D'après un article paru dans le New York Times, plusieurs milliers de personnes soutenant la cause palestinienne affirment que leurs messages ont été supprimés ou retirés de Facebook et d'Instagram ces dernières semaines, alors qu'ils n'enfreignaient pas les règles de ces plateformes.
Des suppressions involontaires
Ces contenus masqués sur les plateformes concernent surtout des messages de soutien aux civils palestiniens, d'après les utilisateurs. D'autres personnes ont également signalé que Facebook avait supprimé des comptes appelant à des manifestations pacifiques dans certaines villes des États-Unis.
Un hashtag, #Zionistigram, qui était attaché à des posts critiquant la suppression par Instagram des contenus pro-palestiniens, a semblé être temporairement étouffé au cours du week-end, ne renvoyant aucun résultat sous les recherches du terme.
Interviewée par le New York Times, Aya Omar, ingénieure en intelligence artificielle, a déclaré qu'elle ne pouvait pas voir les comptes de médias palestiniens qu'elle lit régulièrement parce que Meta et Instagram les bloquaient. Elle aurait donc accès à «une version aseptisée des événements qui se produisent à Gaza».
Sur Twitter, même topo
Dans un message publié sur X, un groupe de réflexion – l'Institut Hampton – a déclaré qu'Instagram et Facebook bloquaient activement les messages sur l'histoire factuelle d'Israël et de la Palestine, en invoquant parfois des «difficultés techniques».
Et ce n'est pas le seul. Un récent tweet de Nour Odeh, analyste politique palestinienne, consultante en diplomatie publique et ancienne porte-parole de l'Autorité palestinienne, révélait que Meta l'avait avertie que sa photo de profil, comportant un drapeau palestinien, violait «les règles de communauté» sur Facebook parce qu'elle était identifiée comme un symbole de violence ou d'incitation à la violence.
En fin de compte, comme le résume le New York Times, de nombreux partisans de la cause palestinienne se sont tournés vers d'autres plateformes pour faire passer coûte que coûte leurs messages, tout en critiquant la modération du contenu de Meta. LinkedIn, utilisé principalement pour les réseaux professionnels, a vu affluer des messages critiquant la réponse d'Israël au Hamas et soutenant les victimes civiles à Gaza.
Réponse de Meta
Contacté, le service presse de Meta renvoie à un blog directement lié à cette thématique et déclare appliquer ses politiques de contenu de la même manière. Il précise: «Nous tenons à réaffirmer que nos politiques sont conçues pour permettre à chacun de s'exprimer tout en assurant la sécurité des utilisateurs de nos applications. Nous appliquons ces politiques indépendamment de la personne qui publie ou de ses croyances personnelles, et notre intention n'est jamais de supprimer une communauté ou un point de vue particulier.»
Toutefois, Meta reconnaît également que ses politiques peuvent ne pas être appliquées parfaitement à chaque fois, en particulier en période de crise mondiale.
Finalement, la multinationale américaine invoque la raison d'un bug accidentel dans les systèmes de la société. Ces difficultés techniques ont entraîné la suppression de messages qui auraient dû être largement visibles. Andy Stone, un porte-parole de Meta, a déclaré dans un post sur X dimanche dernier: «Nous avons identifié un bug affectant toutes les stories qui repartageaient les posts Reels et Feed, ce qui signifie qu'ils ne s'affichaient pas correctement dans les stories des gens, entraînant une réduction significative de la portée. Ce bug a affecté des comptes de manière égale dans le monde entier et n'avait rien à voir avec le sujet du contenu – et nous l'avons corrigé aussi vite que possible.»
L'effet shadowban
Ces utilisateurs qui semblent avoir une marge de manœuvre limitée ne sont pas un phénomène nouveau. Le «shadowban» est une technique de modération appliquée par les réseaux sociaux lorsque ceux-ci détectent une activité anormale provenant d’un compte. C'est du moins ce qui est appliqué en théorie, car en réalité, ces plateformes n’ont jamais confirmé l’existence de ce phénomène. Ce sont les utilisateurs et influenceurs qui assurent avoir observé cette pratique, parfois arbitraire.
Pour Instagram par exemple, le shadowban comprend les conséquences potentielles suivantes: le compte n'apparaît plus lorsqu'on le tape dans la barre de recherche, une baisse drastique du nombre de likes et de vues peut survenir ou les publications n'apparaissent pas dans les posts récents liés à un hashtag.
Ce système de bannissement de comptes n'étant pas clairement reconnu, les causes exactes ne sont pas identifiées. Quelques pistes de réflexions sont néanmoins mises en avant: l'une d'entre elles concerne la présence de certains hashtags qui seraient prohibés par ces réseaux, car ils pourraient contenir des informations sensibles. Attention toutefois à ne pas confondre le shadowban avec une baisse du taux d'engagement qui peut être dû à des facteurs complètement autres: le manque de régularité notamment ou la qualité des posts.