Success stories suisses
Ces quatre start-ups valent des milliards

Elles sont si rares qu'elles sont surnommées les «licornes». Il s'agit de start-ups qui valent plus d'un milliard de dollars américains. Connaissez-vous ces quatre «success stories» suisses?
Publié: 03.06.2022 à 16:14 heures
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Christoph Gebald et Jan Wurzbacher ont fondé Climeworks en 2009.
Photo: Roberto Ceccarelli+41 78 663 00 83
Silvia Tschui

La Suisse est souvent considérée comme un pays d’innovation. Toute une industrie s’est spécialisée dans l’aide aux jeunes chercheurs et scientifiques pour la mise en œuvre de leurs idées, la mise en réseau avec des investisseurs et la création d’une culture de start-up qui permet à la Suisse d’acquérir une renommée internationale. L’année dernière, notre pays s’était d’ailleurs hissé à la première place mondiale d’un classement sur la compétitivité.

Même si certaines start-ups ne dépassent jamais la phase de lancement, d’autres connaissent un succès retentissant: ce sont les fameuses «licornes» (du terme anglais unicorns). C’est ainsi que les initiés désignent les start-ups qui, après une période relativement courte et avant même leur entrée en bourse, sont estimées valoir plus d’un milliard de dollars américains. Les institutions de recherche suisses, en particulier l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) et l’École d’art et de design de Lausanne (ECAL), sont les foyers de telles start-ups.

Voici quatre entreprises suisses qui ont ce statut très convoité de «licorne».

South Pole: l’entreprise active sur six continents

Le bilan de South Pole a de quoi impressionner: 30 bureaux sur six continents, plus de 700 projets réalisés et certifiés dans 50 pays, 170 millions de tonnes de CO₂ économisées ou extraites de l’atmosphère dès 2019, et d’innombrables prix environnementaux.

À l’origine de cette «success story» suisse, cinq diplômés de l’EPFZ: Patrick Bürgi, Thomas Camerata, Renat Heuberger, Ingo Puhl, et Christoph Sutter, qui ont fondé en 2002 le calculateur en ligne de CO₂ «myclimate». Il permet aux personnes individuelles et aux entreprises de calculer précisément leur empreinte écologique, que ce soit pour un vol en avion ou un bilan annuel dans son ensemble. Le site web propose également de compenser les émissions de CO₂ émises par l’utilisation du calculateur en ligne. En d’autres termes, il est possible de payer directement le montant nécessaire pour éliminer de l’air le CO₂ généré. Il est même possible de choisir – en fonction de ses sensibilités environnementales – dans quels projets climatiques l’argent est investi.

Après le succès de «myclimate», les fondateurs ont reconnu le besoin urgent de développer des solutions pour réduire les émissions de CO₂ ainsi que pour capturer et stocker ce dioxyde de carbone présent dans l’air. Qu’il s’agisse de projets de reforestation, de remise en état d’écosystèmes, de solutions de combustion propre pour les fours de cuisson dans les pays africains, de l’exploitation de sources d’énergie géothermique ou tout simplement de possibilités d’investissement dans des projets respectueux du climat, South Pole a développé des solutions dans ce sens.

L’entreprise rencontre un tel succès qu’elle emploie aujourd’hui environ 900 personnes dans 20 pays différents. Ses clients sont des entreprises internationales comme Nestlé ou Chanel, mais aussi des organisations gouvernementales, notamment du Belize, du Vietnam ou de Colombie.

CO₂ transformé en pierre chez Climeworks

Climeworks, une start-up de l’EPFZ fondée en 2009 a été largement médiatisée. Et pour cause: grâce à un système de filtrage développé par ses fondateurs, Christoph Gebald et Jan Wurzbacher, l’entreprise parvient à séparer le CO₂ de l’air, puis à le stocker dans des collecteurs grâce à l’utilisation de différentes technologies.

Une fois le CO₂ stocké, l’entreprise le fournit une sorte d’engrais aux producteurs de légumes ou aux producteurs d’eau minérale pour enrichir l’eau – comme l’entreprise Valser par exemple.

Un autre procédé efficace, développé et utilisé par Climeworks dans une installation en Islande, transforme le CO₂ – mélangé à l’eau – en pierre et le stocke sous terre. La start-up propose également sur son site Internet d’éliminer ses propres émissions de CO₂ de l’air.

À ce jour, Climeworks emploie 150 personnes dans quatre pays et collabore avec des grandes entreprises de renommée internationale, comme Microsoft.

Scandit: des scans rapides comme l’éclair

Un lecteur de code-barres «normal» peut être embêtant: il faut le tenir exactement dans le bon angle pour pouvoir scanner l’article et, la plupart du temps, il émet des bruits («bips») agaçants.

Comment faciliter la lecture des codes-barres? Ou encore d’installer cette fonctionnalité sur les téléphones portables et autres appareils numériques? Telles sont les questions qui ont taraudé Christof Roduner, Samuel Müller et Christian Floerkemeier, fondateurs de Scandit. Créée en 2009, l’entreprise permet de scanner et d’analyser des codes-barres, mais aussi des cartes d’identité ou du texte, beaucoup plus rapidement et beaucoup plus précisément qu’avec des appareils traditionnels, à l’aide de smartphones, de drones et de lunettes intelligentes.

Cela permet à des magasins comme Coop de pouvoir scanner les articles plus rapidement ou à des compagnies aériennes d’accélérer le rythme des contrôles de sécurité.

La liste des clients de l’entreprise est longue: de la Poste suisse aux grands distributeurs japonais, en passant par les géants de la technologie comme Bosch ou les organisations de santé comme le National Health Service (NHS) britannique: tous utilisent les services de l’entreprise zurichoise, qui est désormais présente à Tokyo, Boston, Londres, et qui a été récompensée par de nombreux prix pour ses innovations technologiques.

Getyourguide: l’agence de voyage numérique de poche

Joahannes Reck et Tao Tao ont fait des études différentes. Le premier est biochimiste spécialisé dans la recherche sur le cerveau, tandis que le second a fait des études de physique à l’EPFZ après avoir étudié l’économie aux Pays-Bas.

Malgré leurs différents domaines de connaissances, ils sont saisis par une envie commune en 2008: révolutionner le secteur des agences de voyages. Ils développent le site web et l’application «getyourguide». Plus besoin d’aller dans une agence de voyages spécialisée pour réserver des activités dans le pays de destination. En effet, la plateforme permet aux touristes de filtrer d’innombrables offres dans presque n’importe quel lieu en fonction de leurs propres intérêts et de les réserver directement. L’offre est gratuite pour les voyageurs. Les prestataires d’activités doivent en revanche reverser à la plateforme un pourcentage de la réservation.

Si les débuts ont été difficiles, l’entreprise emploie aujourd’hui plus de 800 personnes à travers le monde.

(Adaptation par Quentin Durig)

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