Taux de chômage très bas
Les cabinets de recrutement suisses sont obligés d'écumer les services sociaux

Les cabinets de recrutement vivent une situation sans précédent. Dans certains cantons, le faible taux de chômage les pousse à chercher des employés potentiels auprès des services sociaux. Les travailleurs n'ont parfois plus besoin d'être particulièrement qualifiés.
Publié: 27.04.2023 à 19:14 heures
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En Suisse,il y de moins en moins d'insertion professionnelle, comme ici chez Caritas Lucerne. La raison: le faible taux de chômage.
Photo: Philippe Rossier
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Milena Kälin

Il manque partout du personnel qualifié et auxiliaire en Suisse. Même pour les mesures d'intégration au travail, on ne trouve plus assez de personnes, comme le confirment les services sociaux de Suisse alémanique à Blick. «Avant, il n'y avait pas de place pour tout le monde – maintenant, c'est le cas», déclare ainsi un porte-parole de la ville de Berne.

Caritas Lucerne pourrait également employer nettement plus de personnes comme Armando De Sousa. Blick a pu rencontrer ce Portugais de 53 ans placé par les services sociaux.

Dans des cas extrêmes, les cabinets de placement et recrutement vont désormais jusqu'à embaucher directement auprès des services sociaux. Cela s'est déjà produit sporadiquement à Soleure, mais aussi dans la ville de Lucerne, confirme un porte-parole du service social de la ville. Dans le canton, le taux de chômage est particulièrement bas avec seulement 1,3% de personnes sans emploi.

«Je n'ai encore jamais vécu une telle situation»

La situation est similaire dans les agences d'intérim. «Nous essayons d'approcher des gens partout et sommes en contact étroit avec l'ORP et les services sociaux», explique Roman Nadig. Ce dernier dirige le bureau de recrutement Dommen Nadig Personal dans la ville de Lucerne: «Nous avons actuellement 400 postes temporaires que nous ne pouvons pas pourvoir.» En 30 ans de travail dans le placement de personnel, il n'a jamais vécu une telle situation.

Le bureau de recrutement s'est focalisé sur le placement de main-d'œuvre dans le domaine de la construction et de la technique. Des secteurs dans lesquels la situation est particulièrement difficile. Pour Roman Nadig, de nombreuses personnes non qualifiées sont désormais approchées, car les spécialistes font défaut. «Pour les travaux plus simples, ceux-ci ne sont d'ailleurs pas toujours nécessaires», souligne le recruteur.

Parallèlement, les conditions pour les travailleurs ne se sont pas encore améliorées: «Les employeurs ne sont pas prêts à payer plus – ou ne le peuvent même pas.» Avec des marges en baisse, les bureaux de recrutement n'auraient eux non plus de marge de manœuvre.

Une situation qui touche toute la Suisse

Pour le bureau de recrutement Persigo aussi, les prix des placements sont donc restés les mêmes, bien que le travail ait massivement augmenté. «Nous n'avons jamais eu autant de demandes», explique le directeur, Bruno Giger. En moyenne, trouver une personne adéquate demande deux à trois fois plus de travail.

Si le bureau du personnel est moins en contact avec les services sociaux, il l'est d'autant plus avec l'ORP. Plus de 1000 postes vacants se trouvent sur le portail de Persigo: «C'est presque deux fois plus qu'avant la pandémie.» Le service de l'emploi Manpower, actif dans toute la Suisse, remarque lui aussi que la concurrence pour les travailleurs a augmenté.

Pour ces derniers, le marché du travail asséché offre les meilleures perspectives à cet égard. «Les personnes inscrites au placement ont de très bonnes chances de trouver un emploi rapidement», assure-t-on par exemple à l'office social du canton des Grisons. Que l'on soit qualifié ou non.

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