Seuls et fiers de l'être
Les célibataires de la Saint-Valentin continuent à subir des préjugés

Plus de 1,5 million de Suisses fêteront cette Saint-Valentin sans partenaires. Malgré l'évolution des mœurs, cette part de la population continue d'être confrontée à des préjugés, tout particulièrement du côté des femmes.
Publié: 14.02.2022 à 06:34 heures
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Dernière mise à jour: 14.02.2022 à 06:47 heures
«Être célibataire, c'est être libre et heureux!», estime Katrin Aberegg.
Photo: Getty Images/Image Source
Katja Richard

Joyeuse Saint-Valentin! Pour les amoureux et les couples, c'est l'occasion de célébrer (ou pas) leur amour avec des cadeaux attentionnés et des petits plats mijotés. Les célibataires se retrouvent laissés pour compte. Près de 1,5 million de Suisses n'ont pas de moitié, et la tendance est à la hausse.

C'est bien plus qu'une minorité, et c'est un mode de vie qui devrait être reconnu — et célébré — au même titre que la relation de couple. Pourtant, les célibataires restent encore stigmatisés, désavantagés et même pris en pitié par une partie de la population. «Malgré tous les progrès, l'idéal de la relation de couple classique continue d'être considérée comme la plus désirable dans notre société. Défini comme la norme, il met sous pression tous ceux qui n'y correspondent pas. Et même ceux qui se sentent bien en tant que célibataires», explique Dania Schiftan, psychologue employée par la plateforme Parship.

Remarques déplacées

Une majorité de la société continue de penser qu'une personne ne peut pas être volontairement célibataire, c'est ce que montre une récente étude de Parship.ch. Bien plus de la moitié des personnes interrogées ressentent la pression de s'engager avec quelqu'un.

De nombreux célibataires sont confrontés à des remarques qui, même si elles partent d'une bonne intention, sont en réalité blessantes et déplacés. «Peut-être es-tu tout simplement trop exigeant?» ou «Je ne comprends pas comment quelqu'un comme toi est encore célibataire.» Autant de phrases que Katrin Aberegg ou Tim Steinmann connaissent bien. Tous deux souhaitent mettre fin aux préjugés sur les personnes qui cheminent seules dans la vie. «Beaucoup de gens pensent qu'on se sent isolé ou malheureux quand on est célibataire, mais ce n'est pas vrai, souligne Katrin Aberegg. On oublie trop souvent les nombreux avantages, comme la liberté et l'indépendance.»

Un mode de vie privilégié

«Des privilèges qu'il n'était pas possibles d'apprécier il y a une génération seulement», rappelle la psychologue. De nos jours, chacun peut vivre comme il l'entend. Et en Suisse, ils sont très nombreux à choisir la vie en solo. Le ménage à une seule personne est de le loin le mode d'habitation le plus répandu. Près de 36% des Suisses vivent seuls, sur 3,8 millions de ménages privés du pays.

Pour les femmes en particulier, il s'agit d'une mode de vie qui était autrefois impensable. Aujourd'hui encore, sans surprise, leur célibat continue d'être jugé de manière plus critique: 77% des sondées l'ont affirmé dans le sondage de Parship. «Nous sommes en retard avec notre temps, glisse Dania Schiftan. Alors que les hommes célibataires sont parfois considérés positivement comme indépendants et libres, les femmes d'un certain âge sont forcément perçues comme compliquées et trop exigeantes».

On oublie que la vie de couple, comme la vie de célibataire, peut connaître une fin, rappelle l'experte. «Au lieu de se précipiter d'une relation à l'autre, il vaut mieux rester seul pour apprendre à se connaître soi-même.» En fin de compte, tout est question de perspective: «On peut tout aussi bien profiter de la vie seul qu'à deux.»

(Adaptation par Jessica Chautems)

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