Un patient Covid en soins intensifs
«Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même»

Les unités de soins intensifs des hôpitaux suisses sont pleines. Du regret des patients non vaccinés à l’épuisement du personnel soignant, visite de l’hôpital Lindenhof à Berne.
Publié: 17.12.2021 à 20:03 heures
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Dernière mise à jour: 18.12.2021 à 18:51 heures
Ce patient Covid lutte pour sa vie dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital Lindenhof de Berne. Il regrette de ne pas s'être fait vacciner.
Photo: SRF Rundschau

Le désespoir se lit dans ses yeux. Un masque à oxygène sur le visage, un patient respire péniblement, allongé dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital Lindenhof de Berne. Il espère survivre au Covid-19. Le Bernois regrette d’en être arrivé là: «Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même si je ne me suis pas fait vacciner. Si je l’avais fait, je ne serais peut-être pas là», confie-t-il dans un reportage de la chaîne alémanique SRF.

Alors que ce patient se bat encore pour sa vie, Richard Wüst y est parvenu. Il a survécu à une infection au coronavirus. Il s’en est fallu d’un cheveu que le senior ne décède. Il est même passé par la case coma. «Je suis très heureux d’être de retour. Je ne savais pas si j’allais m’en remettre», souligne-t-il.

La maladie l’a fortement marqué. Richard Wüst n’est pas du tout en forme. Ses mains tremblent lorsqu’il parle et il semble encore très affaibli. Lui aussi regrette de ne pas avoir reçu le vaccin au préalable. Il n’imaginait pas la dangerosité et la virulence du Covid. Le sexagénaire doit maintenant faire de la rééducation et se battre pour retrouver sa vie d’avant.

En parallèle, les médecins et le personnel soignant sont à bout de souffle. De plus en plus de patients atteints du Covid sont admis et doivent recevoir un traitement. La fatigue commence à se faire sentir. Les heures supplémentaires s’accumulent et certains craquent. L’histoire se répète.

«Nous sommes fatigués»

Il y a un an, on espérait que la vaccination permettrait d’endiguer efficacement la pandémie, raconte Andrea Müller. Une conclusion qui s’est révélée erronée. L’infirmière en soins intensifs à l’hôpital Lindenhof s’occupe principalement de patients Covid non vaccinés: «C’est mon quotidien, ma réalité». Elle est d’autant plus frustrée que les coronasceptiques ne veulent pas croire à l’engorgement des services de soins intensifs et à quel point les médecins et le personnel soignant sont proches de leurs limites.

C’est également le sentiment de Jan Wiegand, directeur de l’unité de soins intensifs du Lindenhofspital. Il est déçu. Il estime qu’on aurait pu éviter la surcharge actuelle des hôpitaux. Les taux de vaccination ne sont pas suffisants, déplore-t-il.

Les médecins et le personnel soignant ne sont plus disposés à sacrifier leur temps libre. «Nous avons moins de personnel, nous sommes fatigués et nous n’aimons plus notre travail», déclare-t-il à dans le reportage de la SRF.

Des unités de soins intensifs occupées à 81%

Depuis le début de la pandémie, les unités de soins intensifs en Suisse n’ont jamais été autant occupées. C’est ce que montre le dernier rapport de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Le taux d’occupation est passé à 81%. En moyenne, 273 patients Covid sont traités dans les unités de soins intensifs suisses, soit 40% des lits disponibles, contre 35% la semaine précédente.

Les décisions de triage ne sont pas encore d’actualité, a fait savoir la Société suisse de médecine intensive (SSMI). Cela ne sera le cas que lorsqu’il n’y aura plus de lits de soins intensifs disponibles au niveau national. Toutefois, dans la majorité des hôpitaux, les opérations et les traitements non urgents doivent déjà être reportés.


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