Un grand sondage le montre
Qu'ils soient de gauche ou de droite, les Suisses rêvent de la semaine de trois jours

Stupéfaction au pays du travail roi! Un grand sondage mené par Sotomo montre qu'une majorité de travailleurs en Suisse aimerait ne travailler que trois jours par semaine. Et ce, quel que soit leur âge, leur sexe ou leur orientation politique.
Publié: 07.02.2023 à 06:15 heures
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Dernière mise à jour: 07.02.2023 à 06:45 heures
Les personnes qui travaillent à temps partiel le font avant tout pour avoir plus de temps libre. Les femmes citent souvent les tâches ménagères comme deuxième raison la plus fréquente pour abaisser leur temps de travail.
Photo: Getty Images
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Sermîn Faki

Calvin nous a mis dans de beaux draps! Le réformateur genevois, l’un des plus importants de l’histoire, est considéré comme «le père» de l’éthique du travail en Suisse: celui qui a créé sa propre richesse de ses propres mains est considéré comme un élu de Dieu, si l’on suit la doctrine.

Manifestement, beaucoup d’entre nous veulent faire partie de ces élus. En Suisse, travailler 42 heures par semaine est considéré comme normal. Cette statistique nous place d’ailleurs en tête des pays d’Europe occidentale en termes de temps de travail hebdomadaire.

Un récent sondage semble toutefois ébranler ces certitudes.

Même des partisans de l’UDC pensent que nous travaillons trop

L’institut Sotomo a interrogé des travailleurs alémaniques et romands. Parmi les sondés, 68% estiment que nous travaillons trop! Seuls 4% pensent, à l’inverse, que nous sommes trop fainéants.

Traditionnellement, plus l’on se trouve à gauche de l’échiquier politique, plus l’on a tendance à conspuer le trop-plein de travail. Il n’est pas étonnant de constater que plus de 80% des électeurs du PS et des Vert-e-s trouvent que nous travaillons trop. Du côté de l’UDC, cependant, la tendance n’est pas diamétralement opposée! Un bon 53% partage des électeurs sondés partagent cet avis.

Une nécessité plus qu’un choix

Pourquoi travaillons-nous autant, alors? Les personnes interrogées tombent assez largement d’accord: parce que nous n’avons pas le choix. Lorsqu’on leur demande combien de temps par semaine elles seraient prêtes à travailler si elles se trouvaient financièrement à l’abri du besoin, ces mêmes personnes répondent en moyenne 59% du temps actuel. Soit l’équivalent de trois jours par semaine.

Des résultats qui montrent bien que le travail est plus qu’un simple gagne-pain aux yeux des Suisses.

Ce temps de travail idéal de trois jours par semaine est partagé par les différentes classes d’âges et les différents sexes présents dans le panel de personnes interrogées par Sotomo. Il existe toutefois de petites différences: les femmes souhaiteraient travailler à 55%, contre 63% chez les hommes.

Contrairement aux dires des plus générations plus âgées, les plus jeunes n’ont pas forcément envie de se la couler douce toute la sainte journée. Ils seraient même plus travailleurs que leurs aînés. Les 18-35 ans aimeraient un taux d’occupation de 62% alors que les 56-65 ans s'accordent en moyenne sur un travail à 53%.

UDC et socialistes parmi les plus paresseux

Le cliché de la gauche alanguie contre une droite qui se démène n’est pas non plus confirmé par ce sondage. Les partisans du PS et de l’UDC sont à égalité avec un taux d’occupation souhaité de 56%. Avec un taux souhaité de 63%, ce sont les partisans du PLR et du Centre qui travailleraient le plus. Dans le monde réel du travail, on constate également que les parents et les couples qui penchent plutôt vers les partis de gauche ne travaillent pas moins que ceux qui sont proches de l’UDC.

Parmi les raisons pour lesquelles on ne travaille pas plus, 48% des femmes travaillant à temps partiel et 40% des hommes travaillant à temps partiel indiquent qu’ils souhaitent avoir plus de temps libre. La nécessité du travail domestique arrive en deuxième position chez les femmes, tandis que les hommes citent la formation et le perfectionnement comme deuxième raison de se dégager du temps en dehors du travail.

Les personnes sans enfants doivent en faire plus

Parallèlement, les Suisses sont conscients qu’en raison du vieillissement de la société et de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, il faudra en réalité travailler davantage. Près de 56% sont d’accord avec cette affirmation.

Mais qui doit le faire? En politique, on vise notamment les mères, avec le mot d’ordre suivant: pouvoir concilier travail et famille. Sauf que la population, elle, voit les choses différemment. Plutôt que d’engager les mères, les sondés estiment à 46% qu’il faudrait que les personnes sans enfants qui travaillent à temps partiel doivent augmenter leur temps de labeur.

Les mères travaillant à temps partiel ne devraient augmenter leur temps de travail que selon 31% des personnes interrogées. De manière générale, les familles sont épargnées par les injonctions à travailler plus: seuls 42% des sondés pensent que les mères et les pères qui ne travaillent pas au-delà du travail domestique devraient trouver un emploi supplémentaire.

Peu de pitié pour ceux qui gagnent bien leur vie

Quant aux réductions de primes et subventions pour les crèches, elles ne devraient profiter qu’aux familles les plus modestes si l’on en croit l’enquête menée par Sotomo. Près de 70% des personnes interrogées estiment que les personnes ayant un bon salaire tout en travaillant à 60% ou moins ne devraient pas bénéficier de ces avantages.

Les sondés vont même plus loin: ces personnes au salaire confortable devraient, si elles ont bénéficié d’une formation longue et coûteuse, devoir rembourser une partie des coûts de celle-ci. Les hommes et les personnes de plus de 60 ans soutiennent particulièrement cette idée.

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