Un forfait à 120 francs!
Pourquoi les prix d'une journée au ski sont-ils si élevés?

Les stations de ski suisses font face à des défis financiers. Malgré l'augmentation des prix des forfaits, de nombreuses remontées mécaniques peinent à équilibrer leur budget. Les coûts d'infrastructure et la baisse de fréquentation compliquent l'équation économique.
Publié: 02.02.2025 à 20:15 heures
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De nombreuses stations de ski ont dû augmenter leurs prix ces dernières années.
Photo: Brig Simplon Tourismus AG
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Robin Wegmüller

Les stations de ski sont en pleine haute saison, et les remontées mécaniques enregistrent des recettes conséquentes, notamment grâce à l'augmentation continue des prix des forfaits. Samedi, à Flims Laax dans les Grisons, le forfait journalier le plus cher s'élevait à 119 francs, illustrant bien cette tendance.

Les skieurs sont depuis longtemps confrontés à cette hausse des tarifs et nombreux sont ceux qui se demandent désormais si une journée sur les pistes en vaut encore la peine. Une question qui concerne aussi les stations elles-mêmes, bien que l’augmentation des prix semble être leur seule option.

En effet, la situation financière est délicate. De nombreuses entreprises de remontées mécaniques frôlent l’équilibre budgétaire. Jürg Stettler, directeur de l'Institut Tourisme et Mobilité à la Haute école de Lucerne, l'explique ainsi: «Le nombre de journées de ski a chuté d'environ 20% ces vingt dernières années. Dans le même temps, les coûts des remontées mécaniques ont fortement augmenté, notamment pour le renouvellement des infrastructures, l’enneigement artificiel et l’entretien des pistes.» Le constat est clair: l'équation économique devient de plus en plus compliquée.

L'infrastructure, un enjeu crucial

De nombreuses stations de ski font face à des défis majeurs lorsqu’il s’agit d’investir dans le renouvellement de leurs infrastructures. Comme l’explique Christian Wyrsch, CEO adjoint des Bergbahnen Lenzerheide: «Une grande partie de nos ressources est consacrée aux remontées mécaniques, à l’enneigement, aux bâtiments et aux dameuses, dont le coût d’acquisition ne cesse d’augmenter. Une nouvelle installation est aujourd’hui bien plus chère qu’il y a 40 ans.»

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Les perspectives de rentabilité sont trop faibles et le risque trop élevé
Jürg Stettler, directeur de l'Institut Tourisme et Mobilité à la Haute école de Lucerne
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Les stations financièrement solides, comme Zermatt ou Arosa Lenzerheide, peuvent encore assumer ces dépenses. Mais pour d’autres, la survie est en jeu. «L’autofinancement atteint vite ses limites», estime l’expert en tourisme Jürg Stettler. «Ces stations doivent alors faire appel à des investisseurs pour financer le renouvellement de leurs infrastructures.»

Comment les remontées mécaniques financent-elles leurs activités?

C’est là que réside le principal défi. Les stations de ski ont en effet peu de possibilités pour augmenter leurs revenus. Le recours aux banques est presque impossible: «Les perspectives de rentabilité sont trop faibles et le risque trop élevé», explique Jürg Stettler. Les crédits bancaires sont donc rarement une option. Une alternative serait le développement des activités estivales, mais «pour les petites stations, cette transition est extrêmement difficile», estime l’expert en tourisme. Elle ne peut pas se faire du jour au lendemain. 

Christian Wyrsch, des remontées mécaniques de Lenzerheide, propose une autre approche: «Il faudrait attirer plus de visiteurs, en dehors des journées de forte affluence, en ciblant notamment une clientèle étrangère.» Toutefois, cette stratégie ne profite guère aux petits domaines, car les touristes internationaux privilégient des stations réputées comme Laax ou Verbier.

De même, les investisseurs (généralement étrangers) sont rarement accueillis à bras ouverts. Certes, dans les grandes destinations comme Crans-Montana VS et Andermatt UR, cela semble fonctionner. Mais ces dernières années, des domaines skiables plus modestes ont à plusieurs reprises envoyé balader les bailleurs de fonds étrangers. Les communes de Saas-Grund et Belalp, par exemple, se sont débarrassées de l'investisseur français Christian Mars.

Il ne reste que deux solutions

De même, les investisseurs (généralement étrangers) sont rarement accueillis à bras ouverts. Certes, dans les grandes destinations comme Crans-Montana VS et Andermatt UR, cela semble fonctionner. Mais ces dernières années, des domaines skiables plus modestes ont à plusieurs reprises envoyé balader les bailleurs de fonds étrangers. Les communes de Saas-Grund et Belalp, par exemple, se sont débarrassées de l'investisseur français Christian Mars.

Face à cette situation, deux options s'offrent aux stations. La première repose sur les skieurs eux-mêmes: «Si les domaines en difficulté veulent survivre, ils n’ont d’autre choix que d’augmenter leurs prix», explique Jürg Stettler. «Mais cela exclura de plus en plus de passionnés de sports d’hiver. C’est une certitude.»

L’autre alternative, tout aussi controversée, est le soutien de l’État. «Doit-on aider financièrement une entreprise privée comme un téléphérique, et si oui, jusqu’où?», interroge Jürg Stettler. L’argument en faveur d’une intervention publique repose sur l’importance économique des remontées mécaniques pour certaines régions. Dans de nombreuses communes, elles constituent un pilier central de l’économie locale.

Mais des aides publiques ont déjà été accordées, que ce soit à de grandes stations comme Laax ou à de plus petites, comme Marbach. Et il est certain que ce besoin d’assistance ne fera que croître. Reste à savoir si les contribuables accepteront d’en assumer la charge. Un débat qui promet de revenir régulièrement sur la table.

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