«Je viens présenter mes excuses à ceux que mon canular, qui n'avait rien d'original, a pu choquer. Il voulait simplement inciter à la prudence vis-à-vis des images qui semblent éloquentes par elles-mêmes», a tweeté mercredi Etienne Klein, physicien et philosophe des sciences.
Dimanche, le scientifique avait posté une photo d'une tranche de chorizo sur fond noir, en affirmant qu'il s'agissait d'une image de l'étoile la plus proche du Soleil, prise avec le tout nouveau télescope spatial James Webb (JWST). «Ce niveau de détails... Un nouveau monde se dévoile jour après jour», commentait-il dans un tweet.
Sa publication, révélée par le média en ligne HuffPost, a connu un certain succès sur les réseaux sociaux, avec 1334 retweets et 10'000 mentions «j'aime». Et trompé de nombreuses personnes.
«Je pensais que l'image allait être détectée comme fausse»
«J'ai été surpris par l'ampleur que ça a pris: je pensais que l'image allait être immédiatement détectée comme étant fausse. Et quand j'ai vu qu'un grand journaliste de BFMTV s'extasiait et qu'il risquait de la répandre, je lui ai signalé que c'était une blague. Il a pris ça avec beaucoup d'humour», a raconté Etienne Klein à l'AFP.
«J'ai ensuite présenté des excuses, car visiblement certains ont l'impression d'avoir été pris pour des andouilles, ce qui n'est pas du tout le cas», a plaidé le chercheur, également producteur de l'émission «Science en questions» sur la radio France Culture.
L'image de la tranche de chorizo est un canular récurrent, utilisé notamment il y a quelques années pour faire croire à la face cachée de la Lune.
«Tradition chez les physiciens»
«Le canular est une tradition ancienne chez les physiciens», souligne le scientifique de 64 ans, directeur de recherche au Commissariat à l'énergie atomique (CEA). Comme il l'a expliqué sur Twitter, son geste fait écho à l'affaire Sokal, du nom d'un physicien américain qui avait publié en 1996 un article canular dans une revue à comité de lecture.
«Un canular a une vertu pédagogique. Il dit notre faculté à être dupé, interroge notre rapport aux sources... On va vu pendant le Covid que certains scientifiques isolés pouvaient publier des contre-vérités sans être contredits», a ajouté Etienne Klein. Et de s'interroger sur le fait que sa fausse image a été «bien plus 'likée'» que les vraies photos du JWST qu'il avait tweetées auparavant.
(ATS)