieurs États ou territoires maintiennent leur monnaie liée au dollar, ou autorisent uniquement de faibles variations. C’est le cas, entre autres, de la Barbade, des Bahamas, de Hong Kong et de la Jordanie.

Cinq grands pays exportateurs de pétrole – Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar, Oman et Bahreïn – en font également partie. La Chine, en revanche, a mis fin en 2015 à l’ancrage de sa monnaie, le renminbi, préférant un panier de devises.

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Une demande mondiale de dollars

Le dollar joue surtout un rôle-clé comme monnaie de réserve. Selon le Fonds Monétaire International (FMI), les banques centrales détiennent quelque 6,6 billions de dollars en réserves de change, soit 54% du total mondial.

Cette position dominante permet aux États-Unis d’emprunter bien au-delà de ce que d’autres pays peuvent se permettre. En achetant des obligations américaines, les banques centrales étrangères prêtent en permanence de l’argent à Washington. Le Japon et la Chine sont les deux principaux créanciers des États-Unis. La Suisse, elle, détient quelque 300 milliards de dollars de dette américaine.

Le dollar est aussi incontournable sur les marchés financiers et les matières premières, notamment pour les échanges pétroliers. Par ricochet, son taux influence le prix mondial de l’essence. 

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le dollar avait une plus grande valeur avant

Malgré sa réputation de stabilité, le dollar a perdu beaucoup de terrain face à d’autres devises. En 1970, il s’échangeait encore à plus de 4 francs. Cette dépréciation est en partie stratégique: elle vise à rendre les exportations américaines plus compétitives.

En 1985, les pays du G5 (Allemagne, France, Royaume-Uni, Japon et États-Unis) ont conclu l’accord du Plaza pour affaiblir le dollar. Aujourd’hui, Donald Trump parie à nouveau sur un dollar faible pour réduire le déficit commercial et relocaliser l’industrie.

Mais le président américain devrait tout de même avancer avec prudence. Une perte de confiance généralisée ferait chuter la demande mondiale de dollars, rendant plus difficile l’endettement américain. Ce risque a poussé Donald Trump à suspendre, la semaine dernière, ses nouveaux droits de douane pendant 90 jours.

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Malgré les doutes, pas de remplacement en vue

L’euro, deuxième devise mondiale, représente environ 20% des réserves de change mondiales. Il joue également un rôle dans les transactions financières, mais reste loin derrière le dollar.

Depuis son pic à 1,60 dollar en 2008, l’euro a perdu près d’un tiers de sa valeur. À long terme, les marchés lui font donc encore moins confiance qu’au billet vert. Reste à savoir si la guerre commerciale lancée par Donald Trump changera la donne.

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