Un pas franchi à Berne
Le droit de vote à 16 ans doit être introduit en Suisse, selon le National

Le droit de vote à 16 ans doit être introduit en Suisse. Le National n'a pas classé lundi, par 98 voix contre 93, une initiative parlementaire de Sibel Arslan (Vert-e-s/BS), contre l'avis de sa commission. Le sujet divise le Parlement depuis plusieurs années.
Publié: 12.06.2023 à 19:43 heures
Le droit de vote à 16 ans divise le Parlement depuis plusieurs années (image d'illustration).
Photo: Dominic Favre

Après plusieurs allers-retours entre les Chambres, un projet de loi a été mis en consultation. Les résultats montrent que 15 cantons sont contre l'abaissement du droit de vote de 18 à 16 ans au niveau fédéral. Les milieux patronaux consultés résistent aussi à cette proposition, comme l’Union suisse des arts et métiers (Usam) et le Centre patronal.

Les sept cantons à soutenir le projet sont le Jura, Appenzell-Rhodes Extérieures, Berne, Bâle-Ville, Soleure et les Grisons ainsi que Glaris, seul canton à accorder le droit de vote à 16 ans. Dix-sept associations et organisations, dont l'Union syndicale suisse et des mouvements politiques de jeunesse, sont pour.

Face à ce constat, la suite logique est d'abandonner le projet, a estimé Piero Marchesi (UDC/TI) pour la commission. Le co-rapporteur Kurt Fluri (PLR/SO) a rejeté la distinction entre majorités civique et civile, de même que celle entre le droit de vote et celui d'éligibilité.

M. Fluri a encore cité une enquête montrant qu'à Glaris, le taux de participation est inférieur à la moyenne dans cette catégorie. Abaisser l'âge n'aurait donc pas un grand impact sur la participation politique des jeunes. Surtout qu'il n'y a pas besoin du droit de vote à 16 ans pour qu'un jeune s'engage en politique, a complété Andri Silberschmidt (PLR/ZH).

«Rien à perdre, tout à gagner»

Les jeunes sont concernés par les décisions prises, qui touchent leur avenir, a opposé Nadine Masshardt (PS/BE). Il s'agit de renforcer la démocratie, a appuyé Irène Kälin (Vert-e-s/AG). Et de relever que cela rendrait les cours de civisme à l'école obligatoire plus intéressants puisque la théorie pourrait être mise en pratique. «Il n'y a rien à perdre, tout à gagner», a encore lancé l'Argovienne.

La population qui vote devient de plus en plus âgée, a souligné Corina Gredig (PVL/ZH). Il s'agit donc de rééquilibrer la pyramide des âges. Au-delà de leurs partis, quelques élus du Centre et du PLR les ont rejointes. Le dossier retourne en commission.

Parallèlement aux débats, une action organisée par diverses associations militant pour la participation politique des jeunes s'est déroulée sur la Place fédérale.

L'exception glaronnaise

Au niveau cantonal, seul Glaris accorde pour l'instant le droit de vote à 16 ans. Victime de l'exode de ses jeunes, il a choisi en 2007 de leur envoyer un signal pour les inciter à rester au pays.

En février 2020, les citoyens neuchâtelois ont refusé à 58,5% l'abaissement de la majorité civique à 16 ans. En septembre 2021, les citoyens uranais ont refusé d'abaisser le droit de vote à 16 ans. Les Zurichois ont pris la même décision en mai 2022 et les Bernois en septembre dernier.

Sur le plan international, l'Autriche connaît le droit de vote dès 16 ans depuis une dizaine d'années. L'expérience se montre concluante: les jeunes de 16 et 17 ans sont apparemment plus nombreux à voter que les nouveaux électeurs plus âgés.

(ATS)

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