23 femmes ont été tuées par leur conjoint depuis le début de l'année. Selon une étude, ces cas extrêmes ne semblent être que la partie émergée de l'iceberg: 42% des femmes interrogées disent avoir déjà subi des violences au sein de leur couple. Chez les hommes, ce chiffre est de 24%.
Les femmes sont donc touchées de manière disproportionnée, relèvent les auteurs de cette étude publiée mardi et réalisée à l'automne 2021 par l'institut Sotomo auprès de plus de 3500 personnes. Les réponses obtenues font référence à la fois à la violence psychologique, physique et/ou sexuelle.
Les femmes, âgées de 26 à 45 ans, sont le plus souvent concernées, selon cette étude menée sur mandat de la Fédération solidarité femmes de Suisse et du Liechtenstein (DAO). Presque la moitié des répondantes de ce groupe d'âge ont indiqué avoir été victimes de violences au sein de leur couple.
Comme il n'existe pas d'études de prévalence complètes sur une longue période, les auteurs soulignent que les résultats doivent être considérés isolément comme une première évaluation de la situation.
La politique doit en faire plus
L'étendue de la violence domestique est également confirmée par les réponses à la question de savoir si cette forme de violence a déjà été suspectée dans l'environnement immédiat. Près de 40% des personnes interrogées ont répondu par l'affirmative.
Pour trois quarts des sondés, la violence dans une relation est la première raison d'une séparation. Mais le nombre élevé de personnes concernées montre que ce type de violence est un phénomène quotidien pour un trop grand nombre de personnes.
Quelque 80% des sondés tendent à percevoir la violence domestique comme un problème social. Le même pourcentage est d'avis que la politique devrait en faire plus.
La partie émergée de l'iceberg
Les résultats de l'étude et le nombre élevé de féminicides commis ces dernières semaines dressent un tableau sérieux, peut-on lire dans le communiqué. Compte tenu des nombreuses femmes qui, selon l'étude, ont déjà subi des violences de la part de leur partenaire, les féminicides ne sont apparemment que la partie émergée de l'iceberg.
Pour de nombreuses femmes victimes de violences et leurs enfants, les maisons d'accueil sont un lieu important où se rendre. Elles représentent une opportunité de sortir de la spirale de la violence, relèvent les auteurs de l'étude.
Plus de 90% des personnes interrogées ont déclaré qu'il serait judicieux que les autorités publiques consacrent davantage de fonds aux campagnes contre la violence domestique.
Avec son adhésion à la Convention d'Istanbul en 2018, la Suisse est tenue de prendre des mesures d’envergure contre les violences genrées et la violence domestique, rappelle la DAO.
(ATS)