Perte de mémoire, raisonnement difficile, incapacité à réaliser certaines tâches au quotidien… voici les caractéristiques de la démence, affection qui touche plus de 55 millions de personnes dans le monde. Si elle recouvre plusieurs maladies, la démence est surtout provoquée par le syndrome d’Alzheimer (elle peut aussi l’être par la schizophrénie, par exemple) et ses tenants et aboutissants continuent d’être étudiés, alors qu’il n’existe pas encore de remède aujourd’hui. Dans la vaste panoplie d’études réalisées sur le sujet, l’une vient de mettre en lumière trois facteurs de risque majeurs.
Des chercheurs de l’Université d’Oxford se sont penchés sur les scanners du cerveau d'environ 40’000 patients âgés de plus de 45 ans. Ils ont notamment examiné un «point faible» de la région cérébrale, qui a tendance à se dégrader plus vite à partir d’un certain âge. Puis, ils ont identifié 161 facteurs de risque de démence sur lesquels il est possible d’agir, excluant par exemple le vieillissement, pour se concentrer sur la pression artérielle, le poids ou encore le sommeil et la pratique sportive. Ces critères ont été classés en fonction de leur impact réel. Résultat: la démence est d’abord favorisée par le diabète, la consommation d’alcool et... la pollution de l’air.
Diabète, alcool et pollution ont un impact majeur
«De tous les facteurs de risque communs de la démence, [ces trois-là] sont ceux auxquels le cerveau est le plus sensible», résume Gwenaëlle Douaud, la professeure qui a dirigé l’étude. Le diabète, l’alcool et la pollution de l’air ont deux fois plus de conséquences que le fait de fumer par exemple, d’être en surpoids ou de mal dormir. «Ce sont ceux qui causent le plus de dommages, poursuit la professeure dans les colonnes du 'Washington Post', mais les autres ont aussi des effets néfastes.»
Pour le diabète et l’alcool, ce n’est pas une grande surprise. Ces deux facteurs «ont toujours été associés au déclin cérébral et au déclin cognitif, note l’étude de l’Université d’Oxford. En revanche, la pollution, et notamment celle aux oxydes d’azote, n’est citée que depuis une période récente parmi les facteurs de risque de la démence.»
Mais que sont exactement ces oxydes d’azote? Ils résultent des phénomènes de combustion. Autrement dit, on en trouve après une éruption volcanique comme derrière les pots d’échappement des voitures. Et a priori, les volcans ne sont pas les plus grands pollueurs de notre planète. C’est donc bien le transport routier, mais aussi les industries et l’agriculture qui produisent ces polluants. Lorsqu'ils sont présents en grande quantité dans l’air, ces gaz irritants ont des effets délétères sur la santé. L’étude britannique montre donc qu’ils agissent également sur le «point faible» du cerveau responsable de la dégénérescence cognitive.
Des facteurs réversibles
La bonne nouvelle, c’est que ces facteurs sont «modifiables», comme l'affirment les auteurs de l’étude. Réguler sa consommation d’alcool et adopter un mode de vie sain pour éviter le diabète peut avoir des conséquences positives sur la santé, dans l'immédiat comme à long terme. Pour ce qui est de la pollution de l’air, elle est un peu plus difficile à éviter selon l’endroit où vous résidez. Mais le savoir, c’est déjà pouvoir prendre les devants, par exemple en évitant soi-même d’émettre des oxydes d’azote.
Enfin, les chercheurs de l’Université d’Oxford rappellent que des facteurs génétiques, sur lesquels personne ne peut avoir de prise, sont aussi à l'œuvre. Leur étude en a d’ailleurs identifié sept, dont deux parfaitement nouveaux… qui devraient donner lieu à de plus amples recherches scientifiques.