Pendant deux ans, Zainab Z.* a été prisonnière d'un mariage arrangé au Liban. La charia, le système juridique et moral de l'islam, l'emprisonnait. La jeune femme avait perdu ses droits. Elle s'est battue pour quitter cette vie d'enfer… jusqu'à sa fuite. La militante des droits de l'Homme et critique de l'islamisme Saïda Keller-Messahli explique comment fonctionne ce système et comment il est appliqué.
Que signifie la charia?
Concrètement et simplement, la charia est l'ensemble des prescriptions morales et juridiques du musulman, pour suivre, au mieux, la volonté de Dieu. Saïda Keller-Messahli explique que la charia s'applique à l'entièreté de son existence. «Cela commence par la prière, la manière de se laver et, en général, la manière de mener sa vie pour être un bon musulman, une bonne musulmane.» Elle précise qu'il n'y a pas de différences fondamentales entre les sunnites et les chiites. Du moins en ce qui concerne l'oppression des femmes. «Mais cela dépend du pays dans lequel on vit et de l'homme que l'on épouse», ajoute l'experte.
Où se situent ces lois?
«Il n'existe rien de tel qu'un droit religieux islamique uniforme et canonisé avec des normes universelles clairement définies», explique-t-on chez Humanrights. Il n'existe pas non plus de code complet de la charia. Elle est principalement issue de l'interprétation de textes religieux.
Quels sont les droits des femmes dans la charia?
«Dans la charia, les femmes n'ont aucun droit. C'est une loi qui date de centaines d'années», avance Saïda Keller-Messahli. Elle poursuit en expliquant qu'aucune religion monothéiste n'attribue à une femme les droits qu'elle reçoit d'un État de droit. L'experte, dont Blick avait fait le portrait, en a également fait l'expérience.
Quel est le danger des mariages arrangés sous la charia?
Pour Saïda Keller-Messahli, l'histoire actuelle est une «gifle au visage» du mouvement des femmes dans le monde arabe. Car celui-ci existe bel et bien, assure l'experte. Les jeunes femmes se laisseraient souvent amadouer par la famille – ou le père – parce que le spectacle leur plaît. «Et finalement, ce sont les femmes qui en paient le prix», explique Saïda Keller-Messahli. Si les parents mettent en place un tel mariage, ils sont également complices, estime-t-elle.
Que se passe-t-il pour les femmes?
Sur ce point, l'experte n'hésite pas à utiliser des mots sévères: «Dans la charia, on peut jeter une femme comme un sac-poubelle.» Cela signifie que l'homme peut divorcer comme il souhaite de son épouse, l'inverse étant plus difficile. «Une femme se retrouve ainsi sans droits, sans protection, sans pension alimentaire et sans enfants – ceux-ci restent en effet chez leur père. Du moins les fils», explique la militante.
C'est pour cette raison qu'elle est assez critique vis-à-vis du comportement de ces femmes qui, par le biais d'un mariage arrangé, «veulent être de bonnes musulmanes». «Elles abandonnent les libertés et les possibilités qu'elles ont dans leur pays avant de traverser l'enfer», conclut Saïda Keller-Messahli.
*Nom modifié