La communication par l'estomac
Les fourmis créent un métabolisme à l'échelle de la colonie

Les fluides échangés bouche-à-bouche (trophallaxie) au sein d’une colonie de fourmis permettent à celles-ci de partager le travail métabolique et d’adapter ce dernier aux besoins de la colonie. C'est ce qui ressort d'une étude de l'Université de Fribourg.
Publié: 16.11.2021 à 16:10 heures
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Dernière mise à jour: 17.11.2021 à 11:36 heures
Les fourmis ont deux estomacs, un pour digérer leur propre nourriture, un autre placé avant celui-ci, dit social, destiné au stockage des fluides partagés par régurgitation avec d’autres fourmis de la colonie (archives).
Photo: Robin Loznak

«Les fourmis ont deux estomacs, un pour digérer leur propre nourriture, un autre placé avant celui-ci, dit social, destiné au stockage des fluides partagés par régurgitation avec d’autres fourmis de la colonie. Ces échanges de fluides permettent aux fourmis de partager de la nourriture, mais aussi des protéines importantes produites par les fourmis elles-mêmes», peut-on lire dans le communiqué diffusé mardi.

L’équipe de chercheurs a analysé toutes les protéines produites par les fourmis trouvées dans l’estomac social d’individus de la colonie. Elle a ensuite comparé la variation des protéines selon qu’il s’agit d’une fourmi nourricière ou fourragère.

Les scientifiques ont notamment constaté que les individus de colonies anciennes présentaient un plus grand stock de protéines nutritives, nécessaires à la croissance et à la métamorphose des jeunes fourmis. Les estomacs des fourmis nourricières de la colonie présentaient aussi un taux supérieur de protéines anti-vieillissement.

Pour les chercheurs, cela suggère que les membres de la colonie stockent ces protéines, qui prolongent l’espérance de vie, dans les fourmis nourricières pour s’assurer qu’elles survivront et pourront s’occuper de la génération suivante. «Ces résultats montrent que certains individus de la colonie sont en mesure de faire un travail métabolique utile à d’autres», a déclaré Sanja Hakala, coauteure de l’étude, publiée dans «eLife».

«En comprenant mieux la façon dont les fourmis partagent le travail métabolique, nous en apprendrons davantage sur la manière dont d’autres êtres vivants, notamment les humains, répartissent les tâches métaboliques entre différents tissus ou différentes cellules de leur organisme», a expliqué Adria LeBœuf, professeur assistante et directrice du laboratoire d’étude des fluides sociaux du Département de biologie de l’Université de Fribourg.

(ATS)

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