Une seule diète recommandée par l'experte
Ces tendances alimentaires qui ne sont pas toujours bonnes à prendre

Une alimentation saine figure en tête de la liste des résolutions pour 2025. En se renseignant en ligne, on découvre une infinité de philosophies, du carnivore au végétalien. En voici un aperçu, avec l'avis d'une experte.
Publié: 08.01.2025 à 10:45 heures
Un régime extrêmement vert est-il le plus sain? Pas forcément, dit l'experte en nutrition.
Photo: imago/imagebroker
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Sandra Casalini

Des milliers d'influenceurs se bousculent sur Tiktok et autres plateformes, mettant joyeusement en scène leurs philosophies alimentaires et leurs corps parfaits. La nutritionniste Beatrice Conrad trouve toutefois la plupart de ces tendances inquiétantes. «Beaucoup de ces formes d'alimentation sont déséquilibrées et peuvent entraîner des carences.» C'est pourquoi les influenceuses concernées brandissent rapidement divers compléments devant la caméra. Avec succès: en 2024, un chiffre d'affaires record d'environ 105 millions de francs a été réalisé en Suisse avec des vitamines, des minéraux et autres compléments.

Un chiffre que Beatrice Conrad ne peut que déplorer. «Les personnes qui se nourrissent de manière équilibrée n'ont généralement pas besoin de compléments. De plus, les poudres et les pilules ne pourront jamais remplacer un véritable aliment.» Et «à long terme, trop penser à la nourriture est aussi malsain que trop de sucre!» Pour Blick, la nutritionniste passe au crible les principales tendances. Elle ne donne sa bénédiction sans réserve qu'à une seule d'entre elles.

Alimentation carnivore et animale

Voici les tendances: le régime carnivore se concentre sur les produits d'origine animale. Les adeptes les plus rigoureux ne mangent que de la viande, ceux qui sont un peu moins stricts mangent aussi du poisson et des fruits de mer, des œufs et des produits laitiers comme le beurre et le fromage. Les fruits et le miel sont également autorisés dans le cadre de l'alimentation basée sur les animaux.

Ce qu'ils sont censés apporter: l'absence de céréales, de légumes et de noix serait bonne pour l'intestin et le système immunitaire et l'absence de sucre et d'hydrates de carbone ferait baisser le taux de glycémie. Ce mode d'alimentation serait également adapté à la perte de poids, car les nombreuses protéines rassasient plus longtemps.

Ce que dit l'experte: «J'aime dire que dans chaque philosophie se trouve un grain de vérité. C'est aussi le cas ici: notre corps peut bien assimiler les protéines animales. Malgré tout, ces modes d'alimentation vont à l'encontre de tout ce que l'on sait sur une alimentation saine. Car: oui, on peut consommer trop de protéines. La dégradation produit de l'acide urique, qui surcharge les reins et peut par exemple entraîner des calculs rénaux. Mais le problème le plus important est le manque de fibres alimentaires et de nutriments dont notre corps a un besoin urgent. De plus, je vois toujours un certain risque de trouble alimentaire lorsqu'on s'engage dans des philosophies aussi restrictives.»

De la viande, de la viande et encore de la viande : la pierre angulaire du régime carnivore.
Photo: Sven Thomann

Alimentation cétogène, paléo et low carb

Voici les tendances: dans le cas de la diète cétogène, l'apport en glucides est réduit de telle sorte que le corps commence à couvrir ses besoins énergétiques non pas à partir du glucose, mais à partir des graisses et des corps cétoniques qui en sont issus et qui servent de substituts au glucose. Le paléo ne met sur la table que ce que les hommes mangeaient déjà à l'âge de pierre, le paléolithique: viande, poisson, fruits de mer, légumes, fruits, graines et noix. L'alimentation low carb renonce également en grande partie aux glucides des pâtisseries, des pâtes, du riz ou des pommes de terre, mais ne va pas aussi loin que le régime Keto.

Ce qu'ils sont censés apporter: dans ce que l'on appelle la cétose (état métabolique), la graisse est éliminée relativement rapidement. Le bilan énergétique dans le cerveau est meilleur, ce qui entraîne par exemple moins de crises chez les patients épileptiques. Le paléo et le low carb sont censés maintenir le taux de glycémie à un niveau constant et éviter les fringales, ce qui est bien sûr aussi utile pour perdre du poids.

Ce que dit l'experte: «L'effet positif de l'alimentation cétogène sur les patients épileptiques est prouvé. Toutefois, ce type d'alimentation doit être prescrit par un médecin et suivi sous un contrôle strict. Celui qui s'alimente ainsi pendant longtemps sans nécessité risque notamment des problèmes digestifs. Les personnes qui ont besoin de la céto comme régime réussissent généralement à perdre du poids, mais lorsqu'elles arrêtent, elles en reprennent tout aussi vite. Dans les régimes paléo et low carb, les glucides sont absents. La diabolisation générale de ces derniers n'est d'aucune utilité et leur renoncement est souvent contre-productif: il n'est pas rare qu'il entraîne un besoin de rattrapage et une envie de sucreries. Si l'on veut faire du bien à son corps, il vaut mieux renoncer à une boisson sucrée qu'à une portion de riz. Par ailleurs, les glucides sont une nourriture importante pour notre cerveau.»

Volume Eating et Clean Eating

Voici les tendances: le Volume Eating met l'accent sur les aliments à fort volume et à faible teneur en calories. Il s'agit surtout de ceux qui contiennent beaucoup d'eau, comme les fruits, les légumes et la salade. Dans le cas du Clean Eating, seuls les aliments les moins transformés possibles sont servis dans l'assiette, donc pas de plats préparés, pas de fast food, et rien qui contienne d'innombrables ingrédients, conservateurs ou liants.

Ce qu'ils sont censés apporter: les nombreuses fibres alimentaires du Volume Eating sont censées être bonnes pour l'intestin. En apportant beaucoup d'eau au corps, le volume élevé donne une sensation de satiété et permet de manger moins de choses malsaines. Le Clean Eating vise à apporter le moins possible de substances nocives au corps.

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On peut aussi se faire plaisir de temps en temps, sinon le plaisir et donc les aspects psychologiques et sociaux de l'alimentation sont négligés
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C'est ce que dit l'experte: «Manger des légumes, bien vendu (rires). Si l'on consomme en même temps des protéines et des glucides, il n'y a rien à redire. Mais attention: on peut aussi consommer un excès de fibres alimentaires. Dans les cas extrêmes, le corps ne peut plus absorber correctement d'autres substances et une malnutrition peut se développer. Il pourrait également y avoir un risque d'obsession qui, dans le pire des cas, aboutirait à une orthorexie, la dépendance convulsive à manger sainement. On peut aussi se faire plaisir de temps en temps, sinon le plaisir et donc les aspects psychologiques et sociaux de l'alimentation sont négligés.»

Beatrice Conrad est l'ancienne présidente de l'Association suisse des diététiciens/iennes (ASDD) et co-auteure du livre «Manger, c'est bon pour la santé ?
Photo: DANIIL

Alimentation méditerranéenne

La tendance à adopter, c'est elle: inspirée de l'alimentation méditerranéenne, cette philosophie mise sur l'équilibre: beaucoup de fruits et de légumes, de légumineuses, de céréales, d'huile d'olive et une quantité modérée de poisson, de viande et de produits laitiers.

Ce qu'elle est censée apporter: contrairement aux autres modes alimentaires, il existe de nombreuses études sur le régime méditerranéen qui attestent par exemple qu'il réduit massivement le risque de maladies cardiovasculaires et le taux de cholestérol. De plus, les chances d'obésité sont beaucoup plus faibles qu'avec d'autres modes d'alimentation.

Ce que dit l'experte: «C'est la seule philosophie alimentaire que je peux recommander à 100 %. Il est scientifiquement prouvé qu'une alimentation mixte et variée, qui n'exclut aucun groupe alimentaire, a des effets positifs sur notre santé. De plus, il ne s'agit pas seulement de nutrition, mais aussi en grande partie de plaisir, ce qui est bon pour la santé mentale.»

Alimentation végétarienne et végétalienne

Voici les tendances: les personnes qui mangent végétarien renoncent à la viande, au poisson et aux fruits de mer. Les végétaliens renoncent à tous les produits d'origine animale, donc aussi aux œufs et aux produits laitiers entre autres.

Ce qu'ils sont censés apporter: dans ces philosophies, les raisons éthiques et écologiques sont souvent au premier plan. Mais les végétariens et végétaliens souffriraient aussi moins de surpoids, d'hypertension et de diabète.

C'est ce que dit l'experte: «On peut avoir une alimentation variée et diversifiée même sans viande. Si l'on intègre suffisamment de protéines sous forme de produits laitiers, d'œufs, de tofu ou de légumineuses, on se nourrit tout à fait sainement. L'alimentation végétalienne ne convient toutefois qu'aux personnes en bonne santé qui s'intéressent de très près à la question. Des nutriments importants comme la vitamine B12 ou l'iode ne sont pas présents dans les plantes ou en quantité insuffisante. Il existe également très peu de plantes qui possèdent tous les éléments protéiques dont notre corps a besoin. Alors que l'œuf, par exemple, nous les fournit tous, les protéines végétales doivent être combinées de manière sophistiquée pour obtenir le même effet. C'est pourquoi je déconseille aux enfants et aux personnes âgées en particulier de mener un mode de vie exclusivement végétalien.»

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