La semaine prochaine, les chefs d'État et de gouvernement des sept plus importantes nations industrielles du monde occidental se réuniront pour le sommet dans le comté anglais des Cornouailles. Bien sûr, le coronavirus est à l’ordre du jour du G7 – mais une autre menace pour la santé humaine l’est tout autant.
À l'avenir, la résistance aux antibiotiques pourrait nous causer encore plus de problèmes que la pandémie actuelle. Depuis des années, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) met en garde contre les bactéries qui sont de plus en plus immunisées contre la pénicilline et d'autres antibiotiques, notamment en raison de leur utilisation excessive.
L'ère post-antibiotique
«Si nous n'agissons pas, nous nous dirigeons vers une ère post-antibiotique dans laquelle de simples maladies infectieuses et des blessures peuvent à nouveau tuer», prévient l'OMS qui demande instamment le développement d’alternatives aux antibiotiques.
L'un d’entre eux est développé par la «Hochschulmedizin Zürich», qui est le fruit d’un partenariat entre l'Université de Zurich et de l'École polytechnique fédérale (EPFZ). L'équipe dirigée par les professeurs Onur Boyman, Thomas M. Kessler et Martin Loessner, étudie les virus qui tuent les bactéries nuisibles. Pour une fois, les virus jouent un rôle positif. En fait, ces «mangeurs de bactéries» – appelés bactériophages – ne sont pas nouveaux, explique M. Kessler. Ils étaient déjà utilisés il y a cent ans. Cependant, avec la découverte des antibiotiques dans les années 1920, ils ont presque été oubliés.
Avec des virus contre des bactéries
Un oubli qui a pris fin récemment. Il y a cinq ans, Kessler et son équipe ont lancé un projet avec des chercheurs de Tbilissi, en Géorgie. Contrairement à de nombreux pays occidentaux, l'Union soviétique et ses États satellites ont poursuivi leurs recherches sur cette technologie. Des tests ont montré que les virus sont presque aussi efficaces que les antibiotiques pour combattre les bactéries.
Huit groupes de recherche de l'Université de Zurich, de l'EPFZ, de l'Hôpital universitaire de Zurich et de la clinique universitaire de Balgrist ont donc uni leurs forces au sein du projet «ImmunoPhage». L'objectif de ce groupe de travail est de cultiver des virus qui ciblent spécifiquement une bactérie. C'est par exemple le cas de l'Escherichia coli (bactéries colibacilles) qui peut également déclencher des infections de la vessie.
«Nous ne voulons pas seulement tuer la bactérie, nous voulons aussi élaborer une thérapie durable», explique Onur Boyman, de l'université de Zurich et du département d'immunologie de l'hôpital universitaire. «Nous devions donc trouver un moyen d'empêcher la vessie de s'infecter à nouveau. Avec «ImmunoPhage», non seulement les bactéries sont tuées, mais le système immunitaire est aussi renforcé de manière spécifique.»
Une alternative aux vaccins
Les bactériophages ne sont pas la seule alternative aux antibiotiques. Les vaccins sont également une option. Des vaccins contre les infections des voies urinaires sont déjà disponibles. La société pharmaceutique américaine «Johnson & Johnson» travaille sur un autre vaccin contre la bactérie Escherichia coli.
Thomas M. Kessler ne pense pas que cela apportera une avancée majeure – contrairement à son propre projet de recherche: «L'avantage des bactériophages est qu'ils sont faits sur mesure. Ils désactivent spécifiquement les bactéries nocives et renforcent le système immunitaire afin de vous protéger à l’avenir.»
Le danger de la résistance aux antibiotiques
L'utilisation excessive d’antibiotiques ayant augmenté une fois de plus pendant la pandémie du coronavirus, la question est également à l'ordre du jour du sommet du G7, déclare Tim Walsh, directeur d'un institut de recherche de l'université d’Oxford, dans le journal «The Telegraph». «Les gens ont compris: si nous ne mettons pas un terme à la résistance aux antibiotiques, le Covid-19 aura des allures de pique-nique dominical en termes de vies humaines et d'économie.»
Ce qui pourrait rendre l’approche d'«ImmunoPhage» d’autant plus importante. Actuellement, les bactériophages ne sont pas autorisés en Suisse. Ceci est principalement dû à un manque d’études, dit Kessler. Mais: «Nous travaillons avec Swissmedic pour rapprocher les thérapies par bactériophages des patients et, dans un deuxième temps, pour pouvoir les utiliser en Suisse.»