Anna Marsden est enthousiaste: elle a vu des bébés coraux passer du stade de larves microscopiques à la taille d'assiette, avant de se reproduire à leur tour. «Ils peuvent ainsi restaurer un récif affaibli», s'est réjouie l'Australienne, qui dirige la Great Barrier Reef Foundation, à la plateforme d'information américaine Goodnewsnetwork.
En 2016, des chercheurs ont collecté des spermatozoïdes et des ovules de coraux sains et les ont assemblés en laboratoire. Les larves ainsi créées artificiellement ont été cultivées dans un bassin spécial en mer, puis «lâchées» dans des endroits fragilisés de l'immense récif long de 2300 kilomètres au nord-est de l'Australie.
Les coraux sont hermaphrodites
Depuis, il s'est passé beaucoup de choses sous la surface de la mer. Comme le rapporte Goodnewsnetwork, les chercheurs de la Great Barrier Reef Foundation ont pu constater que 22 des colonies de coraux relâchées à l'époque étaient arrivées à maturité, avaient produit des ovules et des spermatozoïdes et se préparaient à frayer.
D'ailleurs, la grande majorité des coraux sont hermaphrodites et produisent à la fois des ovules et des spermatozoïdes. Une fois par an, ces derniers sont libérés en même temps, à une date et une heure propres à chaque espèce de corail (le récif en compte plusieurs centaines). Les cycles restent encore mystérieux pour les scientifiques. Les ovules fécondés se transforment en larves, qui se fixent ensuite dans un endroit approprié, exposé aux courants, ce qui permettra ensuite aux coraux de capter leur nourriture microscopique.
Un lieu unique et crucial pour la biodiversité
La Grande Barrière de corail est un lieu de vie et de reproduction d'une importance capitale pour d'innombrables espèces marines, notamment 1500 sortes de poissons et 4000 de mollusques, à tel point qu'elle est souvent considérée comme le plus grand écosystème de la planète.
Ce gigantesque récif visible depuis l'espace, d'une superficie d'environ 350'000 kilomètres carrés (soit près de neuf fois celle de la Suisse), est menacé aujourd'hui par le réchauffement de l'eau des océans, qui blanchit le corail et le tue. Mais aussi par la pollution provoquée par l'agriculture intensive et par l'exploitation minière en Australie. La Grande Barrière de corail est inscrite au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1981.
(Adaptation par Yvan Mulone)