Les sanctions de l’Occident imposées en réaction à l'invasion de l'Ukraine veulent faire plier la Russie. La Suisse s’y est jointe, après quelques hésitations. Mais au fond, que pense la population de cette décision et de ses éventuelles conséquences?
Un sondage représentatif de l’institut de recherche Gallup International apporte désormais des réponses. Les sondeurs ont pris le pouls de la population de nombreux pays européens, membres de l'UE ou non. Un millier de Suisses ont été interrogés et Blick publie les résultats en exclusivité.
Large soutien des Suisses pour les sanctions
Les sondés soutiennent largement les sanctions contre la Russie. Une personne sur deux les considère comme appropriées, 34% souhaiteraient même qu’elles soient encore plus fermes.
En revanche, deux Suisses sur trois craignent pour l’approvisionnement énergétique du pays.
Ils sont tout autant à estimer que la Suisse est trop dépendante des importations de matières premières russes. En effet, près de la moitié du gaz naturel consommé dans notre pays provient de Russie.
Le chiffre est toutefois moins élevé que chez nos voisins allemands, par exemple. Ces derniers sont donc plus préoccupés par la situation: 93% d'entre eux se disent ainsi inquiets face à leur dépendance au gaz russe.
Une alternative serait de passer à davantage de sources d’énergie renouvelables. Une idée qui recueille un soutien sensationnel de 92%.
Le sondage ne demande pas sous quelle forme, quand et à quel prix ce changement devrait avoir lieu. En juin 2021, une courte majorité de la population s’est paradoxalement prononcée contre la loi sur le CO2, craignant une hausse du prix des combustibles et des carburants.
Les effets de la guerre sur l’économie
Si la population suisse soutient clairement les sanctions, 61% craignent des conséquences néfastes pour l’économie du pays. Trois personnes interrogées sur quatre s’attendent à des augmentations de prix et une inflation accrue suite à la guerre en Ukraine.
Escalade du conflit et guerre nucléaire
L'ombre d'un conflit armé plane-t-elle sur la Suisse? Trois personnes interrogées sur quatre craignent que l’invasion de l’Ukraine ne déclenche une guerre mondiale et que la Russie ne fasse usage d’armes nucléaires.
Malgré la neutralité, une personne sur deux craint même que la Confédération ne soit entraînée dans un conflit militaire.
L’Union européenne évoque la création une force militaire commune depuis le début du conflit. Si les citoyens européens interrogés se prononcent à 60% en faveur d’une telle armée européenne, la Suisse, elle, ne paraît pas aussi emballée par l’idée. L'idée convainc 56% des interrogés.
En revanche, les Européens se montrent très critiques à l’égard de l’équipement et de la capacité opérationnelle de leurs armées nationales respectives. Les Allemands, par exemple, récemment secoués par un rapport accablant pour la Bundeswehr, attestant que leurs troupes étaient largement incapables de combattre, ne sont que 22% à considérer leurs forces armées comme suffisamment équipées et performantes.
Les Suisses se montrent plus confiants en la capacité de leur armée, la «meilleure du monde», selon le conseiller fédéral Ueli Maurer. Plus de la moitié des personnes interrogées, soit 58%, croient en sa force militaire.
Un tiers des Suissesses et des Suisses approuveraient en outre une augmentation du budget de la défense. Environ la moitié estime que le budget de l’armée helvétique est suffisant dans son volume actuel.
Réfugiés et accueil
Le conflit en Ukraine a provoqué la plus grande vague de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale en Europe. Selon les chiffres officiels, plus de 15’300 personnes sont arrivées en Suisse en quatre semaines depuis l’Ukraine. Elles ont été accueillies avec solidarité par les Suisses, alors que la politique et les autorités cherchent à réduire la bureaucratie en conférant aux réfugiés le statut S, récemment introduit dans la législation.
Cette grande solidarité se reflète également dans le sondage: plus de la moitié des personnes interrogées, 53%, se prononcent en faveur de l’accueil du plus grand nombre possible de personnes en fuite, et ce de la manière la moins bureaucratique possible.
(Adaptation: Jocelyn Daloz)