«Un malentendu»
Une écolière fribourgeoise exclue d'un cours pour son voile islamique?

Une publication Facebook choque à Fribourg: jeudi, une écolière a été exclue d'un cours au cycle d'orientation de la Veveyse, à Châtel-Saint-Denis, «à cause de son voile islamique». Et ce, alors que son port est autorisé. Il s'agirait en fait d'un «malentendu».
Publié: 27.03.2023 à 14:58 heures
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Dernière mise à jour: 27.03.2023 à 15:38 heures
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Une image montre l'écolière en question, une pancarte à la main: «L'islamophobie tue», assène-t-elle.
Photo: DR
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Amit JuillardJournaliste Blick

Remous au cycle d'orientation de la Veveyse (COV), à Châtel-Saint-Denis, en pleine période de Ramadan! Selon un post Facebook publié vendredi à la mi-journée, une écolière se serait fait exclure d'un cours le jeudi 23 mars parce qu'elle portait son voile islamique. L'allégation est lourde: «Le directeur a précisé à cette étudiante: 'Toi et ton foulard, vous n’avez pas votre place ici, casse-toi!'», écrit l'utilisatrice, qui révèle avoir fréquenté cette école secondaire fribourgeoise durant trois ans.

Durant cette période, «on m’a toujours reproché mes crop tops (ndlr: t-shirt laissant apparaître le ventre)», détaille-t-elle. Avant d'asséner: «C’est triste que cette école soit si restreinte mentalement parlant, c’est la seule école qui interdit les crop tops, les trainings, qui fixe une longueur pour les jupes et shorts et qui reproche aux élèves de pratiquer leur religion librement.» Et ce, alors qu'il «est écrit dans la loi, que les voiles ainsi que tous les autres signes religieux sont autorisés en Suisse, mais comme dans cette école ils croient être plus fort que la loi, ils se permettent de ce qu’ils veulent».

Une photo montre une jeune femme voilée, mais anonymisée, portant une pancarte écrite à la main, rouge sur blanc: «L'islamophobie tue». Sur une autre image — dépubliée depuis — une quinzaine d'adolescentes et adolescents sont en train de manifester avec leur camarade, slogans à l'appui.

Le post initial, ici reproduit, a été modifié vendredi en fin de journée.
Photo: DR

Sous la publication, un commentaire souligne la laïcité de l'instruction publique. «Porter son voile, c'est une chose, se forcer à vouloir pratiquer 'librement' sa religion à l'école publique en est une autre, tonne cette femme. (...) Soyez honnêtes, vous crieriez au scandale si y avait encore des croix dans vos classes! Ça s'appelle le pied d'égalité.» (sic)

Des allégations changeantes

Vendredi en fin d'après-midi, l'autrice de la dénonciation a modifié ses accusations sur le réseau social. Le nom du directeur a été supprimé et des explications ont été ajoutées. Elle parle désormais d'un «malentendu»: «Malgré un mal entendu qui a eu lieu lors de l’exclusion le jeudi 23 mars, qui a été tentée d’être réglé ce vendredi matin, le directeur ainsi que l’élève ont reconnus leurs faits, même si le directeur a voulu eviter les détails des paroles qu’il a dit» (sic). Elle soutient aussi que l'école lui aurait demandé de supprimer son post et chercherait à couper la chique de son amie — l'élève voilée. «Lorsque les médias ont appris cela et que le COV a été au courant, mon amie a été convoqué, et une sorte de pression lui a été infligé, pour me supplier de supprimer la publication. J’ai eu un entretien avec le directeur, ainsi que un des adjoints et l’élève concernée, mais malheureusement ils essaient de la faire taire» (sic).

Contacté vendredi dans l'après-midi, le Département de la formation de l'Etat de Fribourg a pris position, par écrit, ce lundi vers 14h. «L’accusation est fausse: aucune décision d’exclusion n’a été prise ni envisagée, amorce Marianne Meyer Genilloud. L’accusation résulte d’un malentendu.» La secrétaire générale adjointe développe: «Jeudi dernier, une élève, selon son dossier scolaire de confession réformée, s'est présentée à l’école en portant un voile. Selon le règlement interne à l’établissement, les couvre-chefs doivent être enlevés durant le temps scolaire. Il a donc été demandé à l’élève de retirer son voile. Comme elle a refusé de l’enlever sans donner d’explication, elle a été envoyée en étude, comme cela aurait été le cas si elle avait refusé d’enlever sa casquette.»

Mais ce n'est pas tout: «Elle a ensuite quitté l’école. La direction de l’école a appelé le foyer où elle séjourne pour évoquer la situation puis le père de l’élève. Désormais informée, la direction de l’école a prié le père de l’élève de faire les démarches auprès de la commune de domicile pour annoncer le changement de religion de sa fille si cela était bien son vœu.» Par ailleurs, l'Etat de Fribourg confirme qu'il y a bien eu une «brève» manifestation durant laquelle «une poignée d'élèves» ont protesté.

Vers une plainte pénale?

«Les pratiques de l’école fribourgeoise en matière de diversité religieuse et culturelle sont basées sur des recommandations qui sont en vigueur depuis de nombreuses années», détaille Marianne Meyer Genilloud. Une brochure a d'ailleurs été éditée. «Le port de symboles et de vêtements religieux par les élèves est autorisé pour autant qu’ils n’empêchent pas la bonne communication entre les élèves et l’enseignant-e et ne constituent aucune source de danger, note le texte officiel. Ainsi, l’on peut demander à un-e élève, si nécessaire, pour des raisons de sécurité, d’ôter un vêtement religieux couvrant la tête et le cou pour certaines formes d’enseignement (par exemple: cours de sport).»

L'établissement scolaire et le Canton envisagent-t-ils d'attaquer la personne à l'origine de la publication Facebook? «La question de la plainte n’est pas encore réglée, glisse Marianne Meyer Genilloud. D’une part, l’accusation repose sur un malentendu, car l’école ignorait la conversion de l’élève. D’autre part, l’écho de la publication de Mme [...] est à ce jour modeste. L’essentiel, c’est le retour de la sérénité à l’école.»


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