L'Université de Zurich présentait mardi une enquête bouleversante. Elle recense 1002 cas d'abus et confirme l'ampleur tragique des abus sexuels au sein de l'Église catholique depuis le milieu du 20ᵉ siècle.
«Cette étude est extrêmement importante», déclare l'entrepreneur multi-millionnaire Guido Fluri. Le patron basé à Zoug est connu pour avoir lancé en 2014 l'initiative sur les Mesures de coercition à des fins d'assistance, qui visait à demander réparation et reconnaissance pour les enfants placés de force. Il s'est aussi engagé contre la pédocriminalité et dans le domaine de la santé mentale, par le biais de sa Fondation Guido Fluri.
Une aide juridique et psychologique
Le philanthrope de 57 ans va de l'avant et propose une aide pratique. Son don d'un million de francs vise à apporter un soutien juridique aux personnes concernées. Des spécialistes examineront les démarches envisageables. «Si les victimes le souhaitent, nous les accompagnons lors du procès», explique le chef d'entreprise.
Un accompagnement psychologique est également cité. «Nous avons beaucoup d'expérience dans ce domaine», explique l'Alémanique au sujet de sa fondation. Même lorsque aucune action juridique n'est possible, les victimes devraient pouvoir recevoir un soutien psychologique. «Nous avons une équipe qualifiée et nous pouvons nous renforcer en cas de besoin», assure l'homme d'affaires.
Guido Fluri appelle les victimes d'abus sexuels dans le milieu catholique à se manifester. «Personne ne doit être contraint de garder le silence toute sa vie à propos d'une telle injustice», déclare le père de famille.
«Il faut que la société fasse pression»
Le généreux donateur s'étonne de voir de la surprise suite aux révélations récentes sur les abus. En effet, en raison du contexte des enfants placés dans des foyers, on savait depuis longtemps que le nombre de victimes dans l'entourage de l'Église était important.
«En Suisse, il y avait des centaines de foyers gérés par des chrétiens», explique Guido Fluri. Des abus psychiques et physiques ont été commis à de multiples reprises.
Mais il se réjouit néanmoins du débat actuel: «Il faut que la société fasse pression pour qu'il se passe quelque chose.» Un traitement impitoyable est selon lui nécessaire. L'entrepreneur l'a notamment souligné en 2019 lors d'une audience avec le pape François. «Pour redevenir crédible, l'Église doit agir», estime Guido Fluri.
Offre à l'Église catholique
Il voit d'un œil critique le fait que l'Église catholique annonce mettre en place une nouvelle structure de signalement des abus. Pour les victimes, les obstacles à franchir sont élevés, puisqu'il s'agit de s'adresser à l'institution qui a justement rendu possible l'abus.
Un service indépendant serait plus approprié, selon Guido Fluri. Il propose à l'Église que sa fondation prenne officiellement en charge la tâche du bureau de signalement.
Avec son initiative en 2014, la fondation Guido Fluri a provoqué un vaste travail de réflexion sur les mesures de coercition à des fins d'assistance en Suisse. Elle a aussi lancé une contribution financière de solidarité à destination des victimes. Aujourd'hui, plus de 12'500 personnes concernées ont déposé une demande.
Et la fondation continue à s'engager contre la violence envers les enfants. En mars 2022, elle a évacué 160 enfants et leur mère d'Ukraine par avion.
Guido Fluri a commencé comme entrepreneur dans le secteur immobilier. Il est père de trois enfants. Plus jeune, il a lui-même été placé à plusieurs endroits. L'entrepreneur a créé sa fondation en 2010 et la finance de sa propre poche.
