En matière de pesticides, le fossé entre le camp des écologistes et des partis de droite est pour le moins profond. Mais pour une fois, la conseillère nationale bernoise verte Christine Badertscher et Philipp Matthias Bregy, chef du groupe parlementaire du Centre, tirent sur la même corde.
Tous deux en conviennent: les agriculteurs sont confrontés à un problème. Ceux-ci doivent abandonner les pesticides chimiques de synthèse. Mais quelle est l'alternative? Même les Vert-e-s sont conscients qu'il est impossible de se passer totalement de produits pour lutter contre les parasites ou les champignons. Depuis des années, la Confédération retire l'autorisation de mise sur le marché de beaucoup plus de pesticides que de nouveaux produits moins nocifs pour l'environnement n'arrivent sur le marché. Une situation problématique.
Une longue procédure
Philipp Matthias Bregy et Christine Badertscher veulent donc aider les agriculteurs. Ils demandent qu'à l'avenir, les produits phytosanitaires à faible risque soient autorisés plus rapidement. Tous deux ont déposé une intervention en ce sens au Conseil national.
Problème: une procédure d'autorisation dure actuellement au moins cinq ans, explique Deborah Meier, présidente de l'Association faîtière suisse des fabricants de produits phytosanitaires biologiques (IBMA). Qu'un produit présente un faible risque ou non ne joue aucun rôle, précise-t-elle. Les substances à faible risque sont celles qui, par exemple, ne sont pas cancérigènes, ne présentent pas de toxicité aiguë ou ne sont pas toxiques pour les organismes aquatiques.
Plus rapide, mais pas moins précis
Les deux conseillers nationaux veulent que de telles substances puissent désormais être autorisées au moins provisoirement dans un délai de six mois. Christine Badertscher souligne qu'aller plus vite ne signifie pas être moins exigeant.
Selon Philipp Matthias Bregy, ce sont surtout les produits phytosanitaires bio qui pourraient profiter d'une procédure plus rapide. Deborah Meier cite quelques exemples: certaines bactéries, virus et champignons – «des antagonistes naturels très spécifiques qui sont déjà présents dans l'environnement», explique-t-elle. Au sein de l'Union européenne, certaines de ces substances seraient aujourd'hui déjà autorisées, car les risques sont faibles. Mais des produits chimiques pourraient aussi obtenir ce statut.
Le WWF ouvert à l'idée
La proposition trouve une oreille attentive auprès des organisations environnementales. «En principe, une évaluation rapide des substances actives et des produits à faible risque est judicieuse», estime Eva Wyss, experte en agriculture au WWF. Mais l'intervention ne doit pas conduire à une évaluation négligente et lacunaire. La Confédération doit avoir suffisamment de temps pour délivrer une autorisation, même provisoire.
Le WWF s'oppose donc à la fixation d'un délai concret. A moins que le Parlement ne soit prêt à mettre nettement plus de ressources à la disposition de l'office compétent.
La pomme de discorde: l'homologation des pesticides
L'homologation des pesticides fait depuis longtemps l'objet de discussions dans le monde politique. Il y a six mois, le lobby de la chimie avait tenté de réduire le droit de regard des associations environnementales. Cette tentative a échoué. Les partisans avaient tiré à boulets rouges sur la longueur des procédures d'autorisation, dont les associations étaient responsables par leurs oppositions.
L'un des principaux problèmes est également que les fonctionnaires n'arrivent pas à suivre le rythme. L'année dernière, le Conseil national et le Conseil des Etats avaient approuvé six postes supplémentaires à temps plein pour le traitement des demandes d'autorisation. Alors qu'à la fin de l'année dernière, environ 800 demandes étaient en suspens, il en reste encore 700 aujourd'hui, notamment parce que de nouvelles demandes ne cessent d'arriver.