«Cet objet n'a fait que d'apparaître et de disparaître pendant des heures. Il ne ressemblait à rien de connu»: ce ne sont pas les mots d'un citoyen lambda mais d'une experte en astrophysique, Natasha Hurley-Walker de l'Université de Curtin en Australie.
Dans la revue spécialisée «Nature», la scientifique qualifie la découverte de son équipe «effrayante, même pour une astronome», puisque rien de connu ne devrait se comporter comme cet étonnant objet tournant dans la Voie lactée. C'est un étudiant de thèse qui a découvert l'important rayonnement électromagnétique, toutes les 18,18 minutes, émis par le phénomène observé grâce à un radiotéléscope australien. «À chaque fois qu'il s'allumait, il devenait aussitôt le point le plus lumineux depuis la Terre», annoncent les auteurs de l'étude.
«Les films de science-fiction se réalisent»
Depuis deux jours, cette découverte fascine les internautes et alimente les plus grands fantasmes. Il n'en fallait pas davantage pour que le célèbre mentaliste israélien Uri Geller appelle la NASA à «décoder les messages» qui annonceraient selon lui un «atterrissage de masse imminent». «Je n'ai aucun doute sur le fait que tout cela est lié à une intelligence extraterrestre bien supérieure à la nôtre», écrit sur Instagram celui qui avait même fait l'objet de recherches de la CIA pour ses prétendus super-pouvoirs.
Ces observations s'intègrent à merveille dans le narratif de l'Israélien, puisqu'il annonçait récemment au «Sun» que des extraterrestres débarqueraient dans les prochaines années. «Tous les films de science-fiction vont se réaliser», prédisait le sulfureux télépathe autoproclamé, perçu par beaucoup comme un charlatan.
Un magnétar?
Rien de tout cela du côté scientifique. Les chercheurs ne pensent pas qu'il puisse s'agir de messages d'une autre forme de vie, puisque le signal a pu être observé sur une large gamme de fréquences. «Il doit donc s'agir d'un processus naturel et non d'un signal artificiel», estime Natasha Hurley-Walker, «impatiente de mieux comprendre cet objet et d'étendre les recherches à d'autres observations similaires».
A l'heure actuelle, les soupçons se portent vers un magnétar à période ultra-longue, un phénomène théorisé par les chercheurs mais jamais encore observé. GLEAM-X J162759.5-523504, le nom scientifique de l'observation, serait simplement le plus vieux des magnétars jamais observé: sa rotation dépasse 18 minutes contre quelques secondes ou jusqu'à une minute au maximum, pour les autres objets de ce type. «Cela suggère qu’il a à peu près l’âge de notre galaxie», avance à «France24» Diego Gotz, astrophysicien au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives.
Et le chercheur de poursuivre: «L’énergie dégagée toutes les 18 minutes par ces flashes correspond à celle envoyée par le soleil sur Terre durant 100 jours ou encore équivaut à celle de 10'000 milliards (10 puissance 10) explosions de bombes Hiroshima. Je ne m’imagine pas une civilisation, aussi évoluée soit-elle, capable de faire ça.»