Un Ronaldo numérique à 300'000 dollars
Le sport lorgne toujours plus le phénomène NFT

Les objets numériques à collectionner sont l'une des tendances de 2021. Le monde du sport prend part à cet engouement, chiffré en milliards. Outre les athlètes eux-mêmes, les clubs (dont le FC Sion) s'intéressent de près à ce qu'on appelle les NFT. Blick décrypte.
Publié: 03.01.2022 à 06:14 heures
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Dernière mise à jour: 03.01.2022 à 08:56 heures
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Le tennisman vaudois Stan Wawrinka, triple vainqueur en Grand Chelem, est lui aussi entré dans la danse des NRT, avec son fameux doigt sur la tempe. Un geste caractéristique pour un objet digital unique.
Photo: Instagram /@stanwawrinka85
Sven Micossé

On n'a pas beaucoup vu Stan Wawrinka sur les courts de tennis en 2021, en raison de blessures. Fin novembre, le Vaudois a tout de même surpris ses fans. Avec son «Ballman Project», la star de la petite balle jaune s'est plongée dans le monde des Non-Fungible Tokens (NFT), soit des actifs numériques non-fongibles (soit non-consommables et non-interchangeables, car uniques). Et il n'est pas le seul.

Les NFT ont poussé comme des champignons en 2021. Même Melania Trump a lancé sa propre plateforme. Et le monde du sport veut lui aussi sa part du gâteau. Outre Wawrinka, de nombreuses vedettes ont publié leurs propres œuvres, notamment la joueuse de tennis japonaise Naomi Osaka (24 ans), le boxeur britannique Tyson Fury (33 ans), l'ex-footballeur anglais David Beckham (46 ans) et l'actuelle star du ballon rond Lionel Messi (34 ans). L'œuvre d'art numérique unique du septuple Ballon d'or est à ce jour la plus chère du monde du sport: un fan de l'Argentin l'a payée environ 1,1 million de dollars américains!

Des sommes totalement folles

La valeur de tous les NFT négociés dans le monde échappe à toute imagination. Selon Nonfungible.com, ils ont été négociés pour un total de 13 milliards de dollars US - rien que pour l'année 2021! Des chiffres auxquels le monde du sport a également contribué. La NBA a pris le train en marche très tôt et a lancé en 2020 «NBA Top Shot». Les fans peuvent collectionner ce que l'on appelle des «moments». Il s'agit de courts extraits vidéo de matches particuliers de l'histoire de la NBA. Les objets à collectionner sont limités: ils peuvent être échangés et négociés.

Le succès est immense, mais la question de l'incitation se pose. «Les gens qui achètent cela ont bien sûr des arrière-pensées financières. Mais à côté de cela, il y a aussi un grand plaisir. Les émotions jouent un grand rôle dans les NFT. C'est comme le sport. C'est un bon canal pour l'émotion», explique l'expert en cryptographie Daniel Diemers.

Les jeux de gestion «fantasy» en arrière-fond

L'une des plates-formes NFT les plus réussies est celle de la société française Sorare. Elle associe la vente d'objets de collection à une autre tendance montante du monde du sport: les jeux de gestion «fantasy». S'inspirant des images Panini d'autrefois ou des cartes de baseball à collectionner, elle propose des cartes de joueurs numériques sous forme de NFT. Les utilisateurs composent une équipe à partir de cinq de ces cartes et la font concourir contre d'autres.

Le succès est lié au monde réel: si les vrais joueurs sont performants sur la pelouse ou les parquets, on en profite dans le monde virtuel. En plus des prix en espèces, le propriétaire gagne de l'argent grâce à l'augmentation de la valeur de ses propres cartes et peut réaliser des bénéfices lors de la revente.

Les cartes de jeu doivent être achetées et, comme leur nombre est limité, cela entraîne une offre restreinte et des prix exorbitants. Ainsi, une édition unique de la superstar portugaise du football, Cristiano Ronaldo, a été vendue en mars 2021 pour près de 300'000 dollars américains. Rien que ça!

Le FC Sion participe lui aussi, YB se méfie

Plus de 200 clubs sont licenciés chez Sorare. La Bundesliga (Allemagne) et la Liga (Espagne) ont même conclu des partenariats officiels. Un club de la Super League suisse, le FC Sion, est également représenté. «Cela nous permet d'atteindre de nouveaux groupes cibles dans le monde entier et offre aux fans existants des possibilités supplémentaires de s'engager avec les joueurs et les clubs qu'ils aiment», avait déclaré le directeur du club valaisan, Massimo Cosentino, lors de l'annonce.

Le champion de Suisse, Young Boys, a choisi une autre approche. Outre leur token (jeton) de supporter, les Bernois ont récemment vendu des cartes d'autographes numériques. «Nous voulions faire nous-mêmes quelque chose et l'avoir en main. Car le partage des revenus lors de la collaboration avec Sorare est au désavantage des clubs», explique Reto Steffen, Chief Digital Officer d'YB.

Tout cela n'est-il qu'un engouement voué à s'essouffler, ou une évolution naissante mais déjà lourde et destinée à se renforcer? L'expert en cryptographie Daniel Diemers tranche : «C'est un développement durable, il ne disparaîtra pas dans les années à venir.» Alors, à vos cartes et tokens!

(Adaptation par Yvan Mulone)


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