Ils attendaient ce jour avec impatience. Ils ont bravé vent et pluie, monts et vaux. Ils n'auraient dû garder que des beaux souvenirs de leur randonnée à vélo. Pourtant, l’aventure leur laisse un goût amer en bouche.
Depuis leur sortie du 28 juillet 2021, les trois jeunes Uranais sont impliqués dans un bras de fer avec les autorités de la commune de Fiesch (VS). Un combat qui sent la folie bureaucratique
Rembobinons: Ce mercredi d’été, Jannis H.*, Elija M.* et Michael M.* partent d’Uri pour un tour à vélo. La destination se trouve de l’autre côté du col de la Furka, dans le canton du Valais. Lorsque les trois jeunes au début de la vingtaine prennent la route, il pleut à verse.
Ils ont immédiatement obtempéré
Ils arrivent quelques heures plus tard au-dessus de Lax (VS), complètement trempés. Ils décident d’allumer un feu à proximité d’un ruisseau pour se réchauffer et se reposer. Les trois Uranais savent ce qu’ils font puisque deux d’entre eux sont scouts et le troisième est pompier volontaire.
Quelques heures plus tard, deux pompiers du service local arrivent sur les lieux et demandent aux Uranais d’éteindre le feu. Un riverain a aperçu de la fumée et appelé la centrale. Le trio obtempère immédiatement, raconte Jannis H. à Blick.
Ils éteignent les braises à l’aide de leurs bouteilles d’eau. Il ne reste plus rien du feu. Les jeunes hommes laissent alors leurs coordonnées, lèvent le camp et rentrent chez eux. Ils ont le sentiment d’avoir passé une belle journée malgré la pluie.
Dix pompiers à la recherche d’un feu
Le 3 août, c’est une mauvaise surprise qui attend Jannis H. Il reçoit une facture du centre de renfort des sapeurs-pompiers d’Untergoms (VS). L’objet du courrier? «Incendie en dessous de Wasen». Pour l’intervention du 28 juillet, les pompiers exigent 1’281,50 francs du trio, c’est-à-dire le salaire de 10 membres des pompiers à 50 francs l’heure.
Le jeune homme est dubitatif: «Les pompiers auraient donc mis 2 heures et demie pour trouver notre feu. Cela semble exagéré. De plus, en raison de la pluie, il n’y avait guère de risque d’incendie de forêt et aucune mesure préventive n’était en vigueur», explique-t-il à Blick. Il se renseigne donc auprès du canton. Les autorités lui font savoir que les feux ne peuvent être allumés qu’à des endroits prédéfinis ou manifestement sans danger. De plus, chaque feu doit être sous surveillance constante et éteint lors du départ des personnes impliquées.
500 francs pour une lettre
Le 25 août, les Uranais sont convaincus d’avoir respecté la loi et demandent à la commune de Fiesch d’annuler la facture. La commune rejette leur réclamation. Les trois jeunes auraient fait preuve de «négligence grave en allumant un feu à proximité d’une forêt, à un endroit non prévu à cet effet, malgré un risque modéré d’incendie de forêt et une interdiction», peut-on lire dans leur réponse du 30 novembre 2021. En plus de la facture initiale, le trio doit maintenant s’acquitter de 500 francs supplémentaires pour les frais de procédure de la commune. Soit près de 1800 francs au total. La commune de Fiesch se montre clémente sur un point. La lettre souligne que «l’incident ne sera pas signalé au service compétent afin que les jeunes hommes ne fassent pas l’objet d’une plainte et d’une amende supplémentaires de la part du département.»
Jannis H. ne croit pas ses yeux. «La commune de Fiesch a traité notre lettre comme une opposition, alors qu’il s’agissait simplement d’une demande», s’insurge-t-il. Dans son courrier, la commune se réfère à une décision de la présidence du Conseil d’État du Valais datant du 27 août 2021, selon laquelle il est interdit d’allumer des feux à proximité des forêts, sauf dans les foyers prévus à cet effet. «C’est quand même un mois après notre arrivée sur place», souligne le jeune homme.
La loi sera révisée
Interrogée par Blick sur le déroulement de l’affaire, la commune de Fiesch renvoie à un communiqué de presse du canton daté du 27 juillet 2021 – un jour avant que Jannis et ses collègues ne partent à vélo. Le document réitère ce que les Uranais ont déjà entendu de la part du canton et de la commune: Les feux ne sont autorisés que dans des endroits sûrs et définis. La commune de Fiesch ne souhaite pas s’exprimer davantage.
Le canton du Valais affirme que l’article déterminant se trouve dans la loi cantonale sur les forêts. La loi devrait en outre être révisée en janvier. Les feux en forêt ne seront alors autorisés qu’aux endroits officiels – et uniquement si le risque de feu de forêt n’est pas trop élevé.
Jannis H., Elija M. et Michael M. n’ont pas encore payé les factures de la commune de Fiesch. Ils envisagent de porter l’affaire devant la justice.
*Noms connus de la rédaction
(Adaptation par Jessica Chautems)