Les Suisses amassent beaucoup d'argent, surtout à la maison et sur leurs comptes bancaires. Selon l'OFS, les dépôts de la clientèle sur les comptes suisses s'élevaient en 2021 à environ 1'247 milliards de francs. Mais comme les banques sont toujours aussi avares en matière d'intérêts sur l'épargne, l'argent n'augmente guère. D'où la question cruciale: comment mieux faire «travailler» son argent?
À lire aussi sur l'épargne
«J'ai le sentiment que les gens veulent aller plus loin avec leur argent», assure Fabio Marchesin, planificateur financier et podcasteur. C'est déjà en partie le cas pour les personnes qui ont 15'000 francs sur leur compte en banque. Mais ça l'est d'autant plus pour celles qui possèdent 100'000 francs.
Selon l'âge et le montant disponible, il existe différentes stratégies. Fabio Marchesin recommande une clarification en six étapes:
La sécurité avant tout
Tout d’abord, définissez un montant auquel vous ne toucherez sous aucun prétexte et qui pourra vous servir en cas d’urgence, comme un accident ou une maladie. Ce montant doit également comporter la somme dont vous avez besoin pour vivre, comme le loyer, le prix de vos courses alimentaires et toute autre dépense nécessaire.
Pensez également aux sorties d'argent importantes prévues dans un avenir proche. Pour cela aussi, il faut avoir suffisamment d'argent de côté. N'oubliez pas les impôts!
Choisir une option d'investissement adaptée à son âge
Vous pouvez maintenant «travailler» avec l'argent qui reste. Votre âge est un facteur essentiel pour vos options de placement et la stratégie de risque choisie: «À 30 ans, vous pouvez mieux faire face à un krach boursier que juste avant votre retraite», explique Fabio Marchesin. C'est pourquoi vous devez définir vos priorités.
Miser sur les actions et les ETF
Aux alentours de 30 ans, il est conseillé de s'informer sur les placements en actions sous forme d'ETF passifs - des fonds d'investissement négociés en bourse - et d'y placer son argent. L'horizon d'investissement s'étend sur plusieurs décennies. «Les rendements des placements en actions sont imbattables et le risque est relativement faible avec cet horizon d'investissement», explique le planificateur financier.
De plus, on acquiert déjà de l'expérience en bourse pour le jour où les montants du pilier 3a ou ceux de la caisse de pension seront versés. «Il serait fatal de laisser cet argent sur son compte. Il faut l'employer pour réaliser des investissements», ajoute-t-il.
Acquérir un logement à partir de 40 ans
À 40 ans, si on est chanceux et qu'on a une situation financière confortable, le rêve d'être propriétaire peut devenir réalité. Cela nécessite une plus grande quantité de fonds propres et l’argent disponible est rapidement épuisé. Pour ceux qui ne nourrissent pas ce souhait, investir dans des actions reste une très bonne solution.
Penser à la prévoyance
À partir de 50 ans, voire déjà à 40 ans, les rachats volontaires dans la caisse de pension deviennent intéressants. «Le rendement sans risque des économies d’impôts est tout simplement trop beau pour ne pas être pris en compte», note Fabio Marchesin. Il est toutefois important de tenir compte du taux de couverture de la caisse de pension, de ce qu'il advient des rachats en cas de décès avant la retraite et de la date à laquelle le dernier rachat doit avoir lieu.
En revanche, il est vivement conseillé de contracter un 3ᵉ pilier dès qu'on devient salarié. En effet, la prévoyance personnelle représente environ 40% de la rente perçue à la retraite. Chaque année de cotisation manquée pèsera donc sur votre pension.
Tenir compte des pièges coûteux après la retraite
À 60 ans, amortir son hypothèque peut être un enjeu important. La capacité de remboursement après la retraite est un risque souvent sous-estimé. «Un amortissement partiel du prêt hypothécaire peut s'avérer très utile», explique le spécialiste. S'il n'y a aucun risque, cela vaut la peine d'examiner ce qui devra être rénové dans les années à venir. Les économies d'impôts avec un revenu professionnel sont plus importantes qu'avec un revenu de retraite.
Obligations ou ETF?
Blick a encore recueilli un deuxième avis. Andreas Lichtensteiger, directeur général de Vermögens-Partner AG à Zurich, propose une approche similaire. Selon lui, si vous avez de l'argent de côté, vous devez vous demander quel sera le montant total nécessaire pour subvenir à vos besoins et vos investissements au cours des dix prochaines années. «Les fonds nécessaires à cet effet doivent être placés en toute sécurité, par exemple dans des dépôts à terme ou des obligations en francs suisses».
Les fonds qui présentent un horizon de placement plus long doivent être investis dans des actions. «Dans ce cas, les ETF ou les fonds indiciels sont particulièrement recommandés», conclut-il.