Depuis l'autorisation du vaccin pédiatrique de Biontech/Pfizer, de nombreux parents se demandent s'ils doivent ou non faire vacciner leur enfant. La commission fédérale Ekif recommande la vaccination «en particulier pour les enfants souffrant de maladies chroniques» ou ceux qui sont «en contact étroit avec des adultes à risque».
Désormais, la vaccination est ouverte à tous les enfants sans distinction. «Tous les parents peuvent faire vacciner leur enfant s'ils le souhaitent», ajoute le pédiatre et président d'Ekif Christoph Berger. Une immunisation au Covid est donc possible dès 5 ans.
Toutefois, cette possibilité ouvre un large débat; et c'est aux parents de peser le pour et le contre. En quoi cette vaccination est-elle bénéfiques? Quels sont les risques, et que faut-il prendre en compte?
Urban Wiesing, directeur de l'Institut d'éthique et d'histoire de la médecine à l'université allemande de Tübingen, est spécialiste de ces questions. Voici ce qu'il rétorque: «Le coronavirus est une maladie hautement infectieuse et dangereuse. Elle relève donc de la sphère publique». Le spécialiste répond aux principales interrogations des parents pour Blick.
Quel est le bénéfice du vaccin sur la santé des enfants?
Il n'est pas très grand. Même si des cas de Covid long ont été décelés parmi eux, ils sont majoritairement asymptomatiques. Les cas graves sont rares.
Risquent-ils des effets secondaires?
Le risque est infime. Depuis que le vaccin Biontech/Pfizer a été autorisé aux États-Unis il y a presque deux mois, environ huit millions d'enfants ont reçu une injection. La dose qui leur est administrée est nettement plus faible. L'effet secondaire le plus fréquent est de ressentir une douleur dans le bras. Toutefois, les effets à long terme ne sont pas encore connus.
Quelle est le bénéfice social d'une vaccination des enfants?
«Il est considérable, répond l'éthicien. Avec le vaccin, les classes ne doivent plus être mis en quarantaine: les cours peuvent être poursuivis. La vie de l'enfant reprend son cours normal, les contacts sociaux sont maintenus».
Quel est le bénéfice sociétal – pour l'intérêt général – d'une vaccination des enfants?
«Le virus cause des décès, des souffrances humaines et des dommages économiques se chiffrant en milliards. Si sa circulation dans les écoles est stoppée, nous en profiterons tous». Selon l'éthicien, c'est justement parce que toute la société profite de la vaccination qu'une immunisation des enfants s'impose.
Mais il précise aussi que si un enfant ne veut pas se faire vacciner, ses parents doivent l'accepter. Dans le cas contraire, ils violeraient ses droits fondamentaux, car la vaccination constitue une atteinte à l'intégrité physique. Les pédiatres soulignent qu'un enfant doit pouvoir évaluer «librement et sans pression» les avantages et les risques pour lui d'une vaccination.
- Discernement et consentement?
Le problème est qu'il est peu probable qu'un enfant de cinq ans en soit capable. L'Office fédéral de la santé publique part du principe que la capacité de discernement existe chez les enfants âgés de dix à quinze ans. Au cas par cas, cela peut être au pédiatre d'avoir le dernier mot pour le bien de l'enfant.
Dans ce contexte, l'attitude sociopolitique des parents commence à jouer un rôle important. La pandémie a pris un tournant politique autour de la question de la vaccination: elle est devenue une lutte politique dans certaines parties de la société.
Nikola Biller-Andorno, directrice de l'Institut d'éthique biomédicale et d'histoire de la médecine à l'université de Zurich, met en garde. Les enfants ne sont pas des instruments: ils ne doivent pas porter de charge morale. Elle plaide plutôt pour des actes mesurés, avec une pesée d'intérêts: «Nous voulons d'une société forte et démocratique, capable de discuter objectivement de problèmes complexes». Il existe toutefois une grande marge d'amélioration et certains manquements doivent être corrigés. La communication scientifique de la Confédération et des universités doit s'améliorer, martèle l'éthicienne médicale.
Tous les faits médicaux ne sont pas ou ne seront pas connus de tous. Actuellement, il faut reconnaître que les fake news se répandent très bien. Hubert Steinke, historien de la médecine à l'université de Berne, constate une «radicalisation de la question de la vaccination». Il craint des conséquences concrètes sur des vaccins pour enfants qui sont déjà largement acceptés: «Nous devons absolument éviter que les vaccins contre les oreillons ou la rougeole soit remis en question par de larges pans de la société. Or, le risque existe actuellement».
En janvier, nous saurons combien de parents se décideront à vacciner leurs enfants. C'est à ce moment-là que débutera la campagne d'immunisation pour cet ultime groupe de la population.
(Adaptation par Lauriane Pipoz)