«Lorsque la ceinture d'un astéroïde est aussi éloignée, nous nous attendrions à ce que ses matériaux (ndlr: composants) se fondent en l'espace de quelques décennies pour former une petite lune» (ndlr: mais cela ne s'est pas produit), a déclaré à Keystone-ATS le professeur d'astrophysique à l'Université de Berne Willy Benz, qui a participé à la découverte avec l'équipe de Cheops.
Les anneaux autour des planètes ou astéroïdes sont constitués de débris de roches et de glace. Ils se trouvent généralement en deçà d'une «distance théorique» de la planète (limite de Roche), qui représente la limite de fragmentation sous l'effet des forces de marée.
Théorie mise à mal
La découverte des chercheurs met à mal cette théorie. En effet, elle va à l'encontre de l'idée selon laquelle les anneaux ne pourraient survivre qu'à l'intérieur de cette limite de Roche, établie à 1780 km. «Cette acception doit être revue entièrement», indique mercredi un communiqué de l'Agence spatiale européenne (ESA). Dans le cas présent, l'anneau a été repéré à quelque 4100 km de la planète.
Une des hypothèses pour expliquer cette anomalie serait que l'anneau découvert par Cheops est encore très récent, précise Willy Benz. Mais c'est très peu probable. Il se peut aussi que les matériaux de l'anneau soient plus élastiques que ce qui est convenu habituellement. «Ainsi, les parties auraient tendance à éclater, à s'éloigner plutôt qu'à s'agglutiner», précise le professeur.
Il est aussi possible que les particules bougent à une vitesse telle que leur fusion ne se produirait pas. De nouvelles analyses sont nécessaires pour élucider le mystère. En attendant, la découverte a été publiée dans la revue «Nature».
Collaboration entre la Suisse et l'ESA
Quaoar est un objet massif de la ceinture de Kuiper (au-delà de l'orbite de Neptune) découvert en 2002, d'un diamètre de 1250 km. Cette planète naine est 44 fois plus éloignée du soleil que la Terre.
Cheops, petit télescope spatial développé conjointement par l'Université de Berne et l'Agence spatiale européenne (ESA), avec une collaboration de l'Université de Genève, a permis de capter des signaux clairs et de découvrir la particularité du système d'anneaux de l'astéroïde. Le télescope «patrouille» à une hauteur de 700 km au-dessus de la Terre et a pour mission d'étudier de près les exoplanètes déjà connues. Les astronomes s'efforcent notamment d'évaluer s'il existe des conditions permettant la vie sur une des planètes.
(ATS)