Trop beau pour être vrai: des chercheurs américains travaillant sur l'invention d'une pilule qui détruirait 70 types de tumeurs font d'importants progrès. Le médicament AOH1996 pourrait à l'avenir sauver la vie de nombreux patients atteints de cancer.
Comment cela fonctionne?
La pilule AOH1996 s'attaque à une protéine particulière, le PCNA, laquelle permet de protéger nos cellules. Mais il en existe une version cancérigène. Cette protéine dévastatrice s'attaque à certains types de cellules et se développerait de façon incontrôlée. La nouvelle pilule vise à stopper cette dernière.
«Notre pilule anticancéreuse serait comparable à une tempête de neige qui fermerait une importante plaque tournante d'une compagnie aérienne, laissant au sol les avions porteurs de cellules cancéreuses», explique la directrice de recherche Linda Malkas du City of Hope Medical Center à Duarte, en Californie, un centre de recherche de pointe sur le cancer. On ne sait pas encore à quel stade la pilule sera utilisée plus tard sur l'homme. Mais l'étude prouve que d'importants progrès dans le domaine ont d'ores et déjà été réalisés.
L'origine d'AOH1996?
Le nouveau médicament miracle porte le nom d'une fillette nommée Anna Olivia Healey, née en 1996 et décédée à l'âge de neuf ans d'un neuroblastome. «Je savais que je voulais faire quelque chose de spécial en l'honneur de cette petite fille», explique Malkas. Les parents d'Anna ont créé un fonds qu'ils ont baptisé A.N.N.A.. Grâce aux dons, la famille a récolté plus d'un demi-million de dollars pour la recherche sur le cancer.
Contre quels types de cancer le médicament sera-t-il utilisé?
La pilule AOH1996 aurait déjà réussi à contenir la propagation de plus de 70 types de cancer, entre autres, le cancer du sein, de la prostate, des ovaires, de la peau et des poumons. Selon l'état actuel de la recherche, AOH1996 pourrait être utilisé seul ou en préparation à un traitement de chimiothérapie.
Où en est le développement?
Le développement n'en est encore qu'à ses débuts, en phase I. «Il ne s'agit pour l'instant que de données précliniques, c'est-à-dire de cultures cellulaires et d'expérimentations animales. Selon les études cliniques à venir, nous verrons s'il en résultera un nouveau médicament efficace», explique au Blick Thomas Cerny, l'ancien président de la Recherche suisse contre le cancer RSC.
Combien de temps avant que le médicament ne soit commercialisé?
Il faut trois phases de plusieurs années pour qu'un médicament soit mis sur le marché. «Si tout se passe bien, je m'attendrais à cinq à dix ans», explique Cerny.
Ce médicament pourrait-il réellement devenir la pilule miracle contre le cancer?
Le médecin Cerny est sceptique. «Je ne pars pas du principe qu'il deviendra le nouveau médicament miracle contre le cancer. Mais il pourrait, surtout en combinaison avec des médicaments existants, devenir un nouvel élément de traitement pour certains types de tumeurs. Il faudra maintenant de nombreuses années pour que nous le sachions vraiment.»