Et si les vêtements que vous portez étaient nuisibles à votre santé? Quels sont les risques réels? Pour répondre à toutes les questions que vous vous posez — et même à celles que vous ne vous posiez pas encore, Blick fait le point avec la scientifique environnementale Nina Bachmann.
Quels sont les produits chimiques les plus utilisés pour les vêtements?
«L'éventail est énorme. Pour les vêtements, on utilise souvent des graisses, des huiles, des cires, des acides et des résines synthétiques. Ou de la paraffine — une composition chimique d'hydrocarbures saturés. Elle est en grande partie obtenue comme déchet dans l'industrie pétrolière et a une consistance huileuse. Le terme générique pour tous ces procédés est apprêt».
Quel est l'effet des produits chimiques?
«Les graisses, les huiles, les cires et les paraffines sont des assouplissants. Cela signifie qu'elles rendent les textiles plus souples. Si l'on veut qu'ils soient hydrofuges (protégés de l'eau), on utilise notamment des silicones. Pour les vêtements oléofuges (protégés des huiles et des graisses) et antisalissants, ce sont des hydrocarbures fluorés. Les azurants optiques empêchent les tissus de jaunir ou de devenir gris. Les dérivés de polyamide, quant à eux, rendent les fibres synthétiques plus absorbantes et sont utilisés par exemple pour les bas ou les gaines en nylon afin qu'ils restent secs en cas de transpiration».
Quels produits chimiques présentent des risques pour la santé?
«En Suisse et dans l'UE, les produits chimiques dangereux pour la santé ne peuvent plus être utilisés sur les textiles. Les entreprises sont contrôlées et des contrôles aléatoires sont régulièrement effectués. Dans les pays hors d'Europe, les lois ne sont toutefois pas toutes aussi strictes et tout ce qui est mis sur le marché chez nous n'est pas contrôlé à grande échelle. Il peut donc arriver qu'un vêtement, par exemple, se retrouve en vente chez nous alors que sa teinture contient des métaux lourds à des concentrations interdites».
Quelles autres substances peuvent nuire à la santé?
«Des ingrédients naturels peuvent également provoquer des réactions allergiques et des problèmes respiratoires. Ainsi, une certaine protéine, que l'on trouve dans la soie brute, peut provoquer de fortes réactions allergiques. C'est pourquoi on l'élimine par lavage lors du prétraitement. Les réactions négatives les plus fréquentes sont cependant d'ordre physique. Les étiquettes ou la nature de la laine peuvent irriter les peaux sensibles au point de provoquer de l'eczéma dans le pire des cas».
Quelles sont les alternatives?
«Dans le domaine de la chimie verte, de nouvelles alternatives innovantes sont constamment développées, comme par exemple les colorants issus des pelures de betteraves ou d'oignons, comme pour la coloration des œufs. Le défi consiste à obtenir une qualité de couleur constante et résistante à la lumière pour de grandes quantités. L'industrie textile fait de grands progrès dans ce domaine».
Comment est réglementée la manipulation des produits chimiques dans les vêtements?
«En Suisse, les textiles, en tant qu'objets en contact avec la peau, sont réglementés par la législation sur les denrées alimentaires. L'utilisation de certains produits chimiques y est interdite ou limitée, les listes d'interdiction étant harmonisées avec l'UE. Il n'y a pas d'obligation de déclaration, les inspections des denrées alimentaires des cantons doivent surveiller le marché et veiller à ce que les lois soient respectées».
Comment puis-je savoir quel produit chimique contient un vêtement?
«Il existe de nombreux labels de qualité privés. L'un des plus connus est le standard Oekotex 100, selon lequel les textiles tels qu'ils arrivent dans le magasin sont testés par des laboratoires externes pour ce qui est des substances nocives. De manière générale, il vaut la peine de vérifier si les marques de vêtements ont une stratégie de durabilité. Pour une marque qui vend des t-shirts à un prix neuf de moins de 4 francs, c'est plutôt improbable».