Une priorité en Suisse
Après les tracas, Uber mise sur les véhicules électriques

La plateforme de mobilité Uber a lancé une diversification de ses services en Suisse. Après avoir clos le litige avec le canton de Genève en mars, le californien souhaite tourner la page. Le recours à des véhicules électriques figure parmi les priorités du groupe.
Publié: 29.06.2023 à 10:41 heures
En Suisse, Uber entend continuer de se développer avec de nouveaux services comme Uber Pets, ou encore la commande de véhicule via l'application des transports publics comme en Arabie Saoudite. Cette offre est à l'étude dans les 6 à 12 prochains mois. (KEYSTONE/M. Buholzer)
Photo: MICHAEL BUHOLZER

Après les tracas administratifs, Uber souhaite se tourner vers les véhicules électriques. Genève, Lausanne, Zurich et Bâle servent ainsi de villes pilotes pour l'offre Comfort Electric inaugurée en juin par Uber pour l'activité VTC (véhicule de transport avec chauffeur). «Sur les 50 véhicules acquis par l'entreprise partenaire de transport genevoise MITC Mobility, des Hyundai Ioniq 5 100% électrique roulent déjà, et d'autres arriveront prochainement», explique à AWP Jean-Pascal Aribot, directeur d'Uber Suisse.

Présente en Suisse depuis plus d'une décennie, la société américaine voit depuis deux ans le nombre des véhicules électriques ou hybrides en service sur son application doubler. Une course sur deux est effectuée avec une voiture dite «propre», recense la plateforme.

Au cours du premier trimestre, la part des kilomètres parcourus en véhicules électriques a augmenté de 58% par rapport à la même période en 2022. Cette part sur l'ensemble des kilomètres parcourus via l'application Uber dans toute la Suisse représente 42%. «Bien que la demande s'accroît aujourd'hui, le concept Uber Green n'est pas nouveau. La Suisse faisait partie des premiers pays à le lancer,» rappelle Jean-Pascal Aribot. De janvier à mars, ce service a vu son nombre d'utilisateurs progresser de 20%.

«Un futur plus vert»

Le «oui» à la loi climat lors des votations du 18 juin dernier encourage l'entreprise à poursuivre sur cette voie. «Le résultat marque une volonté claire du pays pour un futur plus vert, mais il faut un plan concret avec des étapes définies», souligne le dirigeant. Uber Eats s'est engagé à supprimer les emballages en plastique, l'objectif étant de rendre «zéro émission» chaque course réalisée pour le compte du groupe d'ici 2040.

«Les obstacles en matière de mobilité durable relèvent des infrastructures. L'objectif primordial est d'avoir un front commun public-privé pour accélérer l'électrification», déclare Jean-Pascal Aribot. Le groupe entend servir d'intermédiaire entre les partenaires, constructeurs, chauffeurs, utilisateurs et autorités, afin de répondre aux besoins. «On pourrait penser à des subventions pour les bornes de chargement mais ces infrastructures dépendent de la ville ou du canton.»

«La Suisse est un pays décentralisé et l'un des rares au sein desquels nous avons développé un modèle d'affaires hybride», souligne Jean-Pascal Aribot. «Tous les chauffeurs sont des professionnels, taxis ou VTC, qui ont le choix de travailler en tant qu'indépendants, sur différentes plateformes, ou avec leur propre clientèle. Ils peuvent postuler et, le cas échéant, être employés par une société de transport tierce, comme MITC Mobility ou Chaskis Rides.»

Selon le dernier sondage mené auprès des chauffeurs utilisant la plateforme, 84% d'entre eux souhaitent rester indépendants. «Seule une minorité serait ouverte à bénéficier de conditions d'employés, mais cette possibilité est maintenant offerte auprès de sociétés de transport tierces», précise le directeur.

Uber semble avoir trouvé la parade face aux délais de livraison dans le secteur automobile. «Parmi nos partenaires internationaux se trouvent Hyundai, Kia ou Tesla aux Etats-Unis. Les véhicules deviennent disponibles dans un temps raisonnable (soit quelques mois) selon la logistique actuelle en Suisse», étaie Jean-Pascal Aribot.

Intérêt des constructeurs

«Pour les chauffeurs, les véhicules électriques sont de plus en plus intéressants car leurs prix baissent. Les constructeurs voient un intérêt à travailler avec des chauffeurs VTC individuels ou des partenaires de flottes, car cela leur donne l'opportunité de lancer de nouveaux véhicules sur le marché avec une visibilité accrue et couvrant différentes gammes de prix.»

En mars dernier, la multinationale a soldé son passif dans le canton de Genève où elle avait été momentanément interdite d'exercer en 2022. Uber a indemnisé plus de 600 chauffeurs qui ont utilisé son application entre octobre 2019 et juin 2022 et mis à jour ses cotisations sociales. Le total des indemnités versées se monte à plus de 3,8 millions de francs. Concernant les cotisations sociales, «l'acompte de 10,7 millions de francs relatif à la part «employés» a été versé dans les délais à la caisse de compensation de Zurich (SVA)», avait indiqué en mars le département de l'économie et de l'emploi (DEE).

Au chapitre des perspectives, Uber Suisse entend continuer de se développer avec de nouveaux services comme celui pour animaux de compagnie Uber Pets lancé en 2021, et d'accélérer les partenariats pour s'approcher du modèle saoudien où la commande de véhicule se fait aussi depuis l'application des transports publics. Cette offre de tickets est à l'étude pour la Suisse dans les 6 à 12 prochains mois.

(ATS)

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