L'année dernière, les Suisses ont fait des achats en ligne à l'étranger pour pas moins de 2,6 milliards de francs. C'est presque 20% de plus que l'année précédente, comme le montrent les chiffres publiés par l'Association de commerce Swiss. Rien qu'en 2023, ces chiffres avaient déjà augmenté de 10%. En cause, les petits colis en provenance d'Asie.
Temu et Shein ont envoyé plus de 15 millions de colis en Suisse l'année dernière, selon des estimations. Soit 5 millions de plus que l'année précédente. Les géants chinois de la vente en ligne devraient avoir réalisé en Suisse un chiffre d'affaires d'environ 900 millions de francs en 2024.
Concurrence déloyale
Ces plateformes sont souvent sous le feu des critiques, accusées de ne pas respecter la législation suisse. Ces groupes enfreignent en partie la loi contre la concurrence déloyale (LCD), et ne paieraient pas de taxe anticipée de recyclage sur les articles électroniques, comme c'est le cas en Suisse.
L'Association de commerce Swiss va donc envoyer une lettre au Conseil fédéral pour obtenir des réponses. «Temu et Shein ne sont pas Wish. Ils sont venus pour rester», argumente son patron. Il assure ne pas craindre la concurrence, mais soutient qu'elle se doit d'être loyale.
La filiale de Migros, grande gagnante
S'ils aiment bien faire du shopping à l'étranger, les Suisses ne renoncent pas pour autant à leurs boutiques. Pour preuve, le chiffre d'affaires du commerce en ligne suisse est resté stable à 12,3 milliards de francs. C'est Digitec Galaxus qui a connu une nette croissance, avec une hausse de 18%. Le géant orange Migros aurait profité de la disparition de Microspot, la filiale de Coop. Au total, les Suisses ont dépensé 14,9 milliards de francs en ligne l'année dernière, soit 3,5% de plus que l'année précédente.
Grand gagnant: le secteur alimentaire, qui a connu la plus grande progression. En effet, les clients achètent de plus en plus souvent leurs boissons en ligne. Bonne nouvelle également pour le marché de l'électronique. Après une année difficile, le milieu a réussi à se stabiliser.
Les nouvelles ne sont pas aussi réjouissantes du côté du secteur de la mode, minée par une fast fashion étrangère qui propose des prix imbattables. La branche a ainsi enregistré une baisse de 7% pour la deuxième année consécutive.
Sans commerce stationnaire, rien ne va plus
Mais les Suisses aiment faire du shopping de manière hybride – c'est-à-dire en ligne, mais aussi dans les magasins. C'est le cas pour la plupart des produits, comme l'électroménager, les meubles ou les chaussures – sauf pour les lunettes, qui sont plutôt achetées en boutique.
En 2025, le chiffre d'affaires du commerce en ligne devrait encore augmenter entre 4 et 7%. Les auteurs de l'étude s'attendent à ce que les consommateurs retrouvent l'envie d'acheter. La vente directe sur les réseaux sociaux commence peu à peu à émerger, touchant principalement les jeunes. En plus de l'Association de commerce Swiss, Niq, GfK et la Poste Suisse ont également participé à l'étude.