Le 1er avril, les dernières mesures de protection contre le Covid-19 devraient tomber. Une décision qui devrait appeler à la prudence selon la coprésidente du PS Mattea Meyer. Cette dernière explique met en garde contre les possibles conséquences de ce choix dans une interview accordée à Blick: «Au vu du nombre élevé de cas, je trouverais opportun que le port du masque soit encore obligatoire dans les transports publics. Cela permettrait de protéger les personnes vulnérables.» La socialiste serait également en faveur du maintien de l’obligation d’isolement en cas d’infection.
Mais le conseiller fédéral responsable de la Santé, Alain Berset, ne l'entend pas de cette d’oreille. Les assouplissements vont avoir lieu car plus personne au Conseil fédéral ne veut tirer le frein d’urgence. «Pourquoi le ferait-on?», dit-on dans la Berne fédérale. L’étape d’ouverture a été décidée depuis longtemps, la situation est sous contrôle dans les hôpitaux et le nombre de cas est en baisse. En réalité, il n’y a aucune raison pour que le Conseil fédéral fasse volte-face. En effet, le gouvernement a atteint son objectif principal, à savoir éviter une surcharge du système de santé.
Le Covid à l’ordre du jour de la conférence de mercredi
Et pourtant, la pandémie de coronavirus sera à l’ordre du jour du Conseil fédéral mercredi. Blick le sait: la Confédération se prépare à une éventuelle nouvelle vague d’infections à la fin de l'année. Il s’agit de la planification à moyen et long terme et de la manière dont les compétences et les responsabilités seront désormais réparties entre la Confédération et les cantons. Car en passant de la situation particulière à la situation normale, la Confédération cède à nouveau plus de responsabilités aux cantons. Pour ce faire, le ministre de la Santé socialiste prévoit une nouvelle consultation.
Il est primordial que la Confédération et les cantons «ne dorment pas» à l’automne, comme on le dit dans l’administration fédérale. C’est pourquoi certains points doivent être clarifiés à temps, comme celui de la nécessité ou non d'une deuxième dose de rappel. Presque plus personne ne se fait vacciner dans les cantons, qui ont donc considérablement réduit leur offre.
Cela augmente le risque d’être à nouveau à la traîne en cas d’urgence. Il s’agit donc de veiller à un certain maintien des structures pendant une phase de transition jusqu’au printemps 2023, si l’on doit réagir rapidement. D’ici là, une coordination suffisante entre la Confédération et les cantons reste nécessaire.
Il est essentiel que les cantons puissent, en cas de besoin, augmenter à nouveau et dans un bref délai leurs capacités en personnel et en structures. Depuis l'apaisement de la pandémie, ces dernières ont été réduites. Il ne s’agit pas seulement de vacciner, mais aussi de tester. D’autres conditions-cadres pour les cantons, comme le suivi des infections, sont également à l’ordre du jour. Enfin, les cantons doivent également veiller à ce que les capacités hospitalières soient suffisantes, tandis que la Confédération doit garantir la promotion des médicaments anti-Covid. Un accent sera également mis sur la problématique du Covid long.
Trois scénarios envisagés pour l’automne
Dans son document stratégique de base, Alain Berset prévoit, selon les informations dont Blick dispose, trois scénarios. Le scénario «moyen» est considéré comme le plus probable. Il prévoit une nouvelle augmentation du nombre de cas à l’automne et une pression accrue sur le système de santé.
En outre, on s’attend à une diminution de l’immunité chez certaines parties de la population – par exemple les groupes à risque tels que les personnes âgées ou les personnes déjà malades – de sorte qu’une nouvelle vaccination de rappel sera nécessaire pour ces personnes. Le scénario moyen prévoit en outre une recrudescence de cas graves dans les hôpitaux, le retour de clusters d'infections et un besoin d'informer de nouveau la population.
La Confédération décrit aussi un scénario plus positif, selon lequel la pandémie de Covid-19 s'atténuera encore nettement. Le scénario le plus alarmiste quant à lui, est axé sur un nouveau variant et sur la diminution de la protection vaccinale dans la population en général. Il faudrait alors à nouveau vacciner et administrer des doses de rappel à de larges tranches de la population.
Selon le dernier scénario, la Confédération s’attend à un faible nombre de cas ne posant guère de problèmes, à une augmentation plus forte mais pouvant être maîtrisée, ou encore à une augmentation massive nécessitant de nouvelles mesures. Les travaux préparatoires et les responsabilités sont donc définis différemment dans chaque scénario.
La consultation sur le document est ouverte jusqu’au 22 avril. D’ici début mai au plus tard, Alain Berset devra ensuite présenter au Conseil fédéral un rapport et d’éventuelles propositions.
«Garantir les capacités hospitalières»
Le médecin cantonal en chef Rudolf Hauri indique lui aussi clairement qu’il faut s’armer à temps. «D’après les expériences faites jusqu’à présent, nous devons tout à fait nous attendre à une nouvelle augmentation significative de l’activité virale cet automne», explique-t-il à Blick. Même si les structures sont maintenant démantelées de manière ordonnée, il faut toujours des structures et des équipes centrales qui servent à la préparation de l’automne prochain et qui peuvent être à nouveau renforcées en l’espace de quelques semaines.
Le médecin cantonal en chef renvoie en outre à la loi sur les épidémies. Selon celle dernière, la Confédération est en premier lieu responsable de la surveillance et du suivi, les cantons des mesures. «Selon les recommandations de la Commission fédérale pour les vaccinations, nous devons aussi pouvoir assurer la vaccination à grande échelle en automne», prévoit Rudolf Hauri. «De même, les cantons doivent se préparer à garantir les capacités hospitalières selon chaque scénario.»
Désactivation temporaire de l’application SwissCovid?
Outre la préparation de l’automne, la prise en charge des coûts des tests est également un sujet de préoccupation. Dans l’ensemble, le régime de test actuel – incluant la gratuité des tests – devrait être maintenu. Cependant, la Confédération ne prendra plus en charge les coûts des tests répétitifs dans les écoles à partir d’avril. De même, les coûts des tests pendant des camps dans le domaine de la culture, des loisirs et du sport ne seront plus pris en charge.
Le Conseil fédéral décidera également mercredi de la désactivation temporaire de l’application Swiss Covid à partir du 1er avril. En fonction de l’évolution de la situation épidémiologique au cours de l’hiver 2022/2023, l’exploitation de l’application devrait toutefois pouvoir reprendre rapidement.
(Adaptation par Quentin Durig)