Depuis plus de dix ans, le canton du Valais a entrepris d’assainir son passé industriel. En 2020, le Service de l'environnement (SEN) se voulait confiant quant à l'avancée du canton dans le dossier. Il était notamment parvenu à une planification de l'assainissement de l'ex-décharge de Gamsenried avec Lonza dans le Haut-Valais et une grande majorité des sols fortement pollués au mercure en zone habitée était redevenue propre. «Sauf mauvaise surprise, nous voyons le bout», confiait-il à Keystone-ATS.
La mauvaise surprise porte le nom de PFAS pour substances per- et polyfluoroalkylées. Celles-ci ont été largement utilisées dès les années 70 pour élaborer des produits tels que les mousses d'extinction d'incendie, des cosmétiques, des peintures ou encore des vêtements. Cinq des huit secteurs identifiés présentent une pollution aux PFAS, explique mardi devant la presse le SEN qui a fait le point sur les sites pollués en Valais.
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«Un nouveau défi»
Ces substances, qui représentent un danger pour la santé, ne se dégradent quasiment pas dans l’environnement et dans les organismes vivants. Par le biais de l’irrigation, ces substances se retrouvent également dans les sols et les végétaux. Cette famille de polluants est devenue un thème prédominant dans le domaine des sites contaminés depuis l’abaissement du seuil limite, pour répondre aux normes toxicologiques beaucoup plus sévères, précise le canton.
Plutôt que de mauvaise surprise, la cheffe du SEN Christine Genolet-Leubin parle «d'un nouveau défi» pour son service. Un premier assainissement a déjà eu lieu à Viège, où la pollution des eaux souterraines par des PFAS provient de l'ancienne place d'exercice des pompiers du site chimique de Lonza. Les 60'000 mètres cubes de matériaux pollués ont été traités en Autriche. L'entreprise a supporté tous les coûts, ce qui a permis d'agir rapidement, relève la cheffe de service.
Principe du pollueur-payeur
Les investigations du SEN qui ont suivi cette première découverte à Viège ont montré quatre autres lieux «fortement pollués»: l’aval de l’ancienne raffinerie de Collombey, des places d'exercice des pompiers à Grône et des sites chimiques de Monthey et Evionnaz.
Ces cinq sites font l’objet de mesures d’assainissement ciblées et/ou bénéficient d’un confinement hydraulique, technique qui permet de pomper et nettoyer l'eau. «Des mesures plus importantes sont en cours d’étude pour assainir chacun des sites contaminés à l’origine de ces panaches, soit les étendues de la pollution dans la nappe phréatique», précise Christine Genolet-Leubin.
Les limites maximales de PFAS permises dans l’eau potable et les denrées alimentaires sont actuellement réexaminées par l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires. «Dans ce dossier, nous sommes en avance sur le cadre légal», explique Christine Genolet-Leubin mais l'attendre ne «serait pas responsable». Maintenant que ces pollutions ont été identifiées, il faut agir vite et faire le nécessaire pour que les industries encore actives sur les sites prennent en charge les frais d'assainissement, selon le principe du pollueur-payeur, ajoute la scientifique.
Une génération de nettoyage
Il est difficile d'estimer le temps nécessaire à nettoyer les sites pollués au PFAS, poursuit Yves Degoumois, chef de section sites pollués, sols et eaux souterraines au service de l'environnement. Mais il sera moins long que celui nécessaire à assainir Gamsenried, estimé à toute une génération.
Trois autres pollutions correspondent à l’aval de l’ancienne décharge de Gamsenried (benzidine et mercure) et à deux cas de pollution par du perchloréthylène (un composé organique volatil notamment utilisé pour le nettoyage à sec) en aval de l’ancienne blanchisserie du site industriel de Sierre et de l'ancienne aire Giovanola Frères à Monthey/Collombey.
Dans ce dernier cas, l'entreprise a fait faillite au début des années 2000. Ce sont les collectivités publiques qui devraient participer aux frais d'assainissement conjointement avec le propriétaire des lieux, ici, la commune de Monthey.
1353 sites pollués
Au total, le SEN a inscrit 1353 sites au cadastre des sites pollués, dont 663 ont d'ores et déjà été investigués. Sur ce total, 103 (17 anciennes décharges, 23 aires d'exploitation, 63 buttes pare-balles de stand de tir) sont encore à assainir.
«En Valais, on a à la fois une grande vulnérabilité de la nappe phréatique, car elle est très proche de la surface, raison pour laquelle on met des moyens pour la protéger, et des activités industrielles tout au long de la plaine du Rhône, qui perdurent depuis plus d'un siècle pour certaines», explique aussi Yves Degoumois. La situation n'est «pas alarmante» mais elle doit être suivie de près.
(ATS)