Toutes les femmes à l'armée
«Que va-t-on faire de leurs enfants?»

La Société suisse des officiers veut obliger les femmes à servir dans l'armée alors qu'une initiative pour un «service citoyen» universel se profile. Pour ou contre? Blick fait réagir les conseillères nationales Léonore Porchet (Les Vert.e.s) et Céline Amaudruz (UDC).
Publié: 19.07.2021 à 17:02 heures
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Dernière mise à jour: 19.07.2021 à 18:16 heures
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Amit JuillardJournaliste Blick

Léonore Porchet lève son bouclier. «Les femmes sont déjà discriminées à l’embauche parce qu’elles peuvent avoir des enfants. Si elles étaient astreintes au service militaire, elles seraient encore plus désavantagées», dégaine la conseillère nationale verte vaudoise, contactée par Blick. «D’autre part, poursuit-elle, les femmes s’occupent en majeure partie des tâches ménagères, de l’éducation des enfants et ce sont le plus souvent elles qui gèrent les familles monoparentales: que ferions-nous de tous ces enfants? Je ne pense pas que la Société suisse des officiers (SSO) a réfléchi si loin.»

Dimanche, un militaire suisse semble s’être avancé en terrain miné. «Il est temps que les deux sexes aient les mêmes droits et devoirs dans l’armée», a déclaré Stefan Holenstein, président de la SSO, dans la «NZZ am Sonntag». Motif: «Nous sommes convaincus que l’armée ne peut plus se passer de plus de 50% du potentiel de la société», a-t-il justifié.

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La verte Léonore Porchet vole au secours des employeurs: la Vaudoise ne veut pas envoyer «la totalité de la force vive du pays» sous les drapeaux.
Photo: KEYSTONE/Valentin Flauraud

«Problématique pour les employeurs»

Un argument qui ne tient pas pour l’élue lausannoise, par ailleurs opposée à toute obligation de servir dans l’armée, tant pour les hommes que pour les femmes: «Je ne vois pas pourquoi la totalité de la force vive du pays devrait se rendre sous les drapeaux. Les crises climatiques et sanitaires récentes nous ont montré que ce n’est pas une priorité. Ce serait par ailleurs problématique pour les employeurs.»

Selon la «NZZ am Sonntag», une initiative pour un «service citoyen» universel – qui forcerait hommes et femmes à servir dans l’armée ou dans une organisation de milice – devrait être lancée le 1er août. Le comité d’initiative réunit des politiciennes et politiciens de gauche comme de droite.

Tout pour l'égalité

Céline Amaudruz (UDC) n’en fait pas partie, mais voit l’idée d’un bon œil et prend le contre-pied de Léonore Porchet. «Je suis favorable à ce que les femmes soient astreintes à l'armée ou la protection civile. L'égalité des droits implique selon moi l'égalité des devoirs. Cela devrait également s'appliquer aux permis C, en tout cas pour le service civil.» Selon la conseillère nationale, les femmes ont par ailleurs des compétences à apporter à l'armée de milice, très chère à l'UDC. L'élue bourgeoise nuance toutefois sa prise de position: «Peut-être faudrait-il que la durée de l'engagement des femmes soit déterminée en fonction d'une éventuelle maternité, par exemple. Il ne faudrait pas que le service féminin relève de la double peine».

Céline Amaudruz voit en outre un autre avantage: le CV des femmes pourrait être amélioré par l'obligation de servir. «Une expérience dans l'armée ou la protection civile est très enrichissante et valorisée sur le marché du travail, aussi pour les femmes.» A propos, la Genevoise a-t-elle fait l'armée? «Non, je ne l'ai pas faite, parce que ce n'était pas obligatoire!»


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