La jeune femme avait 21 ans quand elle est décédée, le thorax perforé par un couteau de cuisine de 19 centimètres de long, dans l'appartement du couple situé à Chêne-Bourg (GE). C'était dans la nuit du 17 au 18 décembre 2019.
Les faits s'étant déroulé à huis clos, le Tribunal s'est fondé sur les déclarations des différents protagonistes de cette affaire et sur des éléments matériels pour se forger une intime conviction. Les explications contradictoires et incohérentes du jeune homme sur le déroulement de la nuit fatale ont contribué à convaincre les juges de sa culpabilité.
Relation «immature, instable et fusionnelle»
Lors de la lecture du jugement, la présidente du Tribunal, Alessandra Armati, est revenue sur la relation «immature, instable et fusionnelle» qu'entretenait le couple dès le début de leur idylle. Les deux jeunes gens s'étaient rencontrés en été 2015 dans le sud de la France où habitait alors la victime. Lui avait 17 ans et elle 16.
Ils se voyaient les week-ends et pendant les vacances. Elle a fini par s'installer en septembre 2019 à Genève dans l'appartement de son compagnon, qui était alors au chômage. Dès août 2019, cet homme décrit par les proches de la victime comme jaloux et se contrôlant mal. Les messages analysés dans les téléphones potables attestent d'une violence réitérée.
L'escalade de la jalousie
À l'automne 2019, elle se rapproche d'un autre homme, un ami de son compagnon. Mais elle avait peur qu'il n'apprenne cette relation, relève le Tribunal. Les juges sont convaincus que contrairement à ce qu'a affirmé l'individu, il savait parfaitement que sa compagne allait le quitter pour cet autre homme.
Il sentait qu'elle lui échappait, qu'il n'avait plus le contrôle sur elle, ont retenu les juges. Juste avant le meurtre, il disait qu'il était calme. Faux, selon les juges, qui soulignent que le fait d'avoir découvert sur le téléphone de sa copine des échanges amoureux avec l'autre homme a attisé son énervement et sa jalousie. Un voisin a aussi entendu une dispute.
Incohérences et changements de version
Le jeune homme a toujours nié avoir tué sa copine. Il a répété devant les juges qu'elle s'était suicidée en se plantant elle-même un couteau dans le thorax. Cette thèse n'a pas été exclue par les experts légistes. Ils ont toutefois précisé que ce mode de suicide était rare et atypique.
Les incohérences ainsi que les changements de version de l'homme au sujet de son comportement après les faits ont persuadé les juges qu'il était le seul responsable de la mort de sa compagne. Il l'a tuée et voulait ensuite mettre fin à ses jours. Mais il n'a pas eu le courage de le faire, a estimé le Tribunal pour expliquer notamment l'appel très tardif aux secours.
Les juges ont retenu la circonstance aggravante de l'assassinat, comme le demandait le Ministère public, qui avait toutefois requis une peine plus sévère, soit 18 ans de prison. Les juges n'accordent aucune circonstance atténuante à ce jeune homme qui ne supportait juste pas que sa copine le quitte. Il a fait preuve de sang-froid. L'homme n'a exprimé aucun regret, ni remords.
(ATS)