La dirigeante conservatrice, qui a presque égalé, à neuf jours près, le record de longévité de son mentor, Helmut Kohl, a accueilli à 15h00 à la chancellerie son successeur, qui lui a offert un imposant bouquet de fleurs.
Mme Merkel a appelé celui qui était encore il y a peu son vice-chancelier à «travailler pour le bien» de l'Allemagne. M. Scholz lui a en retour rendu hommage pour «tout ce (qu'elle) a fait pour notre pays» et promis un «nouveau départ».
Celle qui est surnommée «l'éternelle chancelière» a ensuite quitté définitivement les lieux et va aborder après 31 ans de carrière politique une nouvelle tranche de sa vie, encore entourée de mystère.
Une personnalité sobre et austère
Présente dans l'assemblée dans la matinée pour assister à l'élection de son successeur, celle qui reste une des personnalités préférées des Allemands a été longuement applaudie par les députés, la plupart debout, avant l'ouverture de la séance plénière.
M. Scholz, élu par une confortable majorité des 736 députés du Bundestag, va, lui, prendre possession de son nouveau bureau et aborder les premières difficultés de son mandat de quatre ans.
Dans la matinée, cette austère personnalité de 63 ans, avait prêté serment au Bundestag, promettant notamment «de consacrer» ses «forces au bien du peuple allemand».
Réputé pour sa sobriété, le nouveau chef de gouvernement, souriant, a reçu les félicitations de nombre d'élus, des bouquets de fleurs - ainsi qu'une corbeille de pommes - et posé pour de nombreux selfies. Ses parents et sa femme, Britta Ernst, une ministre régionale sociale-démocrate, ont assisté à l'événement.
De marginal à maître de l'Europe
Son père, âgé de 86 ans, a confié que son fils, une sorte de «M. je-sais-tout» quand il était enfant, lui avait prédit à l'âge de 12 ans qu'il deviendrait chancelier.
Marginalisé dans son propre parti il y a encore deux ans, M. Scholz est désormais à la tête de la première économie européenne, dans un attelage inédit formé avec les Verts et les Libéraux du FDP.
Féministe convaincu, Olaf Scholz dirigera un gouvernement composé pour la première fois d'autant d'hommes que de femmes, dont certaines occupent des postes clés comme les Affaires étrangères ou l'Intérieur.
Plusieurs fois ministre, ancien maire de Hambourg, M. Scholz a reçu une myriade d'hommages des dirigeants du monde entier.
Le président français Emmanuel Macron a promis à Olaf Scholz d'écrire «la suite ensemble». La présidente de la Commission européenne, l'Allemande Ursula von der Leyen, entend travailler avec lui «pour une Europe forte». Olaf Scholz les rencontrera tous les deux vendredi à l'occasion de son premier déplacement à l'étranger.
Gérer la situation sanitaire
Le président de la Confédération Guy Parmelin a chaleureusement félicité le nouveau chancelier et son gouvernement pour leur élection. Dans un tweet, il a également remercié la chancelière sortante Angela Merkel. La Suisse et l'Allemagne sont liés par une relation de bon voisinage exemplaire, a encore écrit le conseiller fédéral. «La chancelière sortante Angela Merkel et son équipe y ont contribué de manière décisive».
Le Kremlin a souhaité quant à lui «une relation constructive» avec le nouveau chancelier, après des années de tensions entre Moscou et Berlin. Le président chinois Xi Jinping a lui fait savoir que la Chine était prête à élever à un «nouveau niveau» les relations avec l'Allemagne.
La rapidité de Xi Jinping à féliciter le nouveau chancelier allemand contraste avec le traitement reçu par le président américain Joe Biden. Les Verts, dont la nouvelle cheffe de la diplomatie, Annalena Baerbock, promettent pourtant de durcir le ton avec Pékin.
Mais c'est sur la scène intérieure que M. Scholz et son équipe vont devoir affronter leurs premiers obstacles, avec en particulier une situation sanitaire critique.
Le chancelier a la «grande responsabilité» de lutter contre la flambée de Covid-19 dans le pays, a prévenu le président de la République fédérale, qui recevait la nouvelle équipe gouvernementale.
Le nouveau chancelier va aussi devoir composer avec une situation économique défavorable, plombée par une croissance plus faible qu'annoncé et le retour de l'inflation. M. Scholz a aussi une pléthore d'autres chantiers à mener, qui ne recueillent pas forcément l'assentiment des Allemands.
(ATS)